LONDRES - La police britannique a ouvert une enquête lundi concernant des insultes racistes formulées contre trois joueurs noirs de l'équipe d'Angleterre ayant échoué à marquer lors des tirs au but en finale du championnat européen de football contre l'Italie dimanche.

La Police métropolitaine de Londres a condamné les insultes « inacceptables » visant Marcus Rashford, Jadon Sancho et Bukayo Sako. Elle a ainsi déclenché une enquête pour retrouver les auteurs de publications « offensantes et racistes » sur les réseaux sociaux. Ces réactions ont été publiées tout juste après la victoire de l'Italie aux tirs au but.

L'Association anglaise de football s'est dite consternée par ces « comportements dégoûtants » et a appelé les entreprises derrière les plateformes de réseaux sociaux à agir pour empêcher que ce genre d'insultes « répugnantes » ne s'y retrouvent.

« Nous allons faire tout ce qu'on peut pour soutenir les joueurs affectés tout en faisant pression pour obtenir les sanctions les plus sévères possibles contre toute personne responsable », a promis l'association.

« Nous allons continuer à faire tout en notre pouvoir pour éradiquer la discrimination du sport, mais nous implorons le gouvernement à agir rapidement pour adopter des lois parce que ces insultes ont de réelles conséquences sur la vie des gens », a-t-on ajouté.

Les trois joueurs visés font partie de la jeune équipe anglaise saluée pour sa diversité et sa conscience sociale. Marcus Rashford, par exemple, mène la charge d'une campagne de lutte contre la pauvreté affectant les enfants. Un projet qui a convaincu le gouvernement de rétablir son programme de lunchs gratuits pour des milliers d'enfants défavorisés.

Bien que le premier ministre Boris Johnson ait déclaré que « les responsables de ces insultes consternantes devraient avoir honte d'eux-mêmes », il a lui-même été critiqué pour avoir encouragé les gens à huer l'équipe anglaise parce qu'elle s'agenouille avant ses parties pour dénoncer les injustices raciales.

Le mois dernier, le porte-parole de Boris Johnson a dit être « plus concentré sur l'action que sur les gestes symboliques. » Un commentaire critiqué de toutes parts et interprété comme un appui du premier ministre aux huées. Trois jours plus tard, le porte-parole a changé de ton en disant que le premier ministre « respecte le droit de tout le monde à protester de manière pacifique et de faire savoir ce qu'ils pensent des injustices. »

Il a ajouté qu'il préférait voir les gens encourager l'équipe plutôt que de la huer.

L'entraîneur de l'équipe d'Angleterre, Gareth Southgate, a décrit les insultes contre ses joueurs comme étant impardonnables.

L'ex-joueur du Manchester United devenu analyste pour la télévision, Gary Neville, a dit être nullement surpris de la tournure des événements. Il s'en est d'ailleurs pris directement à Boris Johnson.

« Le premier ministre a dit que c'était correct que la population hue ces joueurs qui tentent de promouvoir l'égalité et d'enrayer le racisme, a-t-il confié à la chaîne Sky News. Tout part d'en haut et donc je ne suis pas étonné de me réveiller et de lire ces manchettes. »

Pour sa part, le Prince William, qui préside l'Association anglaise de football, s'est dit « écoeuré » par les messages racistes contre des joueurs anglais.

« C'est totalement inacceptable que des joueurs aient à endurer ces comportements abominables », a-t-il écrit sur Twitter en ajoutant que « cela doit cesser immédiatement. »

Des propos racistes avaient déjà été dénoncés plus tôt dans le tournoi du championnat européen.

À la suite de plaintes formulées par des organismes antiracisme en France, une enquête avait été ouverte à Paris en lien avec une rafale de messages haineux apparus sur Twitter après la défaite des « Bleus » aux tirs au but contre la Suisse.