MONTRÉAL – Jacques Dussault, Marc Santerre, Danny Maciocia et maintenant Marco Iadeluca. Le nouvel homme de confiance des Carabins de l’Université de Montréal ne dispose pas de la même notoriété que ses prédécesseurs en tant qu’entraîneur-chef, mais il s’est imposé comme le candidat tout indiqué pour assurer une continuité.

 

Jusqu’à présent, Iadeluca a surtout œuvré comme coordonnateur offensif. À vrai dire, ses seules expériences comme entraîneur-chef ont été vécues avec Équipe Canada et Équipe Québec.

 

« D’être à la tête de ce programme, je ne suis pas sûr que j’avais rêvé à ça un jour. J’entame ma 25e année de coaching, je pense que j’ai payé mes dus », a lancé, avec justesse, Iadeluca lors de la confirmation médiatique de son embauche.

 

« Si je ne suis pas prêt après 25 ans de football, je ne le serai jamais », a ajouté l’homme de football qui n’a pas caché son côté émotif.

 

Iadeluca revient donc au sein de la famille des Carabins après un bref passage de 18 mois auprès de son frère, Tony, avec les Phénix d’André-Grasset. De 2011 à 2017, Iadeluca a agi en tant que coordonnateur offensif des Carabins les menant notamment à la conquête de la coupe Vanier en 2014, un titre qu’il a également remporté dans le même rôle avec le Rouge et Or de l’Université Laval en 2010.

 

À la suite du départ de Maciocia avec les Alouettes de Montréal, l’option de rapatrier Iadeluca pour lui confier les rênes semblait plus que logique. Pourtant, Iadeluca ne s’est pas lancé sur-le-champ dans le processus de sélection et il n’a pas profité d’un passe-droit en raison de son lien avec l’organisation.

 

« Quand l’opportunité s’est présentée, j’ai beaucoup hésité à savoir si j’allais postuler. J’ai fait une grosse réflexion. À un certain moment, je ne pensais pas le faire. J’ai eu une discussion avec Manon (Simard, la directrice du sport d’excellence à l’UdeM) et je crois qu’elle en a été surprise. À la suite de cette conversation et beaucoup d’heures de réflexion, j’ai décidé de plonger », a dévoilé Iadeluca.

 

Quelques facteurs avaient nourri son hésitation. Au sommet de ceux-ci, on peut citer le plaisir qu’il ressentait de jumeler ses deux passions - le football et l’encadrement des jeunes - avec son frère et l’investissement de temps requis pour diriger les Carabins.

 

« J’étais très bien où j’étais. C’est un choix de vie de venir avec les Carabins. C’est un mode vie, pas juste un emploi, une passion. En fait, c’est une passion, pas un emploi. Je devais avoir l’accord de tout le monde à la maison et que je sois 100% prêt dans ma tête pour faire ça. Je suis très rationnel quand je prends de grandes décisions. J’aime bien réfléchir avant et non après. Quand je me lance, je suis 100% all in », a-t-il expliqué.

 

« J’ai réalisé qu’il fallait au moins que je me lance dans l’aventure pour voir ce qui allait arriver et pour ne pas avoir de regrets. Ça m’intéressait trop, c’était trop gros pour moi. J’avais trop un attachement au programme pour ne pas y penser. Ça explique pourquoi j’ai changé d’idée », a ajouté Iadeluca quand on l’a invité à poursuivre ses explications.

 

Il sera quelque peu perdant au change en ce qui concerne l’équilibre dont il raffolait entre la gestion et l’enseignement du football sauf que...

 

« Avoir une opportunité d’être entraîneur-chef au niveau universitaire, ça n’arrive pas souvent, mais de l’être dans un programme du top-5 au pays, où tu peux gagner chaque année, ça n’arrive qu’une fois dans une vie », a admis le sympathique entraîneur qui était accompagné de sa femme Lina, de ses trois filles et d’autres membres de sa famille.

 

Afin d’établir un processus rigoureux, les Carabins avaient affiché l’offre d’emploi au grand public. Pour le côté amusant de la chose, notons que plus d’une vingtaine de candidats ont postulé et un seul ne détenait aucune expérience comme entraîneur de football.

