J'ai toujours eu un penchant pour les négligés. Vous savez, ceux qui triomphent alors que ce n'était pas attendu. Actuellement, un des athlètes qui reçoit le moins d'attention et qui pourrait monter sur le podium aux Jeux olympiques à Vancouver s'appelle Vincent Marquis.

Coup d'œil dans le dictionnaire pour la définition de marquis : « Titre de noblesse qui prend rang après le duc et avant le comte ».

Lorsqu'il est question de ski de bosses au Canada, les noms d'Alexandre Bilodeau et de Pierre-Alexandre Rousseau viennent tout de suite en tête. Vincent Marquis? Dans l'ombre des deux premiers, Marquis montre toutefois un palmarès éloquent.

Au cours des deux dernières saisons, il a terminé troisième au classement général de la Coupe du monde de bosses. En 2008, il a devancé Bilodeau et Rousseau et cette saison, Marquis a devancé Rousseau.

En 2008, récolte de quatre podiums dont une victoire. Cette saison, deux podiums et une victoire mais en plus, une médaille de bronze aux Championnats du monde dans l'épreuve olympique. Oui, Alexandre Bilodeau a mérité le titre de champion du monde, mais dans l'épreuve en parallèle qui ne figure pas au programme olympique. Cela dit, Bilodeau demeure le favori pour Vancouver.

Sauf que le Monarque de la discipline devra avoir le Marquis à l'œil.

«Je suis conscient que je reçois beaucoup moins d'attention et je vis bien avec ça », mentionne Vincent au bout du fil. «Quand on parle de moi, c'est que ça va bien. Disons que je n'ai pas à composer avec le mauvais côté des médias», ajoute-t-il en riant.

Je me souviens très bien de ses premiers pas en Coupe du monde. C'était à Tremblant, le 10 janvier 2004. Vincent terminait sixième. Un résultat inattendu pour une première Coupe du monde. Cet exploit avait toutefois été éclipsé par la victoire de Marc-André Moreau. Sauf que le résultat de Marquis n'était visiblement pas un feu de paille.

Ennuyé par une blessure qui lui a fait rater la presque totalité de la saison 2006, Marquis a toutefois attendu trois ans avant de remonter sur le podium. Depuis ce temps, sa progression est des plus intéressantes.

Du football… aux bosses

«Je suis quelqu'un de très compétitif. Chaque fois que je prends le départ, le but c'est de me rendre en bas et les résultats vont suivre. J'aime quand ça brasse durant une descente », admet Marquis qui a du faire un choix au cours de sa carrière : le football ou les bosses.

«J'ai joué au football jusqu'au niveau collégial. J'étais quart-arrière, mais mon gabarit (5 pieds 11 pouces) m'a aidé à faire un choix éclairé», ajoute-t-il. «C'est un peu par hasard, que j'ai touché au ski acrobatique. Je ne savais même pas qui était Jean-Luc Brassard. Moi, mon fun c'était de skier dans des les pistes accidentées. C'est lorsque j'ai commencé à compétitionner que je me suis aperçu que j'avais un certain talent.»

«All in» aux Olympiques

À moins d'une catastrophe, Marquis sera au départ de l'épreuve des bosses le 14 février 2010. Le principal intéressé ne veut pas trop s'étendre sur le sujet. «Je suis très terre à terre. J'y vais une fin de semaine à la fois. Il n'y a rien d'acquis pour l'instant», tempère-t-il.

Puis, il se permet cette phrase : «Si je suis là, ça va être ‘all in'». Tel un joueur de poker, il mettra toutes ses cartes sur la table à Vancouver. Pas question de retenue. Vancouver seront fort probablement ses premiers et derniers Jeux olympiques.

«Je suis très exigeant envers moi. J'ai compris que c'était impossible de gagner toutes les courses. Il arrive que je sois frustré après une course mais ça ne dure pas très longtemps. Depuis deux ans, j'ai démontré beaucoup de constance. Chaque semaine, j'ai la capacité de bien faire.»

Les trois «amigos»

Marquis ne s'en cache pas, il règne une belle ambiance au sein de l'équipe masculine. Rousseau, Bilodeau et Marquis se vouent un grand respect. «Ça fait longtemps qu'on est ensemble. Il y a un bel esprit de famille dans l'équipe», mentionne Marquis.

Quoi de mieux pour solidifier l'esprit d'équipe que de réussir deux triplés en Coupe du Monde. Avant la saison 2009, ça ne s'était jamais vu trois bosseurs canadiens sur le podium. Marquis, Rousseau et Bilodeau l'ont fait deux fois cette saison.

En terminant, revenons sur cette définition du Marquis : «Titre de noblesse qui prend rang après le duc (Bilodeau) et avant le comte (Rousseau)».

Imaginez maintenant si ces trois skieurs montaient sur le podium à Vancouver. Le Canada retrouverait ses titres de noblesses dans une discipline qu'il a pratiquement inventée!

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