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RÉSULTATS

La NCAA dans la cour U Sports : « Tout le monde a de l'amour »

Un match U Sports entre les Patriotes de l'UQTR et les Redbirds de McGill. Un match U Sports entre les Patriotes de l'UQTR et les Redbirds de McGill. - Kaitlyn LeBoutillier
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MONTRÉAL – La réponse qu'obtient Marc-Étienne Hubert est pour l'instant toujours la même : on verra...

Le hockey universitaire canadien du circuit U Sports a beau demeurer une option envisageable pour les joueurs de 20 ans s'apprêtant à conclure leur stage junior dans la Ligue canadienne de hockey (LCH), celui de la NCAA est autrement plus attrayant, maintenant qu'il leur est accessible.

Autrefois hors de portée pour tout étudiant-athlète ayant joué ne serait-ce qu'un seul match préparatoire dans la LHJMQ, l'OHL ou la WHL, le hockey universitaire américain a annoncé il y a un mois jour pour jour qu'il ouvrait ses portes dès l'an prochain à tous les anciens de la LCH désireux de poursuivre leur développement dans l'un de ses 64 programmes de Division 1.

« En ce moment, 100 % des gars à qui je parle me disent : "Je m'en vais dans la NCAA ou j'attends de voir si je peux y aller" », révélait la semaine dernière Hubert, entraîneur-chef des Patriotes de l'UQTR, de ses conversations avec de potentielles recrues. « Il n'y en a aucun qui m'a dit "Moi, ça ne m'intéresse pas la NCAA". Zéro. »

« Normalement, à ce temps-ci de l'année dans notre processus de recrutement, on a déjà quelques joueurs qui se sont engagés à se joindre à notre programme et d'autres qui sont sur le point de le faire », fait de son côté remarquer l'entraîneur-chef des Redbirds de McGill, David Urquhart.

« Or, cette année, les joueurs sont un peu plus dans l'attente pour voir quelles sont leurs options. »

Dans la LHJMQ, deux attaquants des Voltigeurs de Drummondville ont déjà opté pour la NCAA. Luke Woodworth, troisième meilleur pointeur de la ligue, a été enrôlé par les Mavericks de l'Université de Nebraska Omaha. Sam Oliver a pour sa part cédé aux charmes des Wildcats de l'Université du New Hampshire. 

L'attaquant des Huskies de Rouyn-Noranda Antonin Verreault, champion pointeur en titre de la LHJMQ, et le capitaine de l'Armada de Blainville-Boisbriand Jonathan Fauchon, actuel meilleur marqueur du circuit Cecchini, sont eux aussi courtisés par les universités américaines. 

Et ça, ce ne sont que les gros noms d'une cohorte particulièrement relevée aux yeux d'Hubert. 

« En ce moment, ils shootent à la mitraillette, constate-t-il. Tout le monde est contacté et tout le monde a de l'amour. Ils sont allés très, très, très, très large. »

Marc-Étienne Hubert

Outre leurs installations et leurs moyens financiers qui suffiront sans doute à en convaincre certains, les écoles américaines ont de plus tiré profit du flou réglementaire engendré par la récente annonce de la NCAA pour s'infiltrer rapidement dans la cour de U Sports.

Alors que l'UQTR, McGill et les Stingers de Concordia ne pouvaient entrer en contact avec une recrue potentielle de la LHJMQ avant le 15 octobre, et le 1er décembre en ce qui a trait aux joueurs de l'OHL et la WHL, les équipes américaines ont eu le loisir de lancer l'opération charme bien avant.

« Ça crée un avantage pour les équipes de la NCAA, parce qu'elles peuvent bouger en premier. C'est l'une des choses qui devront être éclaircies dans les prochains mois », plaide Urquhart.

Bon nombre de questions restent en effet sans réponse au moment d'écrire ces lignes. Il est entre autres pertinent de se demander si certains joueurs évoluant déjà dans le circuit U Sports ont eux aussi été approchés.

« Je le dis en toute humilité, je pense que mes gars me le diraient », espère Hubert, qui confie toutefois avoir reçu des appels de gens voulant de « l'info sur des joueurs de notre ligue ».

« Quand je pense au recrutement, je ne pense pas à aller recruter dans la NCAA. Alors j'espère que [les universités américaines] ne font pas ça. Mais je suis certain que dans cet environnement, tout peut arriver », anticipe quant à lui Urquhart.

David Urquhart

Bien qu'ils reconnaissent que le portrait à long terme de leur circuit est appelé à changer, Hubert et Urquhart répètent qu'ils ne connaîtront l'étendue des dommages que dans plusieurs mois, à savoir combien de joueurs parviendront réellement à bifurquer vers la NCAA.

« En ce moment, on n'est pas dans le siège du conducteur, concède Hubert. On doit être patient et continuer à faire nos démarches, à rencontrer les gars et leur donner le plus d'informations possibles pour leur monter qu'on est encore une bonne option. »

Les finissants de la LCH, qui forment la majorité, si ce n'est pas l'entièreté de leurs formations actuelles en raison des bourses d'études du circuit junior dont ils peuvent se prévaloir, resteront les joueurs ciblés par les deux entraîneurs. Les candidats les plus en vue, comme tous les autres.

« Nous, on garde le cap sur le plan initial », assure Hubert, qui s'affaire déjà à bâtir son équipe en vue du Championnat canadien 2027 dont les Patriotes seront les hôtes. 

« [Le nouveau règlement] nous oblige à aller un peu plus en profondeur qu'on l'aurait fait dans une année normale, mais ça donne des opportunités aux autres aussi. C'est une super belle année, ce n'est pas gênant de ratisser plus large. »

« On veut continuer à recruter dans notre cour au Québec, promet Urquhart. Notre but est toujours de trouver les meilleurs étudiants-athlètes au pays. On tâche de retourner chaque pierre afin de trouver les joueurs parfaits pour notre culture d'équipe, notre école, notre environnement et notre style sur la glace [...]. 

« Pour l'instant, les joueurs qui répondent à ces critères et que nous avons approchés ont manifesté un intérêt. Il s'agit maintenant pour eux d'analyser leurs options, et ils font bien. Ça va peut-être juste leur prendre un peu plus de temps. »

Chose certaine, l'avantage de jouer dans le circuit universitaire canadien demeure, insiste Urquhart.

« En ce qui a trait à ce qu'on offre en termes de qualité d'éducation, de hockey et de débouchés vers les rangs professionnels, on est aussi bons sinon meilleurs que n'importe quelle école américaine », estime l'instructeur des Redbirds, qui a vu quatre de ses finissants de l'an dernier faire le saut chez les professionnels.

Le cinquième s'est quant à lui dénicher « un gros contrat pour travailler dans le milieu des finances ». Un gain pour ce dernier, mais aussi pour le Québec.

« Ça va être tough, mais comme société il faut se pencher sur l'exode des cerveaux et des athlètes d'élite, presse Hubert. C'est triste parce que les recherches le confirment, souvent ils ne reviennent pas. Ils se font une vie ailleurs. Ça va avoir un impact. »