Certains des patineurs artistiques canadiens sont de grands habitués des rendez-vous internationaux comme les Grands Prix, quand ce n'est pas la finale, les Quatre Continents ou les Championnats du monde. Alors on pourrait se dire que lorsqu'ils arrivent à une compétition domestique, leur motivation s'écroule ou à tout le moins est plus difficile à aller chercher.

Ce serait une grave erreur de notre part…et surtout de la leur s'ils devaient penser ainsi. Les championnats canadiens donnent le ton de l'année qui suivra pour les patineurs des quatre disciplines. C'est là que l'on forme l'équipe nationale qui enverra de ses représentants dans les compétitions citées plus haut.. Les 5 premiers au classement en simple masculin et féminin ainsi qu'en couple et en danse se retrouveront sur cette équipe et auront la chance, au cours des mois qui suivront d'aller parfaire leur expérience internationale dans les compétitions citées plus haut.

Cette année un élément d'importance se greffe à cela puisque c'est au cours de ces championnats canadiens que les élus des Jeux Olympiques de Salt Lake City seront choisis. Trois couples, deux couples de danseurs, deux hommes et une femme. Bien que chacun s'en défende, il faut bien avouer que cela ajoute un peu de pression.

C'est dans cet esprit que les programmes courts ont été patinés chez les hommes et chez les couples, un programme court qui créait beaucoup d'attentes et qui mettait un peu la table pour le programme libre qui suivra. Chez les hommes c'était déjà la deuxième épreuve, suite aux qualifications qui comptaient pour 20% du total de la note. Avec le court d'hier, on est maintenant rendus à 50% d'accumulé… C'est donc dire que deux des trois athlètes qui monteront sur le podium se rendront aux JO. Facile à comprendre donc la déception de Ben Ferreira qui après deux chutes voyait presque ses espoirs envolés. «Je ne voudrais plus être reconnnu pour être toujours celui qui aurait pu…» avouait-il dépité après sa contre performance. Facile à comprendre également l'amertume d'Elvis Stojko, en furie contre lui-même, qui n'a pas patiné le programme parfait qu'il espérait. «Tout était pourtant là, soupirait-il, je me sentais bien et j'aurais dû mieux faire. Il faudra que je me reprenne dans mon libre.» Malgré deux erreurs qui l'on fait glisser au 2e rang du programme libre, Elvis reste en tête au combiné grâce à sa première place dans son groupe en qualification.

Le sourire d'Emmanuel Sandhu lui faisait plaisir à voir. Emmanuel qui s'est un peu accroché à la sortie de son quad, mais qui a tout de même explosé sur la glace enchaînant sauts athlétiques, grâce et sourires coquins. L'autre coup de cœur va à Jayson Dénommée, Jayson qui s'étonne de se retrouver encore à ce niveau à 24 ans alors qu'il ne s'était jamais vu comme un patineur qui ferait carrière à long terme. Mais l'épreuve n'est pas finie, «hélas» dit-il avec candeur, et Jayson devra encore combattre une vieille fracture de stress au pied et les conséquences de son asthme dans le programme long. Fedor Andreev nous a montré qu'il a du talent et donné raison à tous ceux qui déplorent le fait qu'il ne mette pas suffisamment de cœur à l'ouvrage en entraînement…

En couple, trois places à prendre pour les JO, la suprématie de Salé et Pelletier est absolue. Pour eux ces championnats serviront simplement à donner un tour d'essai de plus à leur programme libre de cette année, celui de l'orchidée, avant de prendre une décision finale sur celui qu'ils présenteront à Salt Lake City. Derrière eux la lutte est belle avec une longueur d'avance pour Langlois et Archetto, mais tout reste encore à faire. Nous serons vite fixés, ce soir en fait. On s'en reparle