Je ne sais pas si vous avez remarqué ce détail sur le site de l'ATP. Lorsqu'on se rend sur la page de Félix Auger-Aliassime, on peut depuis quelques semaines y lire que Félix vit dorénavant à Monte Carlo.

Si vous lisez mes blogues sur une base régulière, vous vous souvenez peut-être que le 15 avril dernier j'écrivais sur les beaux efforts de notre Québécois au premier tour du grand tableau au Masters 1000 de Monaco. Félix avait fort bien bataillé malgré la défaite devant Misha Zverev en trois sets. À ce moment-là, le Québécois est 175e au monde mais à 17 ans, il a le meilleur classement pour un joueur de son âge.

Champion du US Open chez les juniors, cela crevait les yeux qu'il avait sa place parmi l'élite mondiale et qu'un jour il défierait la crème de la crème. Je dois vous avouer que j'étais contente que les organisateurs du tournoi monégasque lui offrent une invitation parce que pour moi cela voulait dire qu'il est bien entouré et que des gens compétents sont autour de lui pour le protéger et aussi promouvoir sa valeur du moment et future. Félix est un diamant à polir et possède déjà une valeur marchande immense. Cependant, trois joueurs français de qualité: Nicolas Mahut, Jérémy Chardy et Pierre-Hugues Herbert étaient dans les qualifs. Qu'on offre l'invitation au Québécois plutôt qu'à un de ses trois joueurs avait bien sûr beaucoup fait jaser. Il faut tout de même se rappeler que Louis Borfiga est originaire de cet endroit et a très certainement eu son mot à dire dans cette décision.

Je me souviens d'avoir eu un pressentiment compte tenu de l'accueil si chaleureux qu'on offrait au Québécois. Malgré la défaite, c'est lui qu'on interviewait sur le central et non le gagnant du match. Est-ce que Monaco ne serait pas l'endroit idéal pour la poursuite de la carrière de Félix? Sachant que j'allais probablement être critiquée sur les réseaux sociaux, j'avais tout de même osé en écrivant qu'Aliassime doit pour grandir et devenir un joueur d'élite, s'entraîner sur une base régulière avec les meilleurs et ce à l'extérieur et non à l'intérieur. Je n'invente rien, c'est une réalité toute crue. À Monaco, il sera dans une ambiance de tennis idéale pouvant frapper des balles avec notamment Novak Djokovic, Alexander Zverev, Grigor Dimitrov, Tomas Berdych, sans oublier son compatriote Milos Raonic.

Aussi, il faut s'économiser là où on le peut. Avez-vous remarqué l'horaire de Félix l'an passé? Il a disputé 29 tournois et visité17 pays ce qui est complètement fou et surtout très usant! S'installer en Europe devient un choix logique pour s'éviter bien du temps dans les avions et surtout quelques décalages horaires. Si on fait le décompte, il y a une trentaine de tournois disputés sur le Vieux Continent. De toute façon, notre globetrotteur n'a passé qu'environ 4 semaines au Québec l'an passé. Soyons honnêtes, Félix est rendu à une étape dans sa vie où chaque décision est super importante pour son avenir tennistique et cela n'est pas principalement une question de fiscalité. Interrogé à ce sujet, M. Borfiga croit aussi que c'est indispensable pour un pro d'avoir une base en Europe. Tout est si proche, un court vol et on peut se resourcer à la maison entre les tournois. Sans oublier que le Monte Carlo Country Club est le nec plus ultra dans tous les aspects pour l'entrainement sur le terrain et hors terrain aussi. 

En m'informant auprès d'un spécialiste en la matière – puisque bien des choses ont changé depuis mes années sur le circuit – chaque joueur paie des impôts là où il joue. Ces impôts varient d'un pays à l'autre et représentent généralement entre 25 % et 50 % du montant de la bourse obtenue par le joueur. Par exemple en Angleterre, des impôts avoisinant 40 % de la bourse s'envolent dans les coffres de la royauté. Si l'impôt est considéré comme un montant que l'on paie pour avoir un ou des services, Félix ne peut même pas profiter du système québécois de la santé puisqu'il est presque toujours à l'extérieur du pays. De toute façon, en tant qu'athlète de l'élite, cela prend des assurances personnelles pour avoir accès aux meilleurs au monde. Soulignons que Djokovic a été opéré au coude en Suisse et qu’Andy Murray a subi sa première opération à la hanche en Australie. Milos Raonic, en 2011, fut opéré à la hanche au Colorado, et plus récemment Vasek Pospisil, est passé sous le bistouri pour son dos à New York.

Les sportifs de haut niveau sont des citoyens du monde qui sont constamment à la recherche de ce petit quelque chose qui peut faire une grande différence entre la victoire et la défaite. Il faut savoir se positionner pour avoir accès à tout ce qu'il y a de mieux avec les moyens du moment en gardant les deux pieds sur terre mais les yeux rivés sur les étoiles. Ceux qui critiqueront Félix pour son choix se trompent sur toute la ligne. Ce jeune homme a de belles valeurs bien ancrées au plus profond de son être. D'ailleurs comme il était fier de défendre avec hargne et compassion les couleurs de son pays en Coupe Davis au début du mois!

Aliassime sait jusqu'à quel point Tennis Canada a cru en lui et lui a offert tout ce dont il avait besoin pour atteindre le niveau d'excellence qui l'a amené jusqu'ici. Son vœu le plus cher, c'est de redonner aux jeunes pousses qui rêvent de surfer dans le sillon de l'excellence comme lui. Vous savez, déjà Félix redonne, déjà il s'implique, ici chez nous. Oh, on ne le claironne pas sur tous les toits parce qu'on œuvre dans l'humilité mais plusieurs profitent de la générosité de la famille Aliassime...

On s'entend que si Félix réussit à s'élever jusqu'au top-10, il pourra en faire beaucoup plus pour le Québec et le Canada. Rien n'est garanti mais chers amis, dans la vie, il faut se donner les moyens d'essayer pour atteindre les plus hautes sphères...