Stan Wawrinka est de retour à Montréal pour ce qui est sa 12e participation à la Coupe Rogers.

 

Aujourd’hui, il peut dire qu’il se sent en forme et en confiance, mais les dernières années ont été plus éprouvantes après une sérieuse blessure à un genou et une opération au niveau du cartilage. Trois fois champion Grand Chelem, l’ancien no 3 mondial devenu no 21 n’a récolté en conséquence aucun titre depuis 2018.

 

« Ç’a été assez intense. Ça m’a pris je pense au moins une année et quatre mois pour être de retour à 100 %, même si j’avais recommencé des tournois avant pour me tester, raconte Wawrinka. Aujourd’hui, tout est devenu plus intense, on est devenu plus fort physiquement, tout va beaucoup plus vite, on est toujours sous pression. Il faut toujours réagir, le corps prend beaucoup de chocs. J’ai eu la chance tout au long de ma carrière d’avoir peu de blessures, là j’en ai eu une grosse, mais je suis content d’avoir fait tout le travail qu’il fallait pour pouvoir revenir au niveau où je suis actuellement. Depuis le début de l’année, je suis vraiment satisfait et content de mon niveau, d’avoir gagné autant de matchs. J’en suis arrivé à un point où quand j’arrive dans un tournoi, je me sens bien et je sais que je peux battre les meilleurs, et c’est le plus important pour moi. On peut contrôler des choses en dehors des matchs, mais le résultat, on ne pourra jamais le contrôler. On peut juste se battre pour. On contrôle comment on s’entraîne, son hygiène de vie et son calendrier, mais pas l’adversaire. »

 

Dans son processus de réadaptation et éventuellement de retour au jeu, Wawrinka a donc dû être patient malgré plusieurs éliminations expéditives et il a aussi su garder une vision très optimiste.

 

« En tant que joueur, il faut accepter rapidement que la défaite fait partie de notre vie et de notre carrière. Une défaite n’est pas toujours négative. On a beau être très bon et être en haut du classement, on va perdre souvent durant l’année, on ne peut pas gagner tous les tournois. Pour moi, le plus important a toujours été d’essayer d’apprendre quelque chose de la défaite; essayer de voir ce qui a été bien fait, ce que je peux changer, où je peux m’améliorer, et ensuite passer à la semaine suivante. À la fin, le travail paye toujours : quand on s’entraîne, quand on se prépare bien, on se donne les chances de pouvoir gagner un match de plus. Mais c’est clair que mentalement, ce n’est jamais facile de perdre, car à la base, quand on est jeune, on dit toujours que la défaite est un échec. Moi je ne le vois pas comme ça. Pour moi, dans le tennis, la défaite fait partie de la carrière. On peut avoir une carrière incroyable en perdant beaucoup de matchs, ce n’est pas grave. Il faut juste savoir sur quoi se concentrer pour essayer de perdre le moins possible. »

 

Effectivement, le travail finit toujours par payer. Dans le cas de Wawrinka, il l’a vécu contre le fameux Big Three. Il a réussi à vaincre Rafael Nadal pour remporter les Internationaux d’Australie en 2014, puis Novak Djokovic deux fois en finale de Roland-Garros et des Internationaux des États-Unis. Il s’est également payé Roger Federer pour être couronné champion du Masters 1000 de Monte Carlo.

 

« Ç’a été pas mal les seules fois que les ai battus sur les 55 fois que je les ai affrontés!, rigole le compatriote de Federer, avec qui il a gagné l’or olympique à Pékin. J’ai eu beaucoup de chance. Ce sont des souvenirs incroyables pour un joueur. C’est un rêve de pouvoir gagner des Grands Chelems, ça c’est sûr. On est dans une génération qui a été dominée par le Big Four, et spécialement Roger, Rafa et Novak. Ces dernières années, ils ont presque tout pris. De la façon que je le vois, c’est un honneur de pouvoir partager la même période avec les meilleurs de tous les temps dans notre sport. »

 

Toujours aussi passionné

 

Alors qu’on se remémore quelques-uns des plus beaux moments depuis la création de la Coupe Rogers il y a 40 ans, Wawrinka garde comme meilleur souvenir sa première visite à Montréal en 2005, année où il a soufflé ses 20 bougies et où il s’est qualifié pour la première fois dans le tableau principal.

 

« C’était pour moi un énorme tournoi, un de mes premiers grands tournois en carrière, et c’était déjà un gros résultat. C’était quelque chose de vraiment positif dans ma carrière. J’avais perdu au premier tour contre Greg Rusedski, mais ça avait été une expérience incroyable. C’était il y a bien longtemps déjà, malheureusement, mais c’est clair que j’avais beaucoup aimé venir ici. Au fil des années, on a pu voir en tant que joueur l’évolution de tout ce que le tournoi fait pour nous et surtout pour les fans. De voir le nombre de personnes qui viennent même juste pour des entraînements, c’est un pur bonheur pour un joueur de voir le soutien. Moi j’ai toujours énormément de plaisir ici, il y a toujours du monde et une superbe ambiance. Les gens ne viennent pas juste pour le tennis, mais aussi pour la fête du sport. C’est quelque chose qu’on ne voit pas partout durant l’année », dit celui qui s’est adonné au paintball à son arrivée au Québec, avant le début de la compétition.

 

Certains joueurs préfèrent se concentrer sur leur propre jeu et décrocher du tennis le plus possible. D’autres comme Andy Murray ou Roger Federer aiment bien regarder les matchs des autres joueurs, même après une dure journée de travail. Wawrinka, qui a maintenant 34 ans, fait partie du deuxième groupe, étant passionné par le tennis tout autant qu’à ses débuts.

 

« C’est important d’aimer ce qu’on fait. C’est la raison pourquoi je continue de jouer au tennis à mon âge, après 15 ans et plus de carrière. C’est parce que j’aime ça. J’ai envie de m’entraîner, j’aime progresser, j’aime aller sur le terrain, j’aime être challengé, j’aime découvrir de nouvelles choses, j’aime regarder les autres joueurs; voir ce qu’ils font de bien, voir ce que je peux apprendre. Je passe ma vie à jouer au tennis et à m’entraîner et j’ai toujours envie de regarder les autres jouer parce que je suis passionné par ce sport. C’est ça le plus important. Je suis fan de tennis. Vous avez la chance de voir ici tous les plus grands joueurs de tous les temps, donc quand je rentre le soir chez moi, même après une journée ici, j’aime bien regarder les night sessions. J’aime bien regarder les matchs, il y a toujours une ambiance incroyable et le niveau de jeu est toujours là, alors c’est un plaisir de pouvoir vivre ça. »

 

Parlant de niveau de jeu, il sera sans doute très relevé lors du match de premier tour de Wawrinka, lundi après-midi, contre le Bulgare Grigor Dimitrov, qui a déjà également atteint le troisième rang mondial. Il s’agit d’ailleurs de l’un des plus intrigants duels de cette ronde.

« Pour moi, le tableau n’a jamais vraiment été important, dans le sens qu’on ne peut pas décider ce qui va arriver, dit un Wawrinka serein. Il faut l’accepter et il faut trouver des solutions. Je ne suis pas stressé quand le tableau sort, je ne me pose pas trop de questions. Ensuite on se prépare pour. Personnellement, j’aime prendre un peu de recul par rapport au tableau et à qui je vais jouer, je ne veux pas me mettre trop de pression directe en pensant à nos affrontements précédents. Pour moi, les statistiques sont des statistiques qui viennent du passé. On peut toujours les modifier dans le présent, c’est le but quand on joue contre les meilleurs. »