VIENNE (AFP) - L'alpiniste et écrivain autrichien Heinrich Harrer, premier à avoir gravi la face nord de l'Eiger (Alpes suisses) et ami du dalaï lama, est mort samedi à l'âge de 94 ans, a annoncé sa famille.

Il "s'est lancé, avec beaucoup de calme, dans sa dernière expédition", selon un communiqué.

Heinrich Harrer est décédé à l'hôpital de Friesach (Carinthie, sud de l'Autriche), où il avait été admis jeudi.

Né en 1912 à Knappenberg (Carinthie), Heinrich Harrer était entré dans l'histoire de l'alpinisme le 24 juillet 1938 en accomplissant la première ascension des 2.000 m de la paroi nord de l'Eiger, en compagnie d'un autre alpiniste autrichien et de deux alpinistes allemands.

Heinrich Harrer, dont l'ouvrage autobiographique "Sept ans au Tibet" a été porté à l'écran par Jean-Jacques Annaud, était connu pour son amitié avec le dalaï lama, auquel il avait servi de professeur dans les années 1940.

A la fin des années 1990, il avait confirmé qu'il avait dans sa jeunesse appartenu au parti nazi ainsi qu'à la SS.

Intégré en 1939 à une expédition de l'Allemagne nazie pour tenter de vaincre le Nanga Parbat (8.114 m) dans le Cachemire, Heinrich Harrer avait été arrêté par les Britanniques, quelques jours après le début de la Seconde guerre mondiale.

Son évasion en avril 1944 ouvre l'une des pages les plus rocambolesques de l'alpinisme: en compagnie de son chef d'expédition, l'Autrichien Peter Aufschnaiter, Heinrich Harrer parcourt plus de 2.000 km à pied à travers l'Himalaya, franchissant en 21 mois quelque 50 cols de plus de 5.000 m avant d'atteindre en janvier 1945 son but, la "ville interdite" de Lhassa, capitale du Tibet alors indépendant.

Heinrich Harrer, qui avait consacré sa captivité à l'apprentissage du tibétain mais aussi de l'hindoustani et du japonais, devait rester au Tibet jusqu'en 1951, où il devait se lier d'amitié avec le jeune dalaï lama.

Celui-ci devait lui rendre visite à deux reprises en Carinthie, pour ses 80e et 90e anniversaires en 1992 et 2002.

Heinrich Harrer, qui a été décoré de la médaille de la "Lumière de la Vérité" du gouvernement tibétain en exil, devait poser en mai dans sa commune la première pierre d'un Centre européen du Tibet.

"Avec Heinrich Harrer, l'alpinisme perd une personalité de premier plan", a déclaré le chancelier autrichien Wolfgang Schüssel.