Jeudi dernier, j‘ai eu le privilège (le mot est faible) d‘être l‘un des 12 000 porteurs de la flamme olympique. J‘ai lancé à la blague à mes collègues que je visais de franchir la distance des 300 mètres en 30 secondes; une simple règle de trois en tenant compte que Usain Bolt fait 100 mètres en 9,59.

Finalement, je n‘ai pas couru aussi rapidement et je dois vous avouer que j‘avais sous-estimé le pouvoir de la flamme olympique.

Chronologie des événements. 90 minutes avant de se retrouver à l‘endroit précis de notre relais, les organisateurs rencontrent le groupe de porteurs. Un groupe pour le moins diversifié: un américain, une personne en fauteuil roulant, un auteur-compositeur-interprète-cinéaste, entre autres.

Après une séance de motivation avec notre G.O. du relais de la flamme, nous voilà prêt pour aller retrouver l‘endroit où nous allons porter la flamme.

Je suis superstitieux. J‘ai le numéro 139. J‘additionne le tout et je me rends compte que ça fait 13. Malchance à venir? Presque!

Après 5 minutes à bord d‘une navette, on me “largue“ au coin du Chemin Rockland et de Jean-Talon. Sur le poteau, ma pastille “139”. Je suis au bon endroit. Une intersection des plus achalandées et c‘est l‘heure de pointe. C‘est alors que s‘amorce une véritable symphonie de klaxons de voitures. Vêtu du superbe uniforme fourni à tous les porteurs, je deviens une méga star instantanée. Les gens me prennent en photo à bord de leur véhicule. C‘est FLAMME ACADÉMIE!

Des parents m‘apportent leurs enfants afin de prendre des photos avec le flambeau (qui n‘est toujours pas allumée, je vous le rappelle). C‘est surréaliste!

Près de la catastrophe

Voilà maintenant 10 minutes que j‘ai les 2 pieds dans la gadoue et que je suis le point de mire des passants. Toujours pas de flamme à l‘horizon. Les véhicules circulent allégrement. Je sens que je vais devoir courir sur le trottoir.

Pendant ce temps, un coin de rue plus loin, plusieurs véhicules de police sont déployés. Sans faire de jeux de mots, “j‘allume”. Je suis au mauvais endroit. Le relais a été détourné afin de faciliter le déneigement sur les grandes artères mais on ne m‘a pas avisé.

J‘amorce ma course avec un flambeau toujours pas allumé. J‘arrive au coin de la rue où l‘escouade qui dirige le flambeau arrive en trombe. Le relais s‘en vient et je suis déjà à bout de souffle.

Puis vint le moment symbolique où mon flambeau s‘enflamme afin que j‘amorce mon court relais de 300 mètres. Je ne me l‘explique pas encore, mais je suis parti comme une balle.

Comme pour tester le grand athlète en moi, je devais affronter une lourde dénivellation durant mon parcours. Alors que j‘affrontais les derniers mètres, la vue de mon Héritier #1 de 4 ans a déclenché une décharge d‘adrénaline qui m‘a permis d‘atteindre le sommet.

Puis tout s‘est passé très vite. Le temps de donner une “clip“ à la caméra de RDS, 30 secondes plus tard, mon flambeau était éteint et je me retrouvais dans la navette à penser à ce que je venais de vivre. Tout était terminé. Je redevenais “normal”. Terminé, FLAMME ACADÉMIE.

Ce fut un privilège, comme ce l‘est de côtoyer de façon régulière plusieurs de nos athlètes québécois qui vont nous représenter à Vancouver. Vancouver seront mes 5e Jeux Olympiques. Ce que j‘ai vécu le 10 décembre dernier vaut n‘importe quelle présence (pour un journaliste) à la plus grande manifestation sportive de la planète.