Julien Chouinard, moi et Samuel Saint-Antoine

Je suis bien consciente, lorsque je couvre les jeux du Québec, que je n’en vois qu’une infime partie. J’ai beau le travailler très fort, je n’ai pas encore réussi à maîtriser le don d’ubiquité… Je vous parlerai donc de ce que vois, et dans ce cas-ci de tennis.

Le tennis nous a habitués aux grandes stars, aux tournois d’envergure et aux millionnaires de la raquette. C’est vrai qu’il est spectaculaire et passionnant à ce niveau, mais il peut être aussi fascinant à l’autre bout de la lorgnette, quand les athlètes y font leurs premiers pas, y jouent leurs premiers tournois.

Aux Jeux du Québec, la première catégorie est de 12 ans et moins. Ce sont des athlètes qui ne peuvent certes pas miser sur la puissance de leur service ou de leur coup droit, mais qui jouent avec un engagement et un sérieux qui n’ont rien à envier aux professionnels.Déjà à 12 ans on commence à voir une différence. La connaissance du jeu est plus grande, la base commence à être acquise. À 14 ans, on passe à un autre niveau. Plus grande variété de coups, quelques prémices de stratégie, des services mieux placés et plus impressionnants. Et à 16 ans, on peaufine…

Nous avons couvert jusqu’ici, deux matches en simple garçons. Deux matches différents mais très intéressants tous les deux. Dans le premier, où vous me voyez poser fièrement entre les deux athlètes sur la photo plus haut, deux jeunes de 16 ans qui ont du talent mais encore à l’état brut. Le potentiel est là, il suffit maintenant de le polir et de le développer. Mais ce que j’ai aimé par-dessus tout de ces deux joueurs, c’est leur attitude et leur grande disponibilité. Avertis au dernier instant qu’ils allaient jouer devant la télé, changeant de terrain pour nous accommoder, ils ont pris la nouvelle avec bonne humeur et même enthousiasme. Avant la rencontre, Samuel Saint-Antoine, de la Rive-Sud et Julien Chouinard, de la Côte-Nord discutaient avec nous côte à côte, non pas comme des adversaires, mais plutôt comme des garçons qui viennent de se faire un nouvel ami. Très décontractés, ils ont ensuite attaqué leur match avec sérieux et ont su faire face à cette pression supplémentaire qu’amenaient les caméras. Samuel a gagné mais Julien n’a pas mal paru dans la défaite. La patience de l’un a eu raison de la fougue de l’autre. Mais plus important encore, cette belle attitude qui prévalait avant le match était toujours là après la rencontre.

Aujourd’hui nous avons eu droit à tout un duel entre Samuel Bouchard de la Côte-Nord et Pascal Lachapelle des Laurentides, chez les 14 ans. Dès les premiers instants, Samuel a pris avantage de son gabarit, frappant des coups en puissance et secouant son adversaire qui s’est mis à tirer de l’arrière, jusqu’à aller 4–0 dans la première manche. Mais c’était sans compter sur la détermination de celui-ci. On nous avait décrit Pascal comme étant un athlète ayant une belle maturité de jeu malgré ses 13 ans et il en a fait la preuve sur le terrain. Il s’est accroché et a réussi à remonter jusqu’à 5–4 avant de s’incliner 6–4. Dans la deuxième manche de ce 2 de 3, le scénario semblait vouloir se répéter : avance de Samuel 3 à 0, mais Pascal remonte et subitement le match se retrouve à 6–6, obligeant le bris d’égalité. C’est finalement Samuel qui l’emportera, de façon juste et logique puisque c’est quand même lui qui aura mené durant tout le match. Mais nous avons eu droit à tout un spectacle, celui de deux athlètes qui se donnent entièrement et passionnément à ce qu’ils font, sans calcul aucun, pour le plaisir de bien jouer et d’y mettre tout son cœur. Même le perdant était heureux à la fin. Il pouvait se retirer la tête haute et avec le sentiment de ne jamais avoir abandonné.

Reverra-t-on un jour l’un de ces jeunes sur des circuits élite? Difficile à dire. Comme la plupart pratiquent plusieurs sports, ils sont encore à l’âge des choix. Mais si l’expérience des Jeux du Québec est positive pour eux, elle servira certainement de motivation pour aller un peu plus loin, en tennis ou ailleurs, et pour mettre les efforts qu’il faut pour atteindre de nouveaux buts. Il leur faudra se rappeler qu’on ne nait pas champion, on le devient…

*

Pour ne rien manquer, rendez-vous dans la section spéciale du RDS.ca. Aussi, joignez-vous à moi dans le groupe Grand Club des Jeux du Québec. Soyons nombreux à encourager nos athlètes, entraineurs, arbitres et bénévoles qui prennent part à cette 40e édition!