Il n’y a pas que les arbitres qui procurent des soucis. Pour l’Impact de Montréal, du moins, il y a les problèmes défensifs aussi. Les trois derniers matchs du onze montréalais ont été particulièrement éprouvants à ce chapitre. La douzaine de buts accordés ne s’explique pas seulement par les expulsions de Saphir Taïder et Victor Cabrera. En bref, le Bleu-blanc-noir concède un trop grand nombre d’occasions claires à l’adversaire. 

 

Certes, les blessures à certains défenseurs et les nombreuses minutes disputées en infériorité numérique n’ont pas aidé la cause de l’Impact, mais la facilité avec laquelle les Revs, les Red Bulls et le LAFC ont frayé leur chemin jusqu’au but d’Evan Bush est assez déconcertante. Sur quoi se concentrer pour mettre fin au carnage? Eh bien, si on pouvait prendre la place d’Aladdin s’adressant au génie (avouez qu'on a besoin d'un peu d'aide), voici trois aspects sur lesquels on souhaiterait voir des améliorations.

 

Gestion des longs ballons

 

La défense montréalaise a souvent été mise en difficulté sur les ballons joués dans son dos par l’adversaire. Plus qu’une simple question de vitesse, le manque de communication entre les membres de la ligne arrière semble être une cause de bien des tourments. En début de saison, une défense remaniée temporairement pouvait excuser la problématique. Si on prend l’exemple du but d’Alphonso Davies à Vancouver, on constate qu’une mésentente entre Raitala et Cabrera au moment où la défense montréalaise aurait dû s’aligner permet à Techera de ne pas être en position de hors-jeu sur la longue passe jouée au-dessus de la tête de Daniel Lovitz. Le Finlandais monte, l’Argentin recule, la défense montréalaise virevolte et Davies en profite pour marquer.

 

Ce problème survient à nouveau lors du match contre les Red Bulls au New Jersey. Un ballon joué en profondeur dans le couloir gauche occupé par Raitala n’est pas couvert à temps par le défenseur central Rudy Camacho, lequel s’est fait aspirer dans l’axe par un premier appel de Valot (no 22). Limité en terme de vitesse, Camacho cherche à anticiper les mouvements adverses, mais il se fait piéger sur la plupart des ballons mis dans le dos des latéraux, ce qui est pourtant l’une de ses responsabilités de couverture dans l’organisation défensive à trois défenseurs centraux.

 

Un autre exemple du même type survient en deuxième demie quand le milieu de terrain totalement désorganisé de l’Impact donne tout le temps du monde aux New-Yorkais de renverser le jeu dans le dos d’une défense montréalaise prise entre deux chaises. Sur la séquence, Camacho décide de reculer puisque le porteur du ballon (Kaku : no 10) a le temps d’ajuster sa passe en profondeur. Ce faisant, il permet toutefois à deux de ses adversaires de ne pas être en position de hors-jeu en plongeant dans le dos de Lovitz et Raitala.

 

Il n’existe malheureusement pas de remède miracle à la situation. D’une part, monter la ligne arrière pour provoquer plus de hors-jeux est un pari risqué. De l’autre, reculer pour garder l’adversaire devant soi permet aux rivaux de contrôler le jeu en plus d’augmenter la distance à franchir vers l’autre but une fois le ballon récupéré. Enfin, il faut aussi considérer la qualité du pressing de la part du milieu de terrain montréalais, lequel est inconstant et n’embête pas suffisamment l’adversaire dans bien des situations qui mènent à des longs ballons. On aura beau cibler les défenseurs, tout le collectif doit faire sa part. 

 

Duels perdus et vitesse de réaction

 

Autre tendance remarquée pour les mauvaises raisons: les duels physiques perdus par des défenseurs montréalais face à des attaquants. Question de faire le pont entre le problème des longs ballons et cette nouvelle catégorie, prenons l’exemple du premier but accordé à la Nouvelle-Angleterre. En l’occurrence, on retrouve une passe en profondeur qui surprend Victor Cabrera tandis que son vis-à-vis Teal Bunbury se donne un bras de distance au moment où le défenseur argentin tente en vain de toucher le ballon de la tête.

 

Même si les contacts sont dangereux quand un arrière doit intervenir dans sa propre surface de réparation, la tâche est beaucoup trop facile pour Bunbury sur la séquence. Autrement dit, Cabrera aurait mieux fait de renoncer à tenter l’interception pour plutôt se servir de son physique afin d’ennuyer l’attaquant au moment du contrôle et ainsi reprendre une position qui bloque sa route vers le filet.

 

Pour ce qui est de la vitesse de réaction, difficile de faire plus « attentiste » que sur le deuxième but accordé au Los Angeles FC lors du dernier match au Stade Saputo. Sur la séquence vidéo, on ne compte pas moins de six situations de ballons contestés gagnés par des joueurs du LAFC, le tout se concluant par un centre de Carlos Vela recoupé par Ureña au moment où Camacho pense pouvoir dégager. Ureña remet ensuite Feilhaber qui marque de l’intérieur du pied. Quand Rémi Garde parle d'attitude, on peut supposer qu'il souhaiterait ici voir des joueurs beaucoup plus alertes. 

 

Et si jamais vous insistez pour trouver un autre exemple d’une équipe qui joue un peu trop sur les talons, je vous invite à revisiter le troisième but marqué par les Red Bulls lors du match de la semaine précédente. Je ne mets pas le lien. Si vous tenez à ce point-là à vous torturer, je me dis que vous trouverez bien…

 

Jeux arrêtés

 

La situation est sans doute moins critique à ce chapitre qu’elle ne l’a déjà été. Mais on recense à nouveau des situations où le Bleu-blanc-noir paraît vulnérable sur corners. Si le but contre son camp de Jukka Raitala face au LAFC est un geste involontaire, il survient en désespoir de cause après de nombreuses erreurs de marquage dans le camp montréalais. Sur le coup de pied de coin tiré par Carlos Vela, on peut d’ailleurs voir le défenseur finlandais perdre la trace de Laurent Ciman tandis qu’Alejandro Silva laisse Latif Blessing échapper à sa surveillance. Étant déjà dominé par ses rivaux quand la vitesse du jeu est élevée, l’Impact doit montrer plus de ténacité quand on a la chance de s’organiser comme c’est le cas sur chaque phase arrêtée. 

 

Dans la même veine, on pourrait aussi citer en exemple le quatrième but marqué par la Nouvelle-Angleterre au moment où le gardien Evan Bush commet une erreur de jugement sur la trajectoire du ballon. Bien que l’issue du match n’était plus en suspens, on remarquera le relâchement dans le marquage de Cabrera et Rod Fanni alors que deux joueurs du Revolution se retrouvent complètement seuls au deuxième poteau

 

En attendant d’affronter Atlanta, ce n’est donc pas le travail qui manque pour Rémi Garde. Au-delà des problèmes à corriger et des absences à combler, les choix tactiques pouvant aider à colmater des brèches dans le secteur défensif sont à considérer, d’autant plus que l’entraîneur voudra sans doute conserver un de ses trois voeux pour retrouver un Rod Fanni en santé…