Les Expos ont laissé un gros héritage au baseball majeur. L'influence de l'équipe se fait d'ailleurs toujours sentir à travers le baseball.