Le "patingate"
$content.firstChildCategorie mercredi, 9 juil. 2014. 22:06 vendredi, 21 sept. 2012. 19:18On se croirait dans un mauvais scénario de film de série B. Cette histoire invraisemblable se passe à Varsovie en 2011 aux championnats du monde par équipe de patinage de vitesse courte piste. L’équipe canadienne se prépare pour le relais, ultime épreuve de ces mondiaux par équipe où le Canada se bat pour la plus haute marche du podium.
L’équipe canadienne composée de Charles Hamelin, François Hamelin, Guillaume Blais-Dufour et Olivier Jean s’amène sur la glace. À ce moment, Olivier sent que quelque chose ne va pas avec ses patins. Il en fait part à son coéquipier Charles Hamelin… Peu importe, c’est Olivier qui doit prendre le départ du relais. C’est la catastrophe. Jean est déjà loin derrière ses adversaires avant même la conclusion du premier tour.
Jean donne le relais et c’est du centre de la glace qu’il regarde ses coéquipiers terminer tant bien que mal ce long relais à 3… au 4e et dernier rang.
18 mois plus tard, la raison de cette mésaventure sort au grand jour. L’entraîneur de l’équipe américaine, Jae Su-Chun a demandé à un de ses patineurs, Simon Cho, de saboter les lames des patins d’Olivier Jean.
Ces aveux se retrouvent dans une requête déposée contre l’entraineur Su-Chun qui a été suspendu dimanche par la fédération américaine de patinage de vitesse. Plus d’une douzaine de patineurs américains ont soumis une requête alléguant des comportements abusifs de leur entraineur.
« Honnêtement, on s’en doutait un peu. », lance François Hamelin. « Il y a toujours eu une grande rivalité entre le Canada et les États-Unis. Lors de ces championnats, nous partagions la même chambre d’entrainement. Ca ne pouvait provenir que de l’équipe américaine », ajoute-t-il.
Mais comment peut-on saboter une lame de patin? « On a deux courbes dans la lame. Ces deux courbes nous aident à tourner dans le virage. Dans le cas d’Olivier, la lame a été plié dans l’autre sens et c’est pourquoi il ne pouvait tourner avec son patin droit », explique François.
Il faut rappeler que ce Jae Su-Chun a déjà été entraineur avec l’équipe masculine… Un bref passage en 2006–2007 après le grand bouleversement post Jeux Olympiques de Turin. « C’était un entraineur très autoritaire. Ce qui comptait pour lui, c’était la performance point final. Tous les moyens étaient bons à ses yeux pour performer », précise le cadet des frères Hamelin.
Et Jean dans tout cela?
« J’ai trouvé ça drôle quand j’ai appris la nouvelle. Je ne peux rien faire. C’est dans le passé. », explique-t-il. «C’est certain que j’avais des doutes. C’est décevant d’apprendre la réalité. »,
Malgré tout, Jean ne tient pas rancune à l’équipe américaine. « Moi ce qui me fait plaisir, c’est de gagner des courses. Les perdants dans tout cela, c’est l’équipe américaine qui est présentement privée de temps d’entrainement.
Qu’a-t-il à dire sur Su-Chun? « J’ai toujours gardé une très belle relation avec lui. À Montréal, il m’avait apporté beaucoup. Même s’il était aux États-Unis, on avait une bonne relation. Mais à la suite des mondiaux 2011, je ne suis plus entré en contact avec lui en raison des doutes que j’avais: complot ou sabotage.»
Cet épisode maintenant derrière lui, Jean tentera de poursuivre sur sa lancée amorcée la saison dernière alors qu’il a récolté 11 podiums en Coupe du Monde, un titre de champion du monde au 500 mètres et le titre de champion de la Coupe du Monde également au 500 mètres.
Toute l’équipe sera d’ailleurs à l’œuvre à Montréal pour la 2e tranche de la Coupe du monde du 26 au 28 octobre prochain à l’aréna Maurice-Richard.
François Hamelin raconte le fil des événements