Si la pile de ma caméra n’avait pas été vide, une magnifique photo surmonterait ce billet. On y verrait trois personnes, un splendide sourire illuminant leur visage. Deux d’entre elles se ressembleraient terriblement, aussi jolie l’une que l’autre, mais une lueur de fierté éclairerait le regard de la plus petite. Le troisième personnage vous semblerait connu et vous n’auriez pas à fouiller très loin dans votre mémoire pour le reconnaître. Le personnage central aurait un magnifique bijou au cou, une médaille de bronze inespérée, mais à n’en pas douter, la première d’une longue série, si on en juge par les succès atteints à sa deuxième saison de compétition seulement…

Les avez-vous reconnus? Il s’agit de Katherine Surin, entourée de ses parents, Bianelle et Bruny. Elle courait aujourd’hui dans l’épreuve du 400m et son père, venu nous rejoindre dans la cabine télé pour quelques commentaires, était visiblement nerveux. Pas à l’idée de parler au micro bien sûr, mais plutôt à attendre le départ de sa fille pour une épreuve qu’il connait sous toutes les coutures. « Moi qui avais toujours dit que mes filles ne feraient jamais d’athlétisme, soupirait-il. Un jour Katherine est arrivée en me disant qu’elle ne voulait plus faire de tennis, désirait sortir de ce programme sport-études et souhaitait se consacrer à sa grande passion, l’athlétisme. Tout cela dans un même souffle, dans la même journée! » Bruny venait d’apprendre qu’après tout, ce ne sont pas toujours les parents qui décident…

Avant la course, Bruny exprimait sa fierté de voir sa fille se qualifier pour la finale A du 100m. Placée dans le couloir 7, un couloir pas très favorable, il envisageait une cinquième ou sixième position. Vous auriez dû le voir quand sa fille est entrée dans le dernier droit et s’est mise à étirer la foulée… Quand il est devenu évident qu’elle prendrait la troisième place, il ne tenait plus dans la sienne! « Après le départ, je pensais que tout le monde allait me rattraper et je suis partie un peu vite, disait Katherine en entrevue, mais quand je me suis rendu compte qu’il y avait peut-être de la place pour moi sur le podium, j’ai donné tout ce que j’ai pu. » Même discours du côté de Marie-Colombe St-Pierre qui a fait une course magistrale, s’accrochant à la deuxième place derrière Sage Watson, inattaquable. Les deux filles étaient éclatantes de joie devant ce doublé québécois. Tout comme l’avaient été les volubiles Caroline Morin-Houde et Émy Béliveau, respectivement 5e et 6e au 100m. Elles avaient alors promis de remporter le relais 4×100m en soirée avec leurs coéquipières Sophie Arsenault et Marie-Colombe St-Pierre. Ce fut promesse tenue.

Bruny et Bianelle ne sont certainement pas les seuls parents fiers de leur enfant au cours de ces jeux. Ils sont venus de partout à travers le Canada pour soutenir leur progéniture et clamer bien haut la fierté qu’ils ressentent à voir leurs enfants s’exprimer avec brio dans le sport qu’ils ont choisi. Parfois, tout comme Bruny, ils ont à leur heure brillé dans le même sport, comme Barbara Percich et Sylvain Duplessis, parents de Samuel Duplessis en volleyball de plage, dont le parcours avec Daniel Moreau, s’est arrêté en demi-finale. Ou Nicholas Hoag en volleyball en salle qui a soulevé la foule comme son père, Glen, l’avait fait des années auparavant. Le talent n’est pas toujours héréditaire, mais l’inspiration par l’exemple peut parfois faire des merveilles…

Chronique gastronomique…

Quand on passe plus de deux semaines dans une ville, on a le temps d’en faire le tour et de découvrir quelques bijoux parfois. Je vous ai parlé du couloir bleu que j’ai beaucoup apprécié en kayak le week-end dernier. Permettez-moi de partager maintenant avec vous mon coup de cœur gastronomique. Décrire des compétitions, ça ouvre l’appétit… Comme c’était ma dernière soirée à Sherbrooke, je dois retourner à Montréal pour le début de la saison en Ligue anglaise et un match de l’Impact, je cherchais un restaurant un peu spécial pour clore dignement ces jeux. Une recommandation revenait souvent, le restaurant l’Antidote, sur la rue Belvédère. Je m’y suis pointée avec deux collègues et ai tout de suite été charmée par l’endroit. Un décor chaleureux, de pierres et de bois, de lumières chaudes attachées à des tuyaux qui traversent le plafond, juste ce qu’il faut de tables pour ne pas que l’endroit perde de son intimité, mais pour qu’il ne semble pas vide non plus. On nous annonçait une cuisine « moléculaire », ce qui dans ma tête voulait dire un petit pois coupé en quatre avec une émulsion de beurre ésotérique… Mais j’étais très loin du compte. Tout était surprenant et exquis. Je me suis laissée par la salade de betteraves, étonnante par sa présentation dans un pot de fleurs et le mélange des saveurs de mousse de yogourt au miel et balsamique, additionné de mures, amandes caramélisées et bien sûr betteraves rouges et jaunes avait quelque chose de divin.

Le pâté chinois qui a suivi n’a certes pas été préparé par Thérèse dans la Petite vie… Une joue de bœuf cuite durant douze heures selon un procédé unique, une mousse de maïs, un flanc de pommes de terre, on est loin du traditionnel steak-blé-d’inde-patates… Mes compagnes ont aussi été ravies par leur plat, un « fish no chips » et un arancini à la betterave. Comblées, nous n’avions plus d’appétit pour la carte des desserts pourtant drôlement tentante. Mais la barbe à papa, qui remplace l’éternel bonbon la menthe avec la note nous a arraché un sourire et a trouvé un peu de place dans nos estomacs repus.

À essayer donc, lors de votre prochain passage à Sherbrooke, mais mieux vaut réserver. Vous n’aurez peut-être pas la chance que nous avons eue : une annulation de dernière minute qui nous a libéré une table. Allez-y pour l’ambiance, allez-y pour le service extrêmement accueillant, allez-y même si, tout comme moi, vous avez des allergies alimentaires, on prendra bien soin de vous. Mais allez-y surtout pour le plaisir, et succombez à cette délicieuse cuisine…contre laquelle il n’y a pas d’antidote!