Le doyen des Jeux du Canada n’est pas entraîneur, arbitre ou chef de mission. Il est plutôt aux abords du ring de boxe, décrivant encore avec passion les combats qui s’y déroulent. Jean-Paul Chartrand fait ce métier depuis une soixantaine d’années, soit l’âge où bien des gens sont déjà à la retraite. Pourtant, il a vingt ans de plus. Ses 80 ans fraîchement célébrés sont à eux seul un pan de l’histoire sportive du Québec. Il a fait les beaux jours du Montréal-Matin, été directeur des sports au Journal de Montréal, travaillé au Dimanche-Matin, à CKVL, Radio-Canada, TVA, etc etc.

Il a couvert d’innombrables combats de boxe à la télé, côtoyé les plus grands athlètes et amassé un nombre incroyable d’histoires et d’anecdotes qu’il raconte généreusement avec un talent d’acteur extraordinaire. Et on le retrouve aujourd’hui aux Jeux du Canada, à commenter les combats de jeunes boxeurs de moins de 18 ans avec le même enthousiasme et professionnalisme que s’il était aux Jeux Olympiques. C’est que Jean-Paul Chartrand a su conserver cette passion du sport et des gens, et que si cette passion le transporte toujours, elle est aussi communicative. Tout le monde a le goût et l’envie d’être près de Jean-Paul.

De plus, malgré toutes ses années d’expérience, tous ses hauts faits d’armes et son parcours remarquable, il a conservé une humilité qui le rend encore plus attachant auprès de ses collègues. Nous partageons le même espace de travail à RDS avec Michel Lacroix, Sylvain Pedneault et Michel Fervac-Larose, et je peux vous assurer qu’on ne s’ennuie jamais quand Jean-Paul est là. Grand conteur d’histoires, joueur de tours invétéré, blagueur insatiable, il a le don d’éclairer les jours les plus gris par sa seule présence.

Le côtoyer aux jeux du Canada a été un plaisir de plus. Le voir apprécier la compétition et s’y préparer avec autant de sérieux que s’il en était à ses premières sorties, fut un privilège. Encore aujourd’hui, Jean-Paul apprécie tous les plaisirs que le métier peut lui apporter. C’est probablement pour ça qu’il reste jeune et continue d’être une inspiration pour nous tous!

La soirée de boxe

La soirée des finales de la boxe nous a donné une carte relevée. Aucun combat ennuyant, quelques surprises, et une foule qui montrait bruyamment son appréciation. Trois québécois s’étaient glissés jusqu’en finale. Si Pascal Dion a perdu son combat contre Jessy Brown, de la Colombie-Britannique, il peut brandir bien fièrement sa médaille d’argent. Surclassé alors qu’il est encore d’âge juvénile, il s’est battu avec courage et détermination. Sa présence en finale était une agréable surprise. Sa tenue sur le ring, malgré la défaite, a confirmé son grand talent.

David Théroux est arrivé en finale fort de trois victoires dont deux acquise en première ronde de ses combats. Voilà qui donne confiance. C’est Azeem Khan de l’Ontario qui en a fait les frais. Un combat énergique où les points n’étaient pas faciles à marquer. Mais le jeune Théroux était l’espoir de médaille d’or le plus solide de la délégation québécoise, et il a répondu à l’appel. Il s’en est fallu de peu pour que Veton Arifi gagne aussi une médaille d’or. Aussi peu qu’un point. Le combat chez les 75kg a été si serré que Cody Crowley l’a emporté par 1 à 0! Un peu dérangé par un adversaire gaucher à la retraite facile, Veton n’a jamais réussi à donner le coup qui aurait pu faire pencher la balance de son côté. Ce fut donc une autre médaille d’argent pour le Québec.

La soirée de boxe, où on aura fait salle comble, s’est terminée sur une note excitante avec l’un des meilleurs combats, opposant une vedette locale, Matt Vittford, à l’albertain Brandon Cardinal. Il aura fallu attendre la fin de la dernière ronde pour que Vittford prenne une avance que Cardinal n’aura pu combler malgré ses efforts. Mais les deux boxeurs se sont donnés à plein, distribuant généreusement les crochets, les jabs et les uppercuts, soulevant la foule à maintes reprises et qui a hurlé de joie à la victoire de son favori.

Ce combat aura été le dernier combat de boxe des Jeux du Canada pour plusieurs années. Lors des prochains Jeux d’hiver en 2015, à Prince Albert, Colombie Britannique, la boxe ne sera pas au programme, remplacée par des sports émergeant comme le ski cross. Il semblerait que la pratique de la boxe n’est plus assez répandue dans suffisamment de provinces pour en justifier la présence aux Jeux. Une décision qui fera mal à bien des jeunes boxeurs au pays, encore plus qu’une droite au plexus…