 

Une fois que son nom est apparu dans le portrait, le poste ne lui a pas été confié directement.

 

« Non, ce n’était pas un no-brainer. Marco devait nous démontrer l’intérêt, la passion, le désir d’occuper cette fonction. Tu ne peux pas le faire si le défi ne t’attire pas d’une façon majeure. [...] Il rentre par la grande porte, ce n’est pas un choix par défaut, parce qu’il n’y avait rien sur le marché. C’est un choix réfléchi, endossé et appuyé », a mentionné Simard.

 

Quand Iadeluca était le bras droit de Maciocia, le plan de contingence l’identifiait comme le remplaçant advenant le départ de l’entraîneur-chef. Il se disait, avec raison, beaucoup plus fier d’y parvenir de cette façon.

 

Un entraîneur plus près de ses joueurs

 

Un peu à l’image de son grand ami Maciocia, Iadeluca a été plongé dans un tourbillon de travail depuis sa nomination. En effet, les Carabins accusent un retard au niveau du recrutement, le nerf de la guerre. Les équipes ont jusqu’au 1er mars pour que des joueurs s’engagent avec elles.

 

La deuxième priorité sera de réfléchir au personnel d’entraîneurs. Le nom de Paul-Eddy Saint-Vilien revient fréquemment en tant que coordonnateur défensif.

 

Ensuite, Iadeluca tentera de poursuivre la culture implantée par Maciocia tout en utilisant sa touche personnelle. On a sondé les deux hommes, de manière individuelle, pour déterminer ce qui les différencie.

 

« Je crois qu’il sera beaucoup plus près des joueurs. J’ai toujours gardé une distance, ce n’était pas un manque d’amour, mais je voulais les préparer pour le vrai monde comme le marché du travail », a ciblé Maciocia qui croit que ce sera un atout opportun pour les Bleus.

 

« Les deux, on est hyper compétitifs. Je suis extrêmement proche des joueurs, j’étais en charge de l’encadrement académique des joueurs à mon premier passage. Ça me permettait de connaître tous les joueurs. C’est la partie du travail que j’adore : aider les jeunes à grandir dans toutes les sphères. On est un peu différents de ce côté. Danny est un fanatique du côté tactique, mais j’aime beaucoup m’impliquer dans la vie des joueurs », a proposé Iadeluca.

 

On peut confirmer qu’il ne s’agit pas de paroles en l’air puisque la salle de la conférence de presse était remplie d’anciens et actuels joueurs des Carabins. Antoine Pruneau, du Rouge et Noir d’Ottawa, avait même fait le voyagement en matinée pour être présent.

 

Étrangement, Iadeluca a eu besoin de plusieurs années avant de considérer cette avenue.

 

« J’ai toujours été coordonnateur offensif, ça fait 25 ans que je le suis. J’ai toujours adoré l’aspect tactique de ce poste. Pour moi, être entraîneur-chef, ça vient avec un rôle de gestion. Au début, dans ma carrière, j’étais vraiment passionné par les X et les O. Le rôle d’entraîneur-chef m’intéressait moins, j’ai refusé plusieurs offres, parce que je voulais me sacrifier à être coordonnateur offensif. J’étais vraiment accompli de ce côté, c’est à partir de ce moment que j’ai commencé à avoir la vision que, si je reste dans le football, la prochaine étape était de prendre un programme sous ma tutelle », a mentionné Iadeluca.

 

Lorsque Maciocia a fait le saut avec les Carabins, il avait accepté à la condition de pouvoir compter sur Iadeluca à ses côtés. Pourquoi avait-il tenu à cet ajout ?

 

« Parce que je voyais cette journée se produire éventuellement. Je savais qu’il avait le potentiel pour y parvenir. Je peux vous dire qu’il ne l’a pas eu facile avec moi avec les Carabins. S’il y a bien quelqu’un avec qui j’ai été exigeant, c’est lui en raison de son potentiel. Pour moi, il est comme un frère. Je devais pousser ses limites pour voir où il se rendrait », a conclu Maciocia.