MONTRÉAL – Quand arrive le jour de match, les titulaires de l’Impact en arrachent. C’est le constat cru qu’il faut dresser après un mois d’avril désastreux au cours duquel l’équipe a perdu ses quatre matchs et concédé un affreux total de 16 buts.

 

Mais les problèmes du Bleu-blanc-noir dépassent largement les cadres du onze partant, a bien voulu faire comprendre Rémi Garde. De retour de la cuite de 4-1 encaissée à Atlanta, l’entraîneur-chef a lancé un message fort à ses réservistes, un groupe au sein duquel il dit ne pas sentir pas la volonté et le volontariat nécessaires à l’avancement du collectif.

 

« Quand on ne joue pas, quand on est un joueur qui est peu utilisé, le meilleur moyen, c’est l’entraînement, a élaboré Garde après avoir été questionné sur la gestion conservatrice de son banc dans la plus récente défaite des siens. L’entraîneur doit rentrer au vestiaire en se disant : "Merde, si je ne le fais pas jouer, déjà tous les autres ne comprendront pas". Alors voilà, j’attends plus de réponses de ce côté-là. [...] Quand je dis que les joueurs doivent évoluer, ça ne concerne pas uniquement ceux qui ont la chance de jouer pour le moment. C’est aussi à ceux qui ne jouent pas de me mettre dans l’embarras, de ne pas me donner le choix de les faire jouer. »

 

Maintes fois décrié depuis le début de la saison, le manque de profondeur de l’Impact a été brutalement mis en lumière contre Atlanta United FC. Nez à nez avec l’une des meilleures formations de l’Association Est après 70 minutes de jeu, Montréal a vu l’Allemand Kevin Kratz inscrire deux buts sur coup franc après son entrée dans le match pour dénouer l’impasse et éteindre complètement les espoirs des visiteurs.

 

Garde, de son côté, a attendu que son groupe soit en position de déficit pour effectuer ses propres substitutions. Le sort était pratiquement jeté quand Anthony Jackson-Hamel (85e) et Dominic Oduro (90e) ont été envoyés dans la mêlée.

 

Mardi, le stratège montréalais a défendu ses décisions en ciblant le travail effectué en amont par ces deux joueurs, spécifiant d’entrée de jeu que Matteo Mancosu, inutilisé contre Atlanta, n’était « pas 100 % disponible pour ce match ».

 

« [Oduro] n’a pas eu beaucoup de temps de jeu. D’après ce que je vois à l’entraînement – et je peux le dire pour les autres aussi, pour Jackson – ce n’est pas suffisant, très sincèrement, pour que je me dise que c’est quelqu’un, quand je me retourne sur le banc de touche, qui va faire basculer le match. »

 

Jackson-Hamel, qui a sorti de sa coquille en marquant neuf buts et en ajoutant quatre passes décisives la saison dernière, n'a jusqu'ici obtenu qu'une centaine de minutes de jeu sous la férule de Garde. Oduro, qui ne fait ouvertement plus partie des plans du club, a quant à lui récolté cinq petites minutes en deux sorties. 

 

Garde, dont la patience avec ses partants a plus d’une fois été remise en question depuis son arrivée à la barre de l’Impact, admet qu’une utilisation prudente des changements qui sont à sa disposition pendant un match est une partie intrinsèque de sa philosophie. Les substitutions systématiques, une habitude qui avait d’ailleurs été reprochée à certains de ses prédécesseurs, ce n’est pas pour lui. Mais il aimerait aussi qu'on le force à revoir ses principes. 

 

« Quand l’équipe fait bien, comme ce fut notre cas pendant 70 minutes à Atlanta, je ne suis pas certain que changer des joueurs simplement pour changer soit la solution, explique-t-il. Je dois être certain que celui que j’enverrai sur le terrain en donnera plus à l’équipe. Et si vous regardez tous les joueurs que j’ai utilisés depuis que je suis ici, je ne suis pas certain qu’il y en ait un ou deux qui ait réussi à changer un match. Je ne demande pas aux remplaçants de marquer deux ou trois buts chaque fois. Mais j’attends encore de voir quelqu’un afficher ce désir d’aider l’équipe, de prouver que c’était une erreur de le laisser sur le banc. »

 

Le mystère Edwards

 

De tous les joueurs ayant glissé dans les mauvaises grâces de Rémi Garde, Raheem Edwards semble devant la pente la plus abrupte à remonter.

 

Edwards a dégringolé à vitesse « grand V » dans la hiérarchie de l’Impact. Acquis au cours de l’hiver dans la transaction qui a envoyé Laurent Ciman au Los Angeles FC, l’ancien du Toronto FC avait connu un camp d’entraînement encourageant, au point de mériter un poste de titulaire pour le premier match de la saison régulière à Vancouver.Raheem Edwards

 

Depuis, Edwards a pratiquement disparu de la carte. Il n’a vu le terrain que dans deux autres matchs pour un total de 42 minutes et n’a même pas fait le voyage pour les plus récents déplacements à New York et Atlanta.

 

En début de semaine, le confrère Jeremy Filosa du 98,5 FM rapportait qu’Edwards avait eu maille à partir avec les membres du personnel d’entraîneurs, un différend qui expliquait son exclusion des plans de l’équipe.

 

« J’ai une grosse frustration par rapport à Raheem », a confirmé Garde mardi avec une transparence quand même sélective.

 

« Je ne sais pas s’il voudra vous en dire plus, mais avec lui le sujet est différent. Je crois qu’il vient de traverser une période assez difficile qui n’était pas forcément liée au football, si j’ai bien compris. J’espère qu’on va retrouver un Raheem totalement investi dans le groupe. Tout le monde l’aime beaucoup ici, mais je crois aussi que c’est quelqu’un qui a besoin de changer son comportement et de comprendre que le football professionnel, c’est un métier avec des exigences et un comportement adéquat à mettre en face. »

 

Edwards, un international canadien de 22 ans, devait être une pièce importante du projet de reconstruction de l’Impact. L’an dernier, à sa première saison complète en MLS, il avait obtenu un but et six passes décisives en quelque 1000 minutes de jeu avec Toronto. Avec l’Impact, il avait marqué un but de toute beauté dans une défaite de 3-2 à Columbus. ​

 

« Bien évidemment qu’aujourd’hui, on manque la qualité de Raheem, celle que j’ai vue sur les premières semaines avec moi », a convenu Garde sans aller plus loin. ​