Marianne St-Gelais n’a pas changé d’un iota depuis les Jeux de Vancouver. Toujours aussi énergique, dynamique, elle s’anime lorsque je lui parle de sa coéquipière Valérie Maltais.

Petit retour en arrière. Aux Jeux Olympiques de Vancouver, l’équipe canadienne de patinage de vitesse courte piste remporte la médaille d’argent au relais. Les 4 filles sont rayonnantes sur podium. Pendant ce temps, aux abords de la patinoire, Valérie Maltais assiste impuissante à la cérémonie. Elle n’aura pas sa médaille. Son entraineur ne l’a pas utilisée lors de la demi-finale et elle n’a pas participé à la finale. Donc pas de médailles. Seule au monde.

Valérie est dévastée. « On savait que c’était un dur coup pour elle. », se rappelle Marianne. « Moi, je connais Valérie depuis qu’on a 10 ans. Dans son cas, ça passait ou ça cassait. Elle a tellement de caractère, je me disais qu’elle allait rebondir. » Et c’est ce que Valérie a fait. De brillante façon.

De substitut à Vancouver, Valérie s’est hissé au sommet de la hiérarchie canadienne en courte piste. La saison dernière, elle a remporté le championnat canadien, médaillée de bronze au 1000 mètres aux championnats du monde, 2e au classement général de ces mêmes championnats.

« Les Jeux de Vancouver ont été comme une gifle. Ça été un point tournant dans ma carrière », précise Valérie dont le talent est indéniable. Suffisait de tout réunir pour qu’elle le démontre clairement. « Maintenant, c’est du passé et je regarde devant. »

Vedette des Jeux de Vancouver et consacrée l’étoile de l’équipe, Marianne St-Gelais se réjouit des succès de sa coéquipière. « J’ai été soulagé de la voir revenir en force. Elle a beaucoup de potentiel. Le fait qu’elle soit maintenant la numéro 1, ça me force à pousser davantage. On se pousse l’une et l’autre. »

Des jeunes « vieilles »

Avec l‘expérimentée Marie-Ève Drolet, Valérie et Marianne forment maintenant le trio de leaders de l’équipe canadienne. Elles sont toutes originaires du Saguenay Lac St-Jean.

À 22 ans, Marianne et Valérie sont encore toutes jeunes. Mais comme elles se plaisent à le rappeler, elles ont déjà beaucoup d’expérience. « Oui on est jeune mais on a quand même fait les Jeux Olympiques à 19 ans. Valérie a fait les championnats du monde seniors à 18 ans. Nous sommes des jeunes vieilles.», lance Marianne tout sourire en se tournant vers Valérie.

Et c’est encore plus vrai au contact des jeunes patineuses de 14 et 15 ans qui s’entrainent avec le groupe de l’équipe nationale. « Ça donne un coup de vieux, quand on les entend nous dire. ‘Hey yo, attention, je vais te dépasser.’ Ou avec des expressions du style ‘ Hey c’est genre comme…’. » « On ne se trouve pas vieille mais on se sent vieille… J’imagine qu’on était comme ça à cet âge-là », de dire Valérie.

À ce sujet, Marianne a une anecdote. « Quand Marie-Ève Drolet est revenue dans l’équipe, je lui ai montré une photo d’elle et moi alors que j’avais 14 ans. Et récemment, une des jeunes de l’équipe Genève Bélanger est venue me voir avec une photo d’elle prise en ma compagnie lors du défilé des athlètes en 2010… Ça fesse! », lance Marianne.

L’équipe féminine a perdu des valeurs sûres depuis quelques années. On a qu’à penser à Tania Vicent et Kalyna Roberge qui ont pris leur retraite. « Tania partie, c’est maintenant Marie-Ève qui est la sagesse de l’équipe. C’est la force tranquille de l’équipe.»

Maintenant qu’elle est classée première au Canada, Valérie se permet également un peu plus de liberté au sein de l’équipe. « Je ne me gêne pas pour donner des conseils aux autres. La chimie est excellente au sein de l’équipe. Tout le monde connait son rôle. », explique-t-elle.

En route vers Sotchi en 2014

Lorsqu’on évoque les Jeux de Sotchi, on sent la fébrilité chez Valérie et Marianne. Maintenant qu’elles ont connu l’expérience olympique, elles savent à quoi s’attendre. La saison actuelle sera une saison de peaufinage pour bien se préparer en vue des qualifications olympiques en août 2013. « En 2010, on ne s’attendait pas à se qualifier pour les Jeux. Cette fois, c’est complétement différent. Il faudra être prêt car tout peut arriver. Des surprises il peut y en avoir tout le temps lors des qualifications. », de dire Valérie.

« Après ce que j’ai vécu à Vancouver, je ne peux pas ne pas avoir d’attentes. Je veux aller à Sotchi. En 2010, nous étions les chasseurs plutôt que les proies. C’est maintenant l’inverse… », souligne Marianne.

Si la dynamique a changé depuis Vancouver, Marianne, elle, n’a pas changé. Comme elle le dit si bien, « Je fais encore le ménage chez nous pis je lave ma toilette comme tout le monde. »

Toute l’équipe canadienne sera en action à l’aréna Maurice- Richard à Montréal du 26 au 29 octobre prochain. En ces temps de lock-out dans la LNH, il s’agirait d’une belle occasion d’aller voir ceux qui seront à Sotchi en 2014.