MONTRÉAL – Pour une équipe qui n’a mis en réserve qu’une seule victoire à ses neuf derniers matchs, l’Impact s’est maintenu à flot pendant étonnamment longtemps au classement de l’Association Est.

Samedi, l’inévitable s’est produit alors que la défaite aux mains de Toronto FC a fait glisser pour la première fois de la saison la formation montréalaise sous le seuil des équipes provisoirement qualifiées pour les éliminatoires. Avec encore six dates à rayer à son calendrier, Montréal prend l’eau au huitième rang dans l’Est pendant qu’autour, les requins rôdent.

Les raisons d’y croire s’estompent et les optimistes se font de plus en plus rares. Dans la tourmente, Bacary Sagna continuait de marteler son discours d’espoir après l’entraînement de lundi.

« Il faut prendre conscience qu’on a grillé tous nos jokers, disait le vétéran défenseur, qui sonne l’alarme depuis plusieurs semaines déjà. Il nous reste pas mal de matchs, surtout à domicile, et dès mercredi il va falloir changer la donne parce qu’on a la chance de pouvoir le faire. Malgré toutes les déconvenues par lesquelles on est passé, on a toujours la chance de pouvoir confronter nos rivaux directs, donc il faut gagner. »

L’Impact affrontera deux équipes en difficulté cette semaine. D.C. United, qui a perdu ses trois derniers matchs, sera de passage au Stade Saputo samedi. Il y sera devancé mercredi par les Whitecaps de Vancouver, la pire équipe dans l’Ouest.

« C’est le match le plus important de la saison pour nous, identifie l’entraîneur-chef Wilmer Cabrera. Nous respectons Vancouver, mais ça pourrait être n’importe laquelle des 23 autres équipes de la MLS. Nous approcherons chacun de nos derniers matchs comme notre plus important. »

Le règne de Cabrera à la barre de l’Impact s’est amorcé comme celui de son prédécesseur s’était achevé. Le onze montréalais a offert une performance incomplète et frustrante à Toronto, laissant filer une avance d’un but dans les 30 dernières minutes pour finalement s’incliner 2-1.

« On a arrêté de faire ce qu’on faisait bien, a analysé le nouveau stratège. On a bien répondu d’emblée, on était plus agressif et confrontant en milieu de terrain. Mais dès qu’on a marqué, on s’est replié et ça nous a fait mal. On s’est mis à donner trop d’espace et à donner trop souvent le ballon à Toronto. C’est une formule perdante. »

« C’est le mood du moment, a déploré Sagna. C’est le manque d’assurance, de confiance en nous. On s’est peut-être dit, après avoir marqué, qu’on allait pouvoir défendre pendant 30 à 35 minutes. Mais 30-35 minutes c’est long, surtout si on laisse l’espace à une bonne équipe. Ils ont profité de notre manque d’agressivité pour nous mettre en difficulté. »

L’Impact n’aura ni l’excuse de jouer en territoire hostile, ni celle d’affronter un adversaire supérieur sur papier s’il s’effondre de la même façon mercredi. Samedi dernier, les Whitecaps ont concédé 43 tirs au but – vous avez bien lu – aux Earthquakes de San Jose. Leur gardien Maxime Crépeau a égalé un record de la MLS en réalisant 16 arrêts dans une défaite de 3-1.

Il n’y a pas plus prenable que les Whitecaps présentement dans le circuit Garber. Mais l’Impact partage sa médiocrité sans discrimination depuis deux mois et ne peut se permettre de prendre aucun adversaire à la légère.

« C’est une équipe à notre image, compare Sagna. C’est vrai qu’ils ont eu des passages difficiles, mais je les respecte. Ça reste une équipe MLS, une équipe avec des bons joueurs. Ils vont venir ici pour prendre des points. »

Changement devant le filet?

Cabrera s’est porté à la défense d’Evan Bush, lundi, après avoir été questionné au sujet des critiques grandissantes dont fait l’objet le vétéran gardien sur les réseaux sociaux.

Bush n’a pas particulièrement paru sur les deux buts des Torontois et montre un taux d’efficacité de ,551 depuis le début de la saison, le pire parmi les 14 cerbères qui ont affronté au moins 100 tirs cette saison en MLS. Mais plutôt que de lancer la pierre à son gardien, Cabrera a offert une observation intéressante sur les habitudes de jeu de ses coéquipiers.

« Nous faisons quelque chose que je n’aime pas. Je trouve que nous passons davantage le ballon à notre gardien de but que nous le passons vers l’avant pour essayer de marquer des buts », a laissé tomber Cabrera.

« Je crois que ça doit changer parce que lorsqu’on se fie trop sur notre gardien, on lui relaie trop de responsabilités plutôt que de les assumer soi-même. Je veux que nos joueurs prennent davantage leurs responsabilités et qu’ils prennent davantage de risques. À force d’envoyer le ballon vers l’arrière, on ne fait qu’augmenter la pression sur le gardien et attiser la motivation de l’adversaire. Peut-être que si on allège un peu [la charge de travail de Bush], il pourra se concentrer sur ce qu’il fait de mieux, c’est-à-dire arrêter les tirs adverses. »

Cabrera y est toutefois allé d’une déclaration intrigante lorsqu’on lui a demandé s’il considérait offrir un départ à James Pantemis ou Clément Diop dans un match de MLS.

« Je dois considérer toutes les options qui s’offrent à moi. Il faut être ouvert à tous les scénarios dans l’optique d’envoyer sur le terrain les 11 joueurs qui nous donnent les meilleures chances de gagner. C’est ça mon travail présentement. J’ai un staff qui connaît un peu mieux les joueurs que moi et qui m’aide, mais avec maintenant trois entraînements et un match avec cette équipe, j’ai l’impression d’avoir une bonne idée de ce que j’ai sous la main. On verra. Au final, si on gagne, j’aurai choisi un bon alignement et si on perd, j’aurai choisi un mauvais alignement. C’est comme ça dans ce sport. »