Sur les 32 pays qualifiés à la Coupe du monde, vingt étaient de l’édition précédente, ce qui en fait dix qui reviennent à l’événement puisque deux qui y sont pour la première fois. Continuons dans la statistique. Quatre des cinq pays africains font un retour, on en a parlé la semaine dernière. Il nous reste donc six autres récidivistes, soit trois de l’édition 2006, deux de celle de 2010 et un qui nous revient de la Coupe du monde 1982, tenue en Espagne, le Pérou.

Le Pérou enfin

Une absence de 36 ans, c’est long pour un pays qui était là à la première édition, en 1930, mais qui aura dû attendre 40 ans pour sa 2e participation en 1970, avant d’enfiler deux présences consécutives quelques années plus tard, en 1978 et 1982. Au classement FIFA, le Pérou fait plutôt belle figure avec une 11e place, devançant l’Angleterre, le Mexique, la Croatie, les Pays-Bas et l’Italie pour ne nommer que ceux-là.

Il a terminé 5e des qualifications de l’Amérique du Sud, devant ainsi passer par un barrage contre la Nouvelle-Zélande pour gagner sa place en Coupe du Monde, ce qu’il a fait par des scores de 0-0 et 2-0. Le Pérou a eu ses vedettes, la plus reconnue étant sans aucun doute Teofilo Cubillas, surnommé « El Nene » qui était des éditions '70 et '78 y marquant 5 buts à chaque fois, et de 82, sans compter cette fois. Mais le joueur phare de l’heure risque fort de ne pas être de l’aventure en Russie. Pablo Guerrero, le capitaine de la sélection, celui qui aura été porteur de la qualification tant attendue de son pays, a été testé positif à un dérivé de la cocaïne et sa suspension de six mois a été majorée à 14 par le tribunal d’arbitrage du sport (TAS), ce qui lui ferait rater la coupe du monde. Le pays va en appel bien sûr, espérant lever la sanction à temps pour ramener le joueur talisman dans les rangs de l’équipe. Même le président du pays, Martin Vazcarra, s’en est mêlé, apportant un soutien indéfectible à Guerrero qui jure son innocence. Mais pour l’instant, Guerrero risque de briller par son absence et n’est pas de la liste provisoire de 24 joueurs remise par l’entraîneur Ricardo Alberto Gareca.

Le Pérou n’en sera pas moins dangereux pour autant. Gareca a su bricoler une défense efficace, sans aucun joueur basé en Europe, et en faire l’une des plus solides en Amérique du sud. Si beaucoup des joueurs péruviens évoluent justement en Amérique du Sud et au Mexique, il faudra compter sur l’expérience russe de Jefferson Farfan qui évolue avec le Lokomotiv Mouscou. Mentionnons aussi Cristian Cueva (Sao Paolo, Brésil), Renato Tapia, (Feyenoord, PB) et Pablo Hurtado, auteur de 11 buts en 25 matchs avec Vitoria Guimares en Liga Nos. Il faudra que l’Australie, la France et le Danemark se méfient de cette équipe capable de presser haut devant un adversaire qui recule ou de fermer derrière et frustrer une équipe plus puissante comme la France.

Des revenants de 2006

Des formations qui reviennent de 2006, soit l’Arabie Saoudite, la Pologne et la Suède, ces deux dernières se feront remarquer l’une par la présence de sa star et l’autre par…son absence! Les espoirs de ramener la gloire des années 70 quand la Pologne a participé à quatre Coupes du monde consécutives, à l’époque de Grzegorz Lato et Zbigniew Boniek, terminant 3e en 1974 et 1982 reposent sur les épaules de Robert Lewandowski. Il a connu une qualification remarquable en comptant 16 buts en 10 matches, un record européen de qualifications, et a pesé lourd dans la position de tête de son groupe occupée par son pays.  Une grande partie du mérite des succès polonais revient à l’entraîneur Adam Nawalka qui a pris en charge une équipe qui occupait le 69e rang du classement de la FIFA en 2013 pour l’amener aujourd’hui au 10e rang de ce même classement. Lui-même porte-couleur de la sélection dans ses années glorieuses il a su former une équipe avec beaucoup de cohésion. Le géant Kamil Glik verrouille la défense centrale tout en étant habile à la relance sur les ailes. Monaco lui doit une part de son succès de 2017. Les vétérans Blaszczykowski, Grosicki et Krychowiak apporteront une certaine stabilité à l’équipe et les jeunes Piotr Zielinski, milieu de terrain qui a fait tous les matches de qualification, et son coéquipier à Naples Arkadiusz Milik, donneront un nouveau souffle à une équipe qui joue actuellement en confiance.

Même quand il n’est pas là, il fait parler de lui! Zlatan Ibrahimovich, qui a quitté la sélection après la décevante campagne à l’Euro 2016, ne sera pas de cette Coupe du monde, malgré sa déclaration fracassante « ce ne sera pas une Coupe du monde sans moi. » Eh bien il semble bien que la terre peut quand même continuer de tourner… La Suède s’est qualifiée sans Ibra, et a développé un jeu plus collectif qui ne repose plus que sur les éclats d’un seul joueur. Mais ce ne sera peut-être pas suffisant et l’exploit de la Suède à cette Coupe du monde risque bien de se limiter à l’éviction de l’Italie en matches de barrage.

L’Arabie Saoudite en sera à sa 5e participation, après une éclipse de deux éditions qui faisait suite à quatre qualifications consécutives. Elle s’était rendue en ronde des 16 à sa première présence en 1994, mais ce serait étonnant qu’elle réédite l’exploit. Contrairement à bien des « petites » équipes, elle est joueuse, aime attaquer et prendre le ballon. Mais elle devient alors bien vulnérable derrière. Formée essentiellement de joueurs issus des deux meilleures équipes du championnat domestique, l’Arabie Saousite a voulu donner la chance à neuf de ses joueurs d’aller chercher un peu d’expérience en signant des prêts à court terme avec l’Espagne dont les équipes n’avaient pas à payer le salaire des dits joueurs. Mais ça ne venait pas avec une garantie de temps de jeu… Vous devinez la suite. Juan Antonio Pizzi, celui-là même qui a démissionné après avoir failli à qualifier le Chili, est à la tête de l’équipe depuis novembre dernier. Un troisième entraîneur en quelques mois.

Et ceux de 2010

Une seule fois lors de ses quatre qualifications, le Danemark n’est pas sorti de la phase de groupe. Et c’était en 2010. Le Danemark a raté deux des trois dernières Coupes du Monde et deux des trois derniers Euros. Ce serait le moment, pour les Dynamites danoises, de retrouver une étincelle. Le problème, c’est que tout tourne autour d’un seul joueur, Christian Eriksen (Tottenham) qui les a d’ailleurs propulsées en Coupe du Monde grâce à son tour du chapeau en barrage contre l’Irlande. Il y a bien Kasper Schmeichel dans les buts, gardien numéro un de Leicester city, Yussuf Poulsen (Leipzig) et le capitaine Simon Kjaer (Séville) qui pourraient se distinguer, mais tout se jouera sur le premier match contre le Pérou. Une victoire pour l’un des deux voudrait probablement dire une qualification pour la phase suivante.

Enfin la Serbie, (anciennement Yougoslavie et Serbie-Montenegro), a quelques joueurs bien connus comme Aleksandar Kolarov, qui fait aujourd’hui carrière avec la Roma après sept ans à Manchester city, Nemanja Matic, de Manchester United et Bradislav Ivanovic qui joue en Russie depuis l’an dernier avec le Zénith St-Petersbourg, lui aussi après un long passage de 9 ans à Chelsea. Mais l’équipe est menée par un entraîneur à la feuille de route un peu mince, si on fait exception de ses 59 sélections à titre de joueur sur l’équipe nationale. En poste depuis octobre dernier, Malden Krstajic connait bien son équipe et son pays, mais il n’en est tout de même qu’à ses débuts en tant que sélectionneur.  Le vol des Aigles blancs risque d’être de courte durée dans un groupe qui compte le Brésil, le Costa Rica et la Suisse.

Des retours attendus, des retours espérés, mais des retours qui risquent d’être des allers simples pour certains.