Angelo Esposito, Adam Van Koeverden, Sylvie Fréchette et Lyne Bessette. Ce ne sont que quatre des personnalités du monde du sport qui ont décidé de faire le saut dans l’arène politique pour les présentes élections fédérales. 
 

Ils s’inscrivent dans une tendance observée depuis quelque temps, que ce soit avec Ken Dryden qui a été député pour le Parti libéral de 2004 à 2011, ou encore Isabelle Charest, ministre déléguée à l’Éducation au sein du gouvernement caquiste. 
 

Un mouvement qui n’est peut-être pas encore suffisant selon Fréchette.

 

 « J’espère qu’on va voir de plus en plus d’athlètes qui vont décider de s’en engager en politique, parce que je réalise que parfois on se sent un peu mal chaussés. Je pense qu’on a beaucoup plus à apporter qu’on le pense nous-mêmes. »

 

Mais qu’est-ce qui peut bien pousser un athlète à s’engager en politique active? La quête d’un nouveau défi? La recherche d’adrénaline? Peut-être le besoin de se retrouver à nouveau sous les feux des projecteurs?
 

Pour Lyne Bessette, c’est plutôt l’envie de redonner encore davantage à sa communauté.

 

« Les gens de Brome-Missisquoi m’ont supporté pendant ma carrière au complet [...] J’avais le goût de redonner plus. J’ai redonné au niveau sportif, c’est sûr que je vais continuer de le faire, mais je sais que je peux aider d’une autre manière », raconte l’ancienne cycliste olympique et candidate libérale.

 

Dans le cas de Fréchette, c’est sa plus vieille fille qui a fait germer en elle l’idée de s’impliquer en politique, elle qui vient d’avoir l’âge de voter. Ne se sentant pas interpellée par les discours des politiciens, Emma a lancé l’idée à sa mère de se présenter dans la circonscription de Rivière-du-Nord. Étant ensuite approchée par Alain Rayes, le lieutenant politique conservateur au Québec, Fréchette a fini par se laisser séduire.

 

«Si les gens comme nous, qui ont des enfants et un quotidien, du vrai monde là, si on ne s’implique pas et bien la politique ne peut pas nous ressembler», réfléchit la médaillée d’or en nage artistique des Jeux de Barcelone en 1992.

 

Bonne athlète, bonne politicienne?
 

Le lien ne paraît peut-être pas évident à première vue, mais plusieurs qualités nécessaires à un bon politicien sont presque innées chez les athlètes de haut niveau.
 

L’engagement total en vue d’un objectif. Le travail avec acharnement sans compter les heures. La mise en place de plans stratégiques auxquels est jointe une discipline de vie indérogeable. L’humilité de reconnaître ses faiblesses et de s’entourer d’une équipe. Et surtout, la capacité de faire face à l’adversité.

Lyne Bessette - Parti libéral« Quand on a des échecs, on passe par-dessus, on revient et on recommence. Pendant la campagne, j’ai eu de bonnes journées et de mauvaises journées. C’est la même chose dans une carrière sportive », croit Bessette.
 

« Quand tu es athlète, souvent la charge de travail ne fait pas de sens. Elle ne fait pas de sens maintenant non plus [durant la campagne]. Parce que ça nous coule dans les veines, qu’on y croit et qu’on le veut, ça explique l’énergie qu’on a, l’étincelle dans les yeux », ajoute pour sa part Fréchette.

 

Toute la volonté du monde n’assure pas cependant la compétence politique d’un ex-athlète qui aimerait se faire élire. Parce que l’expérience sportive, l’expérience d’un univers ultra compétitif, ne se traduit pas en expérience politique. Sylvie Fréchette ne s’en fait pas trop avec l’inconnu qui l’attend si les électeurs de Rivière-du-Nord devaient en faire leur choix.

 

 « Oui j’ai beaucoup à apprendre sur la politique, mais c’est de l’apprentissage. Qu’est-ce que ça demande de l’apprentissage? Un minimum d’intelligence, du temps et de la volonté. C’est correct. Mais la gestion de stress, l’empathie, l’écoute que le sport m’a apportée, ça c’est difficile à gagner par contre. »

 

Un pari gagnant pour les partis?
 

« Pour un parti politique, c’est de l’or en barre! », lance d’emblée André Lamoureux, politologue et chargé de cours à l’UQAM.

« Les anciens athlètes sont de l'or en barre pour les partis politiques »

 

La renommée, parfois internationale, des athlètes qui sont recrutés rejaillit ensuite sur l’ensemble du parti. Puisque ce sont des visages connus, il n’y a pas de travail de vente à faire auprès du public avec ces sportifs.

 

« Ces personnes-là sont tellement connues que tout de suite le clic se fait avec la population. [...] C’est très rentable pour un parti que d’avoir une vedette comme candidat », poursuit Lamoureux.

 

Cependant, notoriété et popularité ne se traduisent pas nécessairement en votes et en gain politique. « Ce n’est pas gage de succès automatique. Ça dépend de plusieurs facteurs, explique Lamoureux. Ça dépend de la circonscription dans laquelle l’athlète se présente, ça dépend des tendances [politiques]. »  

 

Une première expérience grisante
 

Autant pour Sylvie Fréchette que Lyne Bessette, il s’agit d’une première campagne électorale. Alors que celle-ci tire à sa fin et que le jour du scrutin approche, les deux femmes jettent un regard positif sur les dernières semaines.

 

« Je ne savais pas trop à quoi m’attendre au départ et ç’a été vraiment une super expérience, avoue Bessette. J’ai rencontré des gens différents du milieu sportif. Ça m’a ouvert à différentes opinions, à différentes visions et j’ai vraiment aimé ça. »
 

«Honnêtement, après l’annonce [de ma candidature] je dois avouer que j’étais pas mal découragée. Je voulais juste sucer mon pouce et pleurer, se rappelle quant à elle Fréchette. Une fois sur le terrain par contre, ayoye! Je n'en reviens pas de l’aventure humaine. Peu importe le résultat le 21 octobre, je suis tellement gagnante, vous n'avez aucune idée. Mais je le veux par exemple!»

 

Comme quoi l’esprit de compétition et le désir de vaincre ne quittent jamais vraiment un athlète.