Le réveil a été brutal pour Martine Dugrenier. Son sport, la lutte olympique, disparaitra du programme olympique en 2020. « C‘est un véritable cauchemar. Ça va faire très mal à notre sport. La lutte était en ascension et cette nouvelle viendra mettre un frein à cet élan », lance-t-elle, résignée, au bout du fil.

Le CIO souhaitait garder un noyau dur de 25 sports. À Londres, 26 sports étaient au menu. Après une révision en fonction d’une quarantaine de critères, dont la popularité, l’universalité et la bonne gouvernance, c’est la lutte qui a écopé.

Selon les informations disponibles, c’est la lutte et le pentathlon moderne qui se trouvaient sur la corde raide. Deux disciplines qui trouvent leur fondement dans l’origine des Jeux olympiques. Visiblement, le lobby le plus puissant a eu gain de cause. Entre vous et moi, au niveau de la popularité et de l’universalité, la lutte l’emporte haut la main.

« Je ne comprends pas. La lutte est un sport qui peut être pratiqué dans n’importe quel pays de la planète. C’est accessible à tous. », lance Martine, triple championne du monde et olympienne à Athènes et à Londres. « Je crois que l’aspect politique et monétaire ont été des facteurs déterminants dans cette décision.»

Même si elle ne sera pas aux Jeux olympiques en tant qu’athlète, Martine considère que cette décision la touchera de plein fouet. « Mon but était d’entrainer les plus jeunes afin de les amener vers les Jeux olympiques. Si notre sport n’est plus aux Jeux, le rêve ne sera plus là pour ces jeunes », soutient Martine qui se donnera une période de réflexion pour la suite des choses.

Mine de rien, la lutte a permis au Canada de récolter sa part de médailles au fil des ans. Depuis que la lutte féminine a été admise au programme olympique (2004), le Canada est monté sur le podium à tous les Jeux. Tonya Verbeek avait remporté l’argent à Athènes. 4 ans plus tard à Pékin, Verbeek montait sur la 3e marche du podium et sa compatriote Carol Huynh décrochait la médaille d’or.

L’an dernier à Londres, elles ont refait le coup alors que Huynh a mis la main sur le bronze et Verbeek a ajouté une 3e médaille olympique à son palmarès (argent).

Qui ne se souvient pas de Daniel Igali aux Jeux olympiques de Sydney. Il permettait au Canada de remporter sa première médaille d‘or en lutte depuis 1908. Cette année-là à Londres, Aubert Côté remportait le bronze chez les moins de -54kg.

L’ironie dans toute cette situation c’est que la lutte pourra tenter de reprendre sa place pour les Jeux de 2020. La place laissée vacante par la lutte sera disputée entre 7 autres sports qui sont déjà candidats soient le karaté, l‘escalade, le wushu, le baseball/softball, le squash, le wakeboard et le roller.

C’est le cas de le dire, la « lutte » est commencée!



_Martine Dugrenier_