MONTRÉAL – C’est un euphémisme de dire que les Carabins de l’Université de Montréal ont réussi une grosse prise en ajoutant Jonathan Sénécal à leur organisation. Le quart-arrière de 20 ans était perçu comme un espoir très prometteur en sol américain par les Huskies de l’Université du Connecticut, dans la NCAA, mais il a renoncé à sa bourse pour revenir à la maison. 

Il faut dire que Sénécal a eu bien du temps, en fait plus qu’il l’aurait sans doute souhaité, pour réfléchir à son avenir. La pandémie a provoqué sa décision alors que son arrivée sur le campus américain a été chamboulée. Par la suite, UConn a été le premier programme à se retirer pour la saison 2020. 

Pour un athlète qui a vu sa saison 2019 se conclure au premier match en raison d’une grave blessure au genou gauche, ce scénario n’était pas idéal du tout.  

Après mûre réflexion avec ses parents, Sénécal a conclu que c’était préférable pour lui de venir poursuivre son développement au Québec. Encore là, un autre facteur a joué un rôle déterminant puisqu’il a développé une très belle relation avec Marco Iadeluca, le nouvel entraîneur des Carabins, depuis quelques années. C’est sous la gouverne de ce dernier et de son frère, Tony, que Sénécal a dominé au niveau collégial avec les Phénix d’André-Grasset. 

« Je suis vraiment content de ma décision, maintenant qu’elle est prise je peux simplement continuer de travailler fort et me préparer pour la saison », a-t-il assuré, jeudi, en visioconférence, ajoutant au passage que c’était très important pour lui de se rapprocher de sa famille. 

Les complications reliées à la COVID-19 ont donc empêché Sénécal de vivre ce rêve du football américain, mais il sonne déjà passablement serein avec cette conclusion. 

« Je vis bien avec ça, je suis content de mon choix. Je ne pense pas que j’aurais pu en prendre un autre. Je l’ai fait pour moi et je suis vraiment satisfait », a réagi le quart-arrière qui avait raconté à RDS, en janvier dernier, qu’il tenait à goûter à cette aventure américaine pour ne pas le regretter

« Attendre une autre saison pour peut-être jouer, j’avais vraiment le goût de venir jouer à Montréal et me développer », a-t-il ajouté. 

Les entraîneurs des Huskies avaient identifié Sénécal comme un joyau pour leur ascension sur la scène universitaire américaine. L’annonce a donc dû être déchirante à faire, mais il explique qu’il a senti leur appui jusqu’à la fin. 

« Quand j’ai décidé de partir, je leur ai annoncé quatre ou cinq jours avant. Je suis allé les voir, on a parlé de ma situation. Ils m’ont vraiment aidé, ils m’ont demandé si c’était final et ils m’ont aidé dans le processus du retour avec les nombreuses mesures reliées à la pandémie. Je n’ai rien à dire contre l’Université », a précisé le droitier qui change instantanément le portrait offensif des Carabins. 

Ce revirement semble donc définitif.

« Avec la décision que j’ai prise, je ne peux pas retourner aux États-Unis (avec UConn). C’est une décision que j’ai prise avec l’entraîneur, je renonçais à ma bourse », a précisé Sénécal qui ne s’imagine pas se tourner vers une autre institution américaine.  

« Je ne prévois pas vraiment faire ça. » 

Ainsi, il ne lui restait qu’à « choisir » sa nouvelle équipe au Québec puisque toutes les équipes voudraient miser sur un athlète avec un tel potentiel. 

« Je n’avais pas décidé où j’irais. J’avais des idées en tête, c’est sûr que la présence de Marco à l’Université de Montréal, c’était un plus pour moi. Je n’ai pas vraiment parlé à d’autres équipes, mais j’ai discuté un peu avec Glen Constantin de l’Université Laval, mais mon choix s’est vraiment arrêté sur l’Université de Montréal. 

Un dénouement précieux pour Iadeluca

« Je peux vous dire que j’ai passé beaucoup de temps sur zoom depuis les quatre ou cinq derniers mois, mais cette discussion, mercredi après-midi, est celle que j’ai le plus appréciée. On est extrêmement heureux de l’arrivée de Jonathan avec nous, ça nous assure une belle relève à cette position importante », a lancé Iadeluca en souriant. 

« Je ne peux pas dire que j’ai été surpris parce qu’on n’a jamais perdu contact. Même quand il était à UConn, on se parlait sur une base régulière. Par contre, je savais qu’il aurait plusieurs options en revenant au Canada. Le fait qu’on se connaisse depuis un certain temps et qu’on ait une bonne relation, ça nous a aidés. Montréal, c’est aussi la maison pour lui », a poursuivi Iadeluca.  

L’entraîneur des Carabins s’est empressé de préciser que son équipe était déjà bien nantie au poste de quart-arrière et que Sénécal devra désormais se plonger dans le cahier de jeux. 

Ça ne devrait pas être un souci pour Sénécal qui est reconnu comme un quart cérébral en plus de miser sur des qualités athlétiques supérieures à la moyenne à cette position. Gabriel Cousineau, qui a joué un rôle important dans son développement, l’avait d’ailleurs décrit ainsi. 

« Quand il est arrivé au CÉGEP, dès sa première année, je trouvais qu’il était plus avancé que des gars de troisième année et même plus loin que certains quarts universitaires dans sa compréhension du jeu. C’est vraiment impressionnant comment il comprend vite. »

De plus, Sénécal pourra affûter son arsenal en profitant des conseils d’Anthony Calvillo. Les deux hommes partagent justement ce côté cérébral et personne ne sera blâmé d’avancer que Sénécal est plus mobile. 

Toujours en attente pour la saison 2020

Avant de pouvoir fouler le terrain des Carabins, Sénécal doit encore s’astreindre à douze jours de quarantaine. Ensuite, il pourra prouver qu’il est plus préparé physiquement qu’il ne l’a jamais été comme il le mentionne lui-même. 

La bonne nouvelle, c’est que son genou gauche est rétabli à 100%. La mauvaise, c’est que l’incertitude plane toujours sur le sort de la saison 2020. Si l’annulation était décrétée, il ne serait pas trop abattu. 

« Pour moi, ce ne serait pas vraiment comme perdre une année parce que je n’aurais pas joué avec UConn (leur calendrier étant déjà annulé). 

Que ce soit en 2020 ou 2021, ce sera très intrigant de constater son impact avec les Carabins. Prudent, Iadeluca refuse de se jeter dans des comparaisons comme celle avec Michael O’Connor qui avait les Thunderbirds de l’Université de la Colombie-Britannique à soulever la coupe Vanier dès son retour au Canada. 

« On n’oubliera pas qu’on ne sait pas s’il y aura une saison, on va y aller une étape à la fois », a conclu Iadeluca qui s’en souvient très bien puisque UBC avait battu l’attaque des Carabins qu’il dirigeait en 2015.