Un grand championnat
$content.firstChildCategorie mercredi, 9 juil. 2014. 22:48 lundi, 23 janv. 2012. 16:46Le championnat canadien de patinage artistique 2012 aura rempli ses promesses : de l’émotion, du drame, des découvertes, des consécrations. Chacune des épreuves au programme aura apporté son lot de surprises et cela augure certainement bien pour le Canada pour la prochaine édition des championnats du monde.
À commencer par l’éblouissant Patrick Chan qui poursuit avec panache la tradition d’excellence des hommes canadiens en patinage artistique, en remportant son cinquième championnat canadien d’affilée. En 24 ans, soit depuis 1987, dix fois un Canadien a remporté la médaille d’or au championnat du monde, sept fois la médaille d’argent et une fois celle de bronze. À Moncton, Chan a frisé la perfection (si elle était de ce monde, elle porterait son nom!). Il a établi de nouvelles marques en franchissant la barre des 100 points au programme court et de 200 au libre, pour un total de 302,14! Pour vous donner une idée de l’exploit, seuls trois autres patineurs ont passé la marque des 200 points…en combinant les deux programmes! Cette marque ne pourra cependant être homologuée au niveau international où elle n’a jamais été atteinte, puisqu’elle a été établie lors d’un événement national.
Mais outre ces considérations mathématiques, c’est par la grande maîtrise de son art que Patrick Chan éblouit. Hier, même le triple axel qui est son élément plus faible a été impeccable. De quoi se mettre en confiance pour les mondiaux. Patrick Chan enchante dès les premières mesures de ses programmes et seule la vitesse de ses déplacements nous rappelle qu’il est sur patins. Sa maîtrise technique n’a d’égale que l’excellence de son interprétation. Il fait certes honneur aux Orser, Browning, Stojko et Buttle qui l’ont précédé.
À ses côtés sur le podium, Monsieur quad lui-même, Kevin Reynolds qui tentait de devenir le premier patineur à réussir trois quads différents dans un même programme. Il y est presque parvenu, seul un atterrissage sur deux pieds l’a empêché d’entrer dans l’histoire. Mais on sent bien que ce n’est que partie remise. Reynolds est spectaculaire, athlétique, mais moins complet que Chan. Il lui manque le liant artistique qui rend les prestations du champion si harmonieuses. Jeremy Ten a terminé troisième et le québécois Elladj Balde n’a terminé qu’un point derrière lui, ratant de peu le podium, lui qui s’entraîne depuis décembre avec Yuka Sato et Jason Dungjen, un changement tardif, mais dont les bénéfices commencent à se voir sur la glace.
Cynthia Phaneuf a aussi changé d’entraîneur en décembre, pour aller rejoindre Brian Orser à Toronto. Est-ce que ce changement est arrivé trop tard? Est-ce qu’elle a manqué de temps pour se préparer adéquatement pour les canadiens? Sa pauvre performance au programme court aura été coûteuse et même si elle a remporté le programme libre, ce ne fut pas suffisant pour battre Amélie Lacoste qui remportait ainsi son premier championnat canadien, objectif qu’elle s’était fixé en début de saison. Le résultat est cruel pour Cynthia qui se voit ainsi exclue des championnats du monde. Amélie devra y travailler très fort pour tenter de regagner une deuxième place pour les Canadiennes, à l’édition 2013 qui aura lieu à London, en Ontario.
Le trophée de la réaction spontanée à ces championnats canadiens va à Meagan Duhamel, qui remportait le titre en couple avec son partenaire des deux dernières années, Eric Radford. Son émotion faisait plaisir à voir dans le justement appelé « kiss’n cry et le titre était amplement mérité. Le couple, qui s’entraîne à Saint-Léonard sous la direction de Richard Gauthier (qui fêtait ses cinquante ans ce week-end!) et de Bruno Marcotte a offert une prestation solide qui lui permet d’entrevoir une bonne performance aux mondiaux. La deuxième place est allée à Jessica Dubé et Sebastien Wolfe, un exploit si on tient compte qu’ils font équipe que depuis le début de la saison. Deux équipes représentant le Québec en tête du classement, ça fait plaisir.
Enfin, en danse, le spectacle aura été éblouissant. Autant le programme court semblait répétitif d’un couple à l’autre, autant le programme libre nous aura montré maîtrise et diversité. Les cinq couples qui composaient le dernier groupe ont offert un spectacle d’une qualité exceptionnelle. Et ça tombe bien, puisque le Canada a trois places au Championnat du monde. Les champions olympiques en titre, Tessa Virtue et Scott Moir ont continué d’enchanter avec leur interprétation de « Funny face dans laquelle on a vraiment l’impression de voir Audrey Hepburn et Fred Astaire sur la glace. Perdant la première place à la finale des Grands prix, derrière les Américains Meryl Davis et Charlie White, ils ont apporté depuis quelques changements techniques à leur programme, histoire de le corser un peu. À leurs yeux, ils ne sont pas encore tout à fait prêts, ce qui explique peut-être leur peu de réactions au moment de l’annonce de leur victoire. Ils auront le temps de peaufiner le tout pour tenter de récupérer leur titre mondial perdu aux pieds des Américains l’an dernier.
Derrière eux, Kaitlyn Weaver et Andrew Poje, dans un registre tout à fait différent, exploitant plutôt le drame avec la chanson de Serge Lama, « Je suis malade », interprétée par Catherine Lara. Un excellent choix, étant donné que les championnats du monde auront lieu à Nice et que les spectateurs dans les gradins pourront en comprendre les paroles! La troisième place est allée à Piper Gilles et Paul Poirier, une autre nouvelle équipe promise à un bel avenir. Ils ne pourront cependant pas remplir la troisième place disponible pour les championnats du monde puisque Piper, étant américaine, n’est pas admissible cette année. Il lui faut une année de purgatoire avant de pouvoir représenter un autre pays que le sien. Si elle ambitionne d’aller aux Jeux olympiques sous la bannière canadienne, il lui faudra aussi changer de nationalité, ce qui, semble-t-il, elle a l’intention de faire. Ce qui rendait la quatrième place très importante et ouvrait la porte des mondiaux à Karis Ralph et Asher Hill. Leur programme, sur la musique de Glover Hill, a aussi convaincu. Sur un rythme débridé, sans grands moments de récupération, leur performance se distinguait elle aussi par son originalité et son exécution.
Bref, ce furent de très beaux championnats, qui confirmaient de belle façon la place de leader du Canada dans ce sport où l’athlétique et l’artistique se marient si bien.