Le fond de l'air est froid
$content.firstChildCategorie jeudi, 10 juil. 2014. 00:32 lundi, 14 févr. 2011. 14:46Si à Vancouver les cerisiers étaient en fleurs pour les Jeux Olympiques d’hiver, ici à Halifax la saison froide a pris sa revanche pour les Jeux du Canada. Deux semaines avant les jeux, la neige a recouvert d’un épais manteau les pelouses vertes de la Nouvelle-Écosse et a fait entrer brusquement la ville hôtesse dans cet hiver qu’elle n’espérait plus. Pour ne pas être en reste, le froid s’est maintenant mis de la partie.
Lors des épreuves de 1500m au magnifique ovale du patinage de vitesse longue piste, il faisait moins 21 avec le facteur vent, un vent qui ne s’est pas gêné pour participer à la fête. Mais les athlètes ne s’en sont pas laissé impressionner. Déjà très récompensé lors de la première journée de compétition, les patineurs québécois en ont rajouté à la deuxième journée de compétition, balayant le podium au 1500m. Mais il fallait voir Laurent Dubreuil après l’épreuve…Si l’adrénaline l’avait réchauffé pour aller chercher sa médaille d’argent, une fois la course terminée ce n’étaient pas des frissons de plaisir qui le parcouraient. « Je n’ai rien sous mon « skin », expliquait-il en grelottant. Pour offrir le moins de résistance à l’air, les athlètes portent le moins de vêtements possible. Mais c’est moins bon pour la résistance au froid…
Les conditions sont cependant moins difficile qu’à Whitehorse en 2007, où sans le facteur vent, le mercure avait peine à se hisser au-dessus du moins quarante. Les performances générales s’en étaient ressenties d’ailleurs. Ce ne fut pas le cas à l’ovale d’Halifax. Au 1500m féminin, le record de piste de Kerry Simpson établi aux jeux de Bathurst-Campellton en 2003, a été battu 12 fois à Halifax! La gagnante de la médaille d’or Jennessa Kemp de l’Alberta, y a presque retranché 10 secondes avec un temps de 2 :15 :35. C’est en grande partie dû à la qualité de l’installation. Si aujourd’hui on n’avait pas besoin des compresseurs pour garder la glace en bon état, la température s’en chargeait toute seule, la piste réfrigérée était une nécessité pour assurer aux athlètes une bonne qualité de surface. On n’a qu’à se rappeler 1999 à Corner Brook, où les épreuves de longue piste avaient dues être annulées à cause des mauvaises conditions de la glace. Ici, les athlètes se montraient enchantés de la qualité de la surface glacée.
Pas que les athlètes d’ailleurs. L’ovale a été construit avec une vocation temporaire, devant être démonté à la fin des Jeux. Mais pour mieux faire accepter à la population la dépense exigée pour sa construction, le comité organisateur a sagement décidé de l’ouvrir à la population avant les jeux, fournissant même l’équipement pour le fréquenter. Le succès a été spectaculaire. Dans les jours précédents l’ouverture des jeux, je me suis promenée dans la ville et à de nombreuses reprises on m’a parlé de cet anneau et de la nécessité absolue de le conserver après les compétitions. L’ovale est maintenant victime de son succès. Certains ont même dit regretter de ne pouvoir y aller depuis maintenant deux semaines et espérer avoir l’occasion d’y rechausser les patins bientôt. Il y a même une pétition qui a été signée de milliers de néo-écossais pour demander de conserver la structure après les jeux.
C’est là l’une des retombées positives de l’accueil de jeux par une ville. Pour Halifax, les Jeux du Canada forment la plus grande compétition multi-sport accueillie par la ville. Avec 3,500 athlètes, entraîneurs, gérants, membres des équipes de mission, sans parler des parents et des bénévoles qui subitement fréquentent – et découvrent- la ville, des équipes de journalistes qui l’envahissent, de la publicité amenée via la télédiffusion, ce sont des retombées de 125 millions de dollars qui sont attendus. Il y a eu des dépenses bien sûr, mais le bilan dira en bout de compte si le solde est positif.
En attendant il y a là un anneau qui attend qu’on statue sur son sort et une population qui espère qu’on le lui laissera. Nombreux sont ceux qui ont redécouvert les joies de l’hiver en ressortant leurs patins, et les jeunes athlètes du coin se mettent à espérer qu’ils pourront s’entraîner sur une piste près de chez eux. Le débat n’est pas clos cependant. Il en coûterait 250,000$ annuels pour l’entretien, de quoi rendre certains plus…frileux. En attendant l’ovale fait la joie des athlètes des Jeux du Canada et nos québécois n’ont pas fini d’y briller!