Joannie Rochette répond à son téléphone d'une voix soutenue. Le bruit des voitures ne laisse planer aucun doute. Elle est encore à Los Angeles, 72 heures après sa médaille d'argent aux championnats du monde de patinage artistique.

Il est 9h00, heure locale. Non, Joannie ne fait pas la grasse matinée sous les chauds rayons de la Californie. Elle est en direction de l'aréna… pourtant sa saison s'est terminée avec les mondiaux.

« Je dois me préparer pour la tournée Stars On Ice. Dans deux semaines, on part pour le Japon et on revient par la suite pour des spectacles en Amérique du Nord. », lance-t-elle. «Je commence une vie de 9 à 5 jusqu'au 13 mai. Après, j'aurai du temps pour moi. »

N'allez pas croire que Joannie a eu le temps de faire la fête après sa médaille d'argent. Elle avait pourtant toutes les raisons de le faire. Joannie mettait un terme à 21 ans de sécheresse pour les patineuses canadiennes aux Mondiaux.

« Je suis très fatiguée et je n'ai même pas eu le temps de fêter. Le lendemain de ma compétition, il y avait le gala de fermeture et j'ai repris l'entraînement lundi », explique-t-elle.

Deuxième position : le scénario parfait

Terminer deuxième est probablement la meilleure chose qui pouvait arriver à Joannie. Non seulement ce résultat démontre une nette progression, mais il place Joannie toujours en situation de pouvoir s'améliorer.

« Ce qui est bon, c'est que je n'aurai pas toute la pression jusqu'aux Jeux olympiques de Vancouver », soutient-elle.

Tout au long de sa carrière, Joannie a pourchassé les meilleures au monde. Chaque fois, elle s'est rapprochée de son objectif, de sa proie. En 2006, aux Jeux olympiques de Turin, elle commençait à placer ses pions en terminant au cinquième rang.

Par la suite, elle a tenté des expériences. Patiner sur une musique de Jimi Hendrix, entre autre chose. Les résultats ont démontré que le milieu conservateur n'était pas près à ce genre d'innovation. En 2008, elle retrouvait son cinquième rang aux Mondiaux.

Joannie et son entraîneuse, Manon Perron, ont ajusté le tir et aujourd'hui Joannie en récolte les fruits.

« Il ne faut pas oublier que c'est un sport jugé. Je suis contente que les juges remarquent la qualité de mon programme. Disons que ça été un long processus pour en arriver là », explique la jeune patineuse de 23 ans.

La pression : qu'est-ce que c'est?

Ce n'est pas tant le résultat, mais la façon avec laquelle Joannie a atteint le podium. Comme la plupart des athlètes d'élite, Joannie a du talent à revendre. Un talent qui était indéniable au début de sa carrière. Depuis quelques années, on dirait que rien ne peut la déranger lorsqu'elle saute sur la glace.

Faut la voir frapper dans les mains de ses entraîneuses quelques secondes avant d'entamer un programme. Ça respire l'assurance à plein nez et ça se traduit par des performances à la hauteur de ses propres attentes.

Les championnats du monde à Los Angeles se voulaient la dernière compétition avant les Jeux olympiques où les meilleures patineuses au monde s'affrontaient. Joannie vient de lancer un message clair. La saison prochaine, les meilleures seront dispersées à travers les différentes épreuves Grand Prix.

Et la Coréenne?

Si Joannie aspirait à un podium aux Mondiaux, elle peut maintenant viser le sommet à Vancouver.

L'obstacle numéro un à ce projet a pour nom Yu-Na Kim. C'est cette Coréenne qui a devancé par plus de 16 points Joannie au premier rang mondial. Est-ce une victime potentielle sur ton futur tableau de chasse?

« Honnêtement, si elle patine comme elle l'a fait à Los Angeles, elle est difficile à battre. Sauf qu'avec quelques petites erreurs, tout peut arriver », admet Joannie.

Tout peut arriver, c'est vrai! Même de se retrouver en Californie et être obligée de passer ses journées dans un aréna frigorifié. Quel paradoxe! Pendant ce temps, un certain patineur de vitesse courte piste en profite pour arpenter les plages de Malibu…

Bloc-notes

Situation qui est presque passée inaperçue après la médaille d'argent de Joannie et qui n'a pas été relevée par les journalistes américains.

Joannie a fait appel aux services d'un patineur chevronné et plutôt gracieux pour sa préparation en vue des championnats du monde.

Vidéo à l'appui ICI.