Il y a des médailles d’argent qui font mal et d’autres qui rendent heureux. Il y a des médailles d’argent qui ont des saveurs de défaite, et d’autres qui goûtent la victoire. Il y a des médailles d’argent qu’on voudrait oublier et d’autres qui soulignent un grand moment. Je crois sincèrement que la médaille d’argent du Québec en hockey masculin aux Jeux du Canada, se situe dans la deuxième catégorie.

L’équipe de Donald Audette a connu un tournoi étonnant. Classée deuxième du groupe A, malgré le fait qu’elle ait battu la tenante de la première place, l’Ontario, elle n’aura cessé d’épater à chacune des rencontres qu’elle a disputé. Tous ses matches de la ronde préliminaire ont été remportés en fusillade, le match quart-de-finale contre la Saskatchewan par un seul but, et la victoire en demi-finale devant l’Alberta, encore en fusillade. Ça prouvait une chose, les gars de l’équipe du Québec étaient capables de répondre à la pression. Ils n’étaient pas favoris en début de tournoi, cet honneur revenait plutôt à l’Ontario, championne en titre. Pourtant, ils ont fait un parcours surprenant.

Ils affrontaient en finale, la même équipe qu’ils avaient battue lors de leur première rencontre, la Colombie Britannique. Si le Québec a continué d’aligner des victoires dans ses matches subséquents, la Colombie Britannique avait plutôt un tournoi en dents de scie. Sa défaite contre l’Ontario 5 à 1 en match préliminaire augurait mal pour la rencontre en demi-finale contre la même équipe. Mais à la surprise générale, elle a vaincu l’Ontario 5 à 2 pour retrouver le Québec en finale.

Les espoirs étaient grands des deux côtés. On n’arrive pas en match de finale sans vouloir le gagner. Et dès le départ, le Québec a mis la pression en marquant un but à 0:50 secondes du match par l’excellent Anthony DeLuca. La réplique rapide de Bertolucci, une minute plus tard, a cependant remis les pendules à l’heure : la Colombie-Britannique ne laisserait pas le Québec s’échapper devant. Quand Curtis Lazar, le no 13, a marqué à 13 :13, on se demandait à qui ça porterait malheur…

Dès lors nous avons assisté à un beau duel. Le Québec égalait? La Colombie Britannique s’empressait de marquer à nouveau pour reprendre les devants. À 4–2, on pensait bien que le Québec était fini. Mais c’était compter sans l’incroyable force de caractère des Québécois, qui ont alors marqué deux buts en 1 :56 en troisième…égalité à nouveau…jusqu’à 0 :52 secondes plus tard quand Petan redonnait une avance décisive aux représentants de l’Ouest. Curtis Lazar, meilleur marqueur du tournoi, ajoutera deux buts pour porter son total à 12…à un du chiffre 13!

Les joueurs du Québec étaient déçus et ça se comprend. Par contre, ils n’ont absolument pas à rougir de cette médaille pour laquelle ils se seront battus jusqu’à la fin. On dit souvent qu’on ne gagne pas une médaille d’argent, mais on perd une médaille d’or. Dans ce cas-ci, je ne suis pas d’accord. Le Québec a brillé – tout ce qui brille n’est pas or!- et chacun des joueurs de cette équipe peut sortir du tournoi la tête haute. Nous avons découvert là des talents dont on entendra certainement parler dans la LHJMQ. Les deux gardiens, Alexandre Bélanger et Philippe Desrosiers, ont été excellents. C’est en partie grâce à eux que le Québec a réussi l’exploit de remporter quatre matchs en fusillade. Le « gros » trio du Québec formé de Jérémy Grégoire, Anthony Duclair et Anthony DeLuca, même si parfois Donald Audette a fait des modifications à l’ossature de cette ligne, a toujours été menaçant et inquiété plus d’une fois les défenseurs adverses. Mais ils n’étaient pas seuls, On peut parler de Philippe Venne, Jonathan Drouin, des deux Gauthier-pas-parents, Frérérick et Guillaume, sans oublier les défenseurs, Justin Vanier-Guénette, Maxime Gravel, Samuel Morin…je m’arrête, il faudrait que je nomme toute l’équipe. Chacun des joueurs du Québec a eu son impact dans le jeu, chacun des joueurs du Québec a apporté sa contribution à une équipe qui a admirablement bien évolué sur la glace et donné un spectacle de tous les instants.

Alors? Rougir d’une médaille d’argent? Non pas! Il faut plutôt sortir la tête haute et la porter fièrement au cou. Il faut plutôt se rappeler de tous ces instants, de ces jeux réussis, de ces petits moments de gloire qui ont amené le Québec jusqu’en finale. L’Ontario favorite retourne les mains vides. Le Québec, négligé, a la médaille d’argent. Mais le Québec a surtout dans ses rangs des jeunes de quinze ans qui ont un futur prometteur devant eux, des jeunes qui auront vécu une expérience enrichissante qui leur aura donné des outils inestimables pour leur avenir. Et pour le présent…nous sommes bien fiers d’eux!