L’année 2018 fut particulièrement faste pour le Canada en patinage artistique avec quatre médailles olympiques, un titre mondial et une médaille de bronze. Mais après avoir connu la gloire et eu une carrière bien remplie, plusieurs patineurs canadiens se sont retirés de la compétition, certains au terme d’une planification de retraite soigneusement orchestrée, d’autres sur l’impulsion du moment. Le pays s’engage maintenant dans un cycle de reconstruction, ce qui n’est pas sans rappeler d’autres disciplines sportives sur glace...

Ainsi le couple Megan Duhamel et Eric Radford, médaillé de bronze aux Jeux olympiques, avait annoncé sa retraite avant l’événement, de même que les médaillés d’or en danse Tessa Virtue et Scott Moir.  Même scénario pour Patrick Chan qui tire sa révérence après trois médailles olympiques, trois titres de champion mondial et dix titres nationaux, de quoi meubler ses souvenirs quand il se bercera au coin du feu. Si l’année « sabbatique » de Kaetlyn Osmond, annoncée au mois d’août, a un peu plus surpris, on peut aussi la comprendre. Impliquée dans la tournée « Thank you Canada », il devenait difficile pour elle de répondre à la fois aux exigences de la compétition et aux impératifs d’une tournée pancanadienne. Et Gabrielle Daleman, championne canadienne en titre, a sagement décidé de prendre une pause alors qu’elle en avait le plus grand besoin. Pas à cause d’un problème physique, mais plutôt d’une fragilité mentale qui nécessitait tout autant de soins qu’une blessure à la cheville ou au genou. Le point commun entre tous ces patineurs est qu’ils furent tous médaillés d’or par équipe à Peyongchang.

À ces glorieux Olympiens ayant désormais tourné la page, il faut ajouter le couple de danseurs Kaytlin Weaver et Andrew Poje qui ont décidé de ne pas participer à la saison des Grands Prix, mais qui seront de retour pour le championnat canadien en janvier. Quant à Larkyn Austman, médaillée de bronze du dernier championnat canadien, elle doit soigner une blessure à la cheville subie en septembre dernier et on attend son retour un peu plus tard dans la saison.

Grand potentiel

Ce sera donc une année de renouveau pour le Canada, une ouverture pour les jeunes patineurs émergents, l’occasion de s’approcher d’un podium canadien, d’une expérience internationale.

« On a du potentiel, s’enthousiasme la chef de l’équipe canadienne Manon Perron, celle qui fut l’entraîneuse de Joannie Rochette. C’est une grande porte ouverte pour Alicia Pineault et Veronik Mallet par exemple. Alaine Chartrand a connu de grands moments lors de son titre canadien il y a trois ans et travaille très fort pour y rervenir. Nam Nguyen a connu un bon début de saison et le couple formé de Evelynn Walsh et Trennt Michaud est solide, on peut compter sur eux. Quand une génération de patineur termine son cycle, pour nous c’est un projet de quatre ans qui s’enclenche, et qui s’étirera ensuite sur huit ans. »

« Si on regarde les femmes, poursuit-elle, les nôtres ne sont pas au sommet de leurs capacités au début de l’adolescence comme les Russes. Elles sont fortes sur la scène mondiale vers 22-23 ans, comme on a pu le voir avec Osmond et Daleman. De plus, on a les meilleurs entraîneurs au monde, s’exclame-t-elle. En couple, en danse, en individuel, tous les patineurs de la planète veulent être coachés par nos entraîneurs et nos jeunes y ont accès. Même si beaucoup de nos athlètes ont pris leur retraite, on est loin d’être en mode panique! »

Les Grands Prix de Skate America et Patinage Canada sont les premiers de la saison, ceux qui donnent le pouls pour l’année à venir. C’est l’occasion pour les patineurs de roder leurs programmes et de tenter de se qualifier pour la finale qui aura lieu à Vancouver cette année.

Mais le Grand Prix du Canada, c’est encore plus près de nous, soit à Laval le week-end prochain. « C’est une très belle compétition, souligne Manon Perron. Quand les Grands Prix sont attribués aux athlètes, tous espèrent être sur la liste de celui du Canada. Le sport est aimé ici, le public est enthousiaste et connaisseur. Il y a aussi le fait que les médias sont très présents, alors pour ces jeunes athlètes, c’est une expérience extraordinaire. »

Cette édition 2018 réunira de grands noms du patinage. Le Canada y aura trois représentants dans chacune des quatre disciplines, hommes, femmes, couples et danse qui feront face à des athlètes venus du Japon, dont Shoma Uno, vice-champion du monde et médaillé d’argent aux JO,  de la Russie, pensons à Evgenia Medvedeva, double championne du monde et aussi médaillée d’argent aux JO, et aux Américains, entre autres les danseurs Hubbel et Donohue, deuxièmes aux derniers championnats du monde.

Du bien beau monde, de la bien belle compétition. On serait bien fou de s’en passer!