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Banque Nationale

Denis Shapovalov a fait écarquiller bien des yeux en 2017, mais il est en train de montrer que ses récents succès ne sont pas qu’éphémères alors qu’il confirme peu à peu son rang sur le circuit de l’ATP.

Celui qui occupait la 253e position au classement mondial à pareille date l’an dernier n’a cessé de grimper les échelons depuis, si bien qu’il figure au 44e échelon alors que s’amorce le tournoi d’Indian Wells. Une telle ascension a de quoi donner le vertige et pas uniquement aux amateurs de tennis. Le Canadien de 18 ans a également surpris le vice-président du développement élite chez Tennis Canada, Louis Borfiga, par la rapidité avec laquelle il a su se hisser dans les hauts rangs du tennis professionnel.

« Ce serait mentir que de dire qu’on pensait qu’il aurait cette progression actuelle lorsqu’il avait 14 ou 15 ans, il faut être honnête, a-t-il mentionné lors d’un entretien avec le RDS.ca. On savait qu’il allait être un très bon joueur, mais on ne s’attendait pas à ce qu’il explose aussi jeune et aussi rapidement. »

Cette progression au classement s’est amorcée avec une victoire au tournoi ITF de Gatineau le 5 mars 2017. Shapovalov venait tout juste de percer le top-200 qu’il recevait en juin une invitation pour la Coupe Rogers à Montréal où le conte de fées a pris forme.

Après avoir sauvé quatre balles de match contre le Brésilien Rogerio Dutra Silva en lever de rideau, le Canadien a eu raison du vainqueur des Internationaux des États-Unis en 2009, l’Argentin Juan Martin del Potro.

Le point culminant de son parcours en sol montréalais est survenu au tour suivant. La 134e raquette mondiale à ce moment a fait vibrer tout le Stade Uniprix lorsqu’il a éliminé, à son troisième match de la compétition, la première tête de série et deuxième joueur au monde Rafael Nadal en trois manches. Il a multiplié les belles parades, notamment avec son revers à une main.

« C’est un garçon très déterminé et ambitieux. Il aime également jouer sur les gros courts ce qui est une grande qualité. Je dois dire que j’ai été impressionné de la façon dont il a abordé ses matchs sur le central à Montréal et aux Internationaux des États-Unis contre de grands joueurs. Il a joué avec un esprit de conquérant donc c’était une belle surprise », a indiqué Borfiga.

« Il a un jeu complet avec peu de failles. Il arrive confiant sur le terrain parce qu’il a très confiance en sa technique. C’est sans doute pourquoi il est en mesure de sortir des coups qu’on dirait parfois venus d’ailleurs lors des moments importants », a-t-il ajouté.

Shapovalov a vu sa route à Montréal prendre fin en demi-finale contre l’éventuel vainqueur du tournoi, une autre jeune sensation, Alexander Zverev. Après avoir étonné par ses aptitudes sur le terrain, l’athlète de 18 ans allait étonner avec sa capacité à gérer la pression et les attentes placées en lui.

« C’était un danger que la machine s’emballe trop vite à son endroit, a maintenu Borfiga. Il faut dire qu’il a une faculté impressionnante à ce niveau. Je dirais qu’il est blindé et qu’il a une carapace. Il m’a encore étonné par sa capacité à supporter la pression et de continuer à progresser. »

Il n’aura pas fallu très longtemps avant d’avoir la preuve de cette force de caractère. Shapovalov a poursuivi sur sa lancée dès le tournoi suivant du côté de Flushing Meadows. Il y disputera un total de sept matchs en raison de son passage obligé par les qualifications de ce dernier tournoi du grand chelem de la saison.

Il a alors ajouté à son tableau de chasse le 12e joueur au classement de l’ATP à cette période, Jo-Wilfried Tsonga, avec une victoire au minimum des trois manches. L’Espagnol Pablo Carreno Busta a freiné le parcours du Canadien au quatrième tour avec une victoire nécessitant trois bris d’égalité. Shapovalov a cependant pu quitter New York avec le sentiment du devoir accompli, après avoir prouvé qu’il était dorénavant à prendre au sérieux.

« Qu’il ait confirmé aux Internationaux des États-Unis ses résultats de Montréal prouve que son niveau de jeu était extrêmement élevé. Il n’aurait pas été en mesure de le faire si ça n’avait pas été le cas », de mentionner Borfiga.

Nouvelle année, même défi

Celui qui a pris part au tournoi Next Gen en fin de saison entamait 2018 au 51e rang au classement de l’ATP. Le défi demeurait le même qu’aux Internationaux des États-Unis, soit de montrer qu’il peut se maintenir à ce niveau.

Shapovalov a vu Tsonga prendre sa revanche lors du premier grand chelem de la saison en Australie en ayant le meilleur dans un duel qui a nécessité le maximum de cinq manches. Le Canadien a également atteint les demi-finales du tournoi de Delray Beach à la fin février. L’Autrichien et sixième joueur au monde, Dominic Thiem, lui a montré la porte de sortie au tournoi d’Acapulco, mais c’était après que Shapovalov ait fait de même avec le Japonais Kei Nishikori au premier tour. Malgré un dossier de sept victoires contre six revers, Borfiga se dit satisfait du début d’année du Canadien.

« Avec la fin de saison qu’il avait connue l’an dernier, je m’attendais à ce que ce soit peut-être un peu plus difficile. Il a déjà bien commencé avec de forts matchs aux Internationaux d’Australie. Il a failli battre Jo-Wilfried dans un super match et à Delray Beach il a vaincu Nishikori. Il est en train de confirmer », a-t-il précisé.

« Je dirais qu’il s’est installé parmi les 50 meilleurs joueurs au monde », a-t-il avancé ensuite.

Pour l’épauler dans son cheminement, Shapovalov compte sur les conseils de Martin Laurendeau qui a délaissé ses fonctions de capitaine du Canada à la Coupe Davis afin de se consacrer à l’entraînement de son jeune protégé. Il ne fait aucun doute pour Borfiga que cette collaboration ne peut qu’être profitable pour la suite de la carrière de Shapovalov.

« Il a la chance de travailler avec Martin qui a une vaste expérience. Je sais qu’il est entre bonnes mains.  »

Se maintenir dans le top-50

Après avoir gravi les échelons à un rythme effréné la saison dernière, la prudence semble maintenant de mise en ce qui concerne les objectifs du Canadien cette saison, alors que le développement est encore mis de l’avant. S’il parvient à maintenir le rythme, Borfiga ne serait pas étonné que l’Ontarien puisse voir son nom s’élever tout près du top-30.

« Il ne faut pas lui mettre de pression. S’il finit l’année parmi les 50 premiers, ce sera déjà excellent. Il doit surtout continuer d’améliorer son jeu et continuer de progresser dans toutes ses facettes, c’est important ça aussi. »

« Il ne faut pas oublier qu’il est encore jeune, donc il va se développer physiquement de manière presque naturelle c’est certain. En travaillant son physique, il pourra être encore plus endurant afin de tenir dans les fins de course. Il a encore des coups dans son jeu à travailler, mais il va s’améliorer avec l’expérience de matchs et avec les répétitions à l’entraînement », est convaincu Borfiga.

Cette expérience, Shapovalov en gagnera encore un peu plus cette semaine alors qu’il participera à son cinquième tournoi de la série Masters 1000 du côté d’Indian Wells.