Dans un grand classique du soccer mondial, l'Allemagne et l'Angleterre se sont neutralisées mardi à Munich (1-1), à l'issue d'un match intense et souvent spectaculaire de Ligue des Nations où Harry Kane a marqué son 50e but en sélection.

Pour l'Angleterre, ce but de Kane sur penalty à la 87e minute, répondant à l'ouverture du score de Jonas Hofmann (51e), évitera une délicate gueule de bois.

Samedi, la Hongrie avait mis fin à une série record de 22 matchs sans défaite dans le temps réglementaire des Trois Lions, et une deuxième défaite consécutive aurait inévitablement été mal vécue.

L'Allemagne, pour sa part, reste invaincue en 11 matchs depuis l'arrivée de Hansi Flick sur le banc après l'Euro. Mais la Mannschaft, qui a battu huit équipes de seconde zone, reste aussi sur trois nuls 1-1 consécutifs contre de grandes nations de soccer, les Pays-Bas, l'Italie et donc l'Angleterre.

Flick, au coup de sifflet final, était rayonnant : « Nous avons fait un beau match, mais nous ne sommes pas récompensés. On aurait pu mettre un autre but. Mais la manière dont nous avons joué, c'est ce que nous voulons: prendre des risques, être créatifs, mettre l'adversaire sous pression », a-t-il dit.

Extra-terrestre

Son homologue Gareth Southgate était tout aussi positif : « C'était un match de très haut niveau, c'était un très gros défi pour nous de venir jouer en Allemagne. Nous avons montré du caractère, nous sommes restés dans le match, nous avons pressé les Allemands. Je suis largement satisfait de notre performance », a-t-il lâché.

Si le score est resté étriqué, c'est en grande partie à cause des exploits des deux gardiens, Jordan Pickford pour l'Angleterre et Manuel Neuer, auteur de deux parades d'extra-terrestre pour l'Allemagne devant Bukayo Saka (45e+3) puis Harry Kane (76e).

Par rapport à l'équipe qui avait piétiné contre l'Italie (1-1), Flick avait remplacé sept joueurs, dont les stars de l'attaque Serge Gnabry et Timo Werner. Southgate avait procédé à cinq changements après la défaite à Budapest (1-0), en titularisant notamment Raheem Sterling et en laissant Trent Alexander-Arnold sur le banc.

Les deux formations avaient clairement l'obligation de se racheter après leurs faux-pas de samedi. Pour les Allemands, il s'agissait de faire preuve de caractère, en remettant du combat et de l'intensité dans leur jeu.

Les Anglais, eux, devaient prouver que leur défaite de Budapest n'était qu'un accident.

Histoire de gardiens

La partie a débuté à cent à l'heure, avec un tir de Kai Havertz stoppé par Jordan Pickford dès la première minute, et une réponse de Harry Kane, cette fois arrêtée par Manuel Neuer, cinq minutes plus tard.

Le ton était donné, et le rythme n'a jamais baissé. À la 24e minute, Jonas Hofmann lancé en profondeur a trompé une première fois le gardien anglais, mais la VAR l'a rattrapé in extremis, à la limite du hors-jeu, pour annuler le but.

Hofmann, déniché par le sélectionneur Hansi Flick au Borussia Mönchengladbach, a finalement débloqué le compteur à la 51e minute. Bien servi dos au but dans la surface par Joshua Kimmich, il a pivoté et battu Pickford d'un tir tendu (1-0).

La suite a encore été une histoire de gardiens. Neuer a sauvé son camp deux fois au moins, mais Pickford s'est montré à la hauteur, en décourageant successivement Thomas Müller (70e) et Timo Werner (75e), entré comme joker.

Une faute de Nico Schlotterbeck dans la surface sur Harry Kane, confirmée par la VAR en toute fin de match, a offert au génial anglais l'occasion d'arracher un nul, qui reflète finalement plutôt honnêtement la physionomie de la partie.

L'Italie retrouve ses couleurs

L'Italie a retrouvé des couleurs et un enthousiasme nouveau pour dominer la Hongrie (2-1), prenant la tête du groupe après son nul initial contre l'Allemagne.

« Il fallait une victoire pour bien repartir », a savouré Gianluigi Donnarumma, capitaine de cette Nazionale séduisante comme rarement depuis l'Euro et victorieuse grâce à des buts de Nicolo Barella (30e) et Lorenzo Pellegrini (45e).

Le soutien en tribunes du Premier ministre hongrois Viktor Orban et d'une bruyante colonie de supporters n'a pas suffi aux Magyars pour confirmer leur victoire initiale surprise contre l'Angleterre (1-0).

L'entraîneur italien de la Hongrie Marco Rossi, ex-partenaire du sélectionneur azzurro Roberto Mancini dans les années 1990 à la Sampdoria, avait pourtant reconduit une équipe quasi-identique, avec pour seul changement le gardien Dénes Dibusz.

Ce dernier a d'abord sorti une tête de Gianluca Mancini (21e) mais n'a rien pu sur la superbe frappe en lucarne de Barella (30e).

Ce but a récompensé la belle entrée en matière d'Italiens ayant retrouvé cette fraîcheur qui leur avait permis de briller à l'Euro, évanouie ensuite lors des désastreuses qualifications pour le Mondial-2022.

Comme contre l'Allemagne (1-1) samedi, Roberto Mancini a continué d'ouvrir les portes en offrant sa première titularisation à Wilfried Gnonto, 18 ans, trois jours après son entrée tonique contre la Mannschaft.

L'attaquant du FC Zürich a été titularisé à gauche d'un trident offensif de poche, avec Giacomo Raspadori et Matteo Politano, à l'avant d'un onze reposant sur un solide noyau de la Roma (Mancini, Cristante, Spinazzola et Pellegrini).

Alliage gagnant puisque la Nazionale a fait le break avant la pause. Pellegrini, trop altruiste deux minutes plus tôt seul devant le but, s'est rattrapé en concluant un centre en retrait de Politano (45e).

L'Italie a été moins brillante en seconde période, rattrapée par le manque d'efficacité qui lui a coûté sa place au Mondial, la malchance (barre de Politano, 55e), et la fatigue.

Gianluca Mancini s'est chargé de ranimer les espoirs hongrois en détournant dans ses filets un centre de Attila Fiola (60e). Mais c'était sans doute le seul moyen de battre Gianluigi Donnarumma, qui semble avoir retrouvé lui aussi sa confiance avec un match impeccable malgré un doigt blessé, notamment devant le remuant Roland Sallai (26e, 53e, 69e).

« Il y avait ce besoin de repartir avec ces jeunes joueurs qui sont arrivés, qui se sont mis à disposition, avec le bon esprit », a salué le capitaine.

Il sait que cette victoire convaincante ne remettra pas l'Italie dans l'avion pour le Qatar, mais elle lui regonfle le moral avant d'aller défier samedi, en leader, une Angleterre revancharde un an après la finale de l'Euro.