Amos a ouvert son cœur et ses rues aux milliers d'athlètes et de visiteurs qui sont venus participer à la finale des Jeux du Québec.

Si on nous avait longuement vanté l'accueil des gens de l'Abitibi, je dois avouer que les commentaires étaient encore bien loin de la réalité.

Rarement ais-je vu une ville où tous les gens n'ont qu'une idée en tête, nous être agréables et nous faire partager leur amour de leur région. On peut certes dire que c'est mission accomplie. Que ce soit dans les commerces, dans les rencontres fortuites dans la rue, sur les sites de compétition ou dans des cérémonies plus formelles, tous les Amossois ont sur les lèvres ce même sourire, cette chaleur dans la poignée de main et une grande sincérité dans le regard.

Nous qui ne sommes pourtant que visiteurs, nous en arrivons à nous sentir ici chez nous et à nous découvrir presque une seconde famille. Mais en fait cette famille elle existe…c'est celle des Jeux!

La route verte

La route verte sillonne le Québec et offre aux cycliste plus de 3000km de voies cyclables. Elle passe par l'Abitibi par les routes 109 et 111. Le tronçon de la route 109 est particulièrement intéressant. Les accotements de la route y ont été tout récemment asphaltés afin de donner aux cyclistes une voie large, sécuritaire et agréable à rouler. J'ai eu l'occasion d'aller m'y balader plusieurs fois cette semaine, une fois les compétitions couvertes terminées.

Quel plaisir y ais-je trouvé! Se promener à vélo, c'est entrer dans l'intimité d'une région, la connaître dans ses recoins les plus secrets, découvrir les charmes qu'elle ne réserve bien souvent qu'aux initiés. C'est prendre le temps de tâter son pouls, de respirer ses odeurs, de la regarder se faire parfois séductrice, parfois rebelle pour nous ensorceler encore mieux et s'assurer de notre fidélité.

Les champs dorés frémissent sous le murmure du vent, les verges d'or nous rappellent que nous sommes dans le règne du mois d'août, des fleurs fushia dont j'ignore le nom se dressent en bouquets pimpants le long de la route, une chenille ondule paresseusement sur l'accotement, profitant de la chaleur de l'asphalte et hésitant à se lancer dans la traversée suicidaire de la route, une corneille croasse en se posant sur la cime d'un arbre, la terre vit tranquillement autour de moi et partage généreusement ses précieux trésors avec moi.

Le vélo est peut-être l'équivalent terrestre du kayak de mer pour connaître une région. Tous deux nous permettent un contact très intime avec l'environnement et nous donnent le temps de le prendre justement… Si j'ai pu me balader à ma guise ainsi durant mon séjour à Amos, c'est grâce à Pierre Dufresne, propriétaire de la boutique Pur Vélo de Amos. Il m'a prêté, le temps de mon séjour, un vélo Devinci afin que je puisse continuer de m'entraîner en vue d'un raid (au Kenya!) dont je vous parlerai bientôt. Léonardo, c'est ainsi que j'ai nommé le vélo, et moi avons vécu une très belle relation et c'est avec une certaine tristesse que je vais le quitter…

Grâce à lui j'aurai non seulement parfait ma condition physique, mais je rapporterai en moi des images inoubliables de cette région à la fois sauvage et accueillante que j'ai découvert avec tant de plaisir…

Journée de congé

Lors du changement de bloc, nous avons bénéficié de plusieurs heures de congé, précédant le traditionnel souper des médias en soirée. Avec plusieurs collègues de RDS, nous avons profité de ce temps de liberté pour aller faire une petite excursion en kayak et en canot sur la rivière Harricana, à partir de la base de plein air Figuery située à une dizaine de kilomètres d'Amos. Rien n'est loin ici.

La rivière Harricana est l'une des plus longues voies navigables du Canada. Elle s'étend sur près de 500km de Val d'Or à la Baie James. Elle fait certes partie des charmes de la ville d'Amos, serpentant à travers ses quartiers pour illuminer de sa présence l'agora naturelle d'où vous parviennent les cérémonies d'ouverture et de fermeture.

Notre «expédition» a débuté sur le lac Figuery à l'étendue respectable mais à la profondeur timide (1m30) pour l'ensemble du lac. Je souhaitais «monter» vers Amos, mais comme le vent soufflait de dos pour prendre ce chemin, mes compagnons estimaient que le retour en vent de face serait trop fatigant. Nous avons donc opté pour le chemin inverse…le pire qui pouvait nous arriver serait de dériver jusqu'à la Baie James… À deux dans des kayaks solos et quatre dans le canot, nous sommes partis la pagaie joyeuse. Dans l'effervescence des Jeux et du travail soutenu, cette pause dans la nature nous faisait le plus grand bien. De temps à autres notre regard s'attachait sur un vol de hérons pour dévier ensuite sur celui d'un oiseau de proie en quête de déjeuner.

Dans notre canot, où nous avons subitement senti remonter en nous quelques vagues ascendances amérindiennes, nous nous sommes mis à chanter pour rythmer notre effort et surtout pour s'amuser comme des fous. Il a bien fallu revenir, mais le soleil subrepticement s'était caché derrière un gros édredon de nuages épais et menaça. Et, ô surprise, le vent avait tourné et pris beaucoup de vigueur. Le retour paresseux anticipé allait s'avérer être beaucoup plus costaud. Lorsque nous avons débouché sur l'étendue du lac Figuery, sa surface si calme quelques heures plus tôt s'était transformée en une mer tourmentée où les vagues soufflées par le vent laissaient les moutons courir à leur crête.

L'eau entrait dans le canot par à-coups, arrosait mon vaillant second posté à la proue en n'épargnant pas au passage nos compagnons du milieu. Mais quel plaisir nous avons eu à travailler dur dans ces vagues folles, d'autant plus qu'une pluie drue est venue saluer nos efforts. Nous gardions tout de même un œil ouvert sur les nuages, prêts à regagner le bord si un orage se mettait de la partie. Nos kayakistes luttaient de leur côté contre les éléments déchaînés, en y trouvant autant de plaisir que nous.

Et finalement quand nous avons atteint le quai, le vent est tombé et le soleil est revenu