Quel match ! Quelle intensité ! Quelle fougue ! Je suis tombée sous le charme de l'équipe de basketball masculine du Québec, cette équipe que nous avons suivie toute la semaine et qui nous a fait passer par toute la gamme des émotions.

Les joueurs de cette équipe sont jeunes mais démontrent une telle maturité sur le terrain que l'on s'étonne que les plus âgés d'entre eux atteignent à peine 19 ans. Ils évoluent au niveau collégial et même encore au secondaire en ce qui concerne Marc-Daniel Rénelique, et ont affronté toute la semaine des joueurs issus de niveau universitaire où la compétition est plus forte.

Les représentants du Québec arrivaient avec de grandes aspirations, la médaille d'or et rien de moins. Mais lorsque l'on voyait la grandeur des joueurs qu'ils devaient affronter, un doute bien légitime s'installait. C'était sans compter sur le cœur de cette équipe, un cœur qui leur donnait un avantage de plusieurs centimètres sous le panier. Pour bien se placer, ils voulaient terminer premiers de leur groupe et leur progression fut magistrale. Ils ont commencé d'abord timidement dans les premiers instants de leur premier match contre le Nouveau-Brunswick, mais peu à peu ils ont bâti cette assurance qui allait leur permettre de tout dévaster sur le terrain.

Tour à tour la Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve, le Yukon et la Saskatchewan ont goûté à leur médecine, tour à tour ces équipes ont succombé devant la maîtrise et la superbe arrogance de cette équipe bien menée. Lorsqu'ils sont arrivés à la demi-finale, ils avaient déjà cinq victoires à leur fiche. Mais le défi s'annonçait de taille ! L'Alberta dont la moyenne de grandeur des joueurs se situe autour de 6 pieds 5 pouces n'allait pas faire de quartiers.

Le Québec tirait de l'arrière par dix points à la demie, mais les gars se sont pris en main. Durant la pause de la mi-temps ils se sont parlés et sont allés puiser au fond d'eux-mêmes les forces qui allaient leur permettre de prendre le dessus en deuxième demie. «Nous nous sommes dit que nous n'étions pas venus ici pour perdre, soulignait Keder Hyppolite après le match, alors nous avons fait ce qu'il fallait.» Et comment ! Un revirement de 20 points en un quart et demi allait les remettre sur le sentier de la victoire et leur permettre de vaincre ces géants de l'Ouest du pays.

Une finale au sommet

C'était maintenant la finale qui se profilait, une finale qui allait les confronter à la Colombie Britannique, toujours présente aux grands rendez-vous. A l' entrée des gars du Québec dans le gymnase, on sent qu'il y a quelque chose qui accroche. Mario Joseph se traîne les pieds, son lecteur de disques à la main, et une infinie tristesse voile son regard habituellement si pétillant. L'explication vient de Carlo Galli, entraîneur-adjoint et physio. Mario s'est fracturé le genou, une fracture mineure mais suffisante pour le tenir à l'écart du jeu. On ne badine pas avec la santé de ces jeunes en pleine formation. Mario devrait regarder le match du banc et c'est à grand-peine qu'il retenait les larmes de déception qui se bousculaient dans ses yeux.

Autre mauvaise nouvelle, Keder Hyppolite a une fracture de stress au talon droit. Il jouera, mais jusqu'à quel point en sera-t-il handicapé ? C'est sous ces auspices que le match commence… La Colombie Britannique attaque dès le début. Chris Trumpy sera l'homme à arrêter. Tout lui réussi et il faudra attendre le troisième quart pour le voir rater un premier tir.

Volcy et Casseus se portent à l'attaque, mais Hyppolite et Morin sont curieusement silencieux. Les gars peinent un peu et les tirs de trois points ne marquent pas. A la demie, ils ont un pourcentage d'efficacité de 18.5% sur ces tirs contre 60% pour la Colombie Britannique. Mais l'écart n'est que de 7 points. Rien de dramatique si on s'accroche. Lorsque la deuxième demie commence, on sent que quelque chose va se passer. Subitement ils occupent tout l'espace sur le terrain, les tirs de trois points vont vibrer le filet du panier et Volcy qui n'avait marqué que deux points au deuxième quart explose littéralement. Il est sur tout les jeux, il vole au-dessus de ses adversaires qui ne savent plus où donner de la tête, étourdis par son brio.

Morin retrouve son efficacité, Hyppolite se faufile à nouveau sous le panier, laissant les défenseurs à des année-lumières derrière lui. Le soleil de la Colombie Britannique pâlit lentement sous le feu des québécois qui ont retrouvé toute leur verve et leur assurance. Le chrono égrène lentement, trop lentement ses secondes, mais finalement la victoire se pointe à l'horizon. Coincés, paniqués les joueurs de la Colombie Britannique multiplient les fautes afin d'arrêter l'horloge qui marque leur mort prochaine, mais en vain. Les joueurs du Québec continuent de dominer le ballon qui voyage sur le terrain au rythme de leur fantaisie.

Et finalement la sirène se fait entendre, doux chant de la victoire qui proclame bien haut la suprématie du Québec : 76-65. Une vraie guerre de tranchée gagnée dans l'honneur devant un adversaire brave et noble dans la défaite.

L'émotion envahit alors le gymnase. Volcy exulte, 33 points dans le match ! David Noël est fébrile…il a su contenir son ardeur à quatre fautes et éviter l'expulsion. Morin téléphone au Québec, Joseph a retrouvé son sourire qui lui illumine le visage, Hyppolite, toute douleur au talon oubliée, jubile. Et Bilodeau, Casseus, Leblanc Grégory Noël, Rénelique et Dosado hurlent leur joie.

«Ce sont des gars extraordinaire, s'exclame Carlo Galli, parfois ils s'impatientent entre eux sur le terrain, mais ils sont tellement proches l'un de l'autre. Ces gars iraient à la guerre ensemble !» Mais n'est-ce pas un peu ce qu'ils viennent de faire ? L'entraîneur Marzinotto est trempé des pieds à la tête…à la fois par l'effort fourni pendant le match et par les innombrables bouteilles d'eau qu'on lui a déversées sur la tête pour sceller le résultat. Ç'aurait pu être pire, Nevio, au football c'est un baril de Gatorade !

Ces gars nous ont fait une belle démonstration de ce qu'est l'amitié, le talent et la détermination. Tout au long de la semaine, sans perdre leurs objectifs de vue, ils ont aussi été capables de s'amuser, de former réellement une équipe à la fois sur le terrain et en dehors, et cette ambiance si particulière qu'ils généraient autour d'eux finissait par atteindre tout leur entourage. Cette victoire ils l'ont généreusement partagée avec tous ceux qui les ont suivis, tous ceux qui les ont appuyés, en donnant un tribu spécial à Olga Hrycak qui a été de tous les instants à leurs côtés. Mais de Olga, je vous en reparle dans un autre texte…

Merci les gars pour ces moments inoubliables, merci les gars pour avoir cru si fort en vous, merci les gars pour nous avoir fait vivre une si belle médaille d'or