PARIS –  Lors des cinq premiers jeux de son match de premier tour contre Risa Ozaki mardi, Eugenie Bouchard se questionnait.

La cheville droite, sur laquelle elle avait subi une entorse en Allemagne la semaine dernière, résisterait-elle? Le manque de qualité et de quantité d’entraînement depuis une semaine la pénaliserait-elle?

Bouchard n'avait pas joué un véritable match depuis près de trois semaines, depuis le tournoi à Madrid dans laquelle elle avait battu Maria Sharapova et la no 1 mondiale Angelique Kerber.

Le manque de matchs pesait durement sur son mental.

Dans le temps de le dire, l’athlète de Montréal tirait de l’arrière 0-5. 

Les erreurs se multipliaient. Il fallait renverser la vapeur, sinon tous les efforts et la réadaptation pour tenter de se remettre en forme à temps pour jouer les Internationaux de France auraient été pour rien.

Mais ce que Bouchard réalisa après son début en dents de scie, c'était que malgré la cheville, elle pouvait courir.

Et si c’était le cas, elle n’avait plus besoin de tenter les coups gagnants dès la première ou deuxième frappe, dans le désespoir de terminer les points le plus rapidement possible.

Elle pouvait s'accrocher, et imposer un plan de match qui ajoutait un peu de la régularité nécessaire pour la terre battue à l’agressivité qui est sa marque de commerce.

C'est exactement ce que la Montréalaise de 23 ans a fait lors d'une victoire de 2-6, 6-3 6-2 contre Ozaki qui lui a soulevé un gros poids des épaules et lui a valu une place au deuxième tour.

Bouchard affrontera alors la tête de série no 17, la Lettone Anastasija Sevastova.

« C'est vrai que j'ai démarré tout doucement. J'étais un peu nerveuse, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. Et puis j'ai eu l'impression de surjouer en fait pendant les cinq premiers jeux. Ensuite, j'ai réalisé ce qui m'arrivait et là, j'ai pu changer les choses », a déclaré Bouchard.

La Bouchard qui a débuté le match ressemblait à la Bouchard qui avait perdu au premier tour dans cinq tournois du circuit WTA d’affilée plus tôt cette saison. La Bouchard qui se battait elle-même, sans avoir besoin de beaucoup d’aide de son adversaire.

Elle a terminé le match avec l’allure de la Bouchard qui a brillé lors des Internationaux de France il y a trois ans, lorsqu’elle a accédé à la demi-finale.

Au début de la rencontre, son adversaire ne lui donnait aucune vitesse de balle avec laquelle travailler. C’était une stratégie parfaite contre une joueuse agressive qui tentait le tout pour le tout.  

Un total de 24 erreurs non provoquées dans le premier set n’avait rien pour  rassurer la Canadienne.

Mais, dans les deuxième et troisième manches, une fois que Bouchard a su retrouver une constance et une certaine confiance, ce fut Ozaki qui n’avait aucune riposte.

« J’étais un peu tendue, je n'étais pas en confiance notamment au niveau de mes mouvements. Je me suis dit qu'il fallait me détendre et travailler mon jeu de jambes et j'ai réalisé rapidement que je pouvais le faire, a dit Bouchard. C'était une question de confiance en soi, de confiance en mon corps et en mon jeu. Même avec peu d'entraînement, le jeu est toujours là, il faut simplement y croire. »

Bouchard a commis 24 erreurs non provoquées dans la première manche. Dans la manche ultime, elle a triomphé avec 16 coups gagnants.

Une fois qu’elle a pris contrôle du jeu, elle a forcé son adversaire à en faire un peu plus. Et Ozaki fut incapable d’élever son propre niveau.

La cheville n'était pas le seul défi pour Bouchard mardi. Elle a également attrapé une petite grippe au cours des deux dernières journées de canicule à Paris.

Elle aura une journée de congé mercredi pour se soigner un peu et pour travailler quelques éléments pour combattre Sevastova.

L’athlète de 27 ans était retraitée pendant presque deux ans lorsqu’elle avait l’âge de Bouchard, se trouvant dans l’impossibilité d’endurer la pression et les rigueurs du circuit WTA. Mais Sevastova est revenue de son congé encore plus forte, atteignant un sommet de classement en carrière (no 18) il y a deux semaines.

Elle a un jeu complet, avec une variété assez inusitée parmi la majorité des femmes sur le circuit. C’est un jeu qui a tendance à frustrer une adversaire qui cogne fort.

« Elle fait des slices, elle fait également des balles très lentes parfois. Il va falloir que je sois prête, que je sois prête à tout, que je joue de manière agressive, mais que je sois également suffisamment patiente, ce que j'ai pu faire aujourd'hui », a dit Bouchard.

Le Montréalaise Stéphanie Myles, longtemps journaliste à la section des sports du Montreal Gazette et affectée à la couverture des Expos durant leurs dernières années à Montréal, a repris sa passion pour le tennis après le départ de l'équipe. Elle est actuellement la rédactrice en chef du nouveau site web, tennis.life.

« Je vais me battre »
Bouchard réussit son premier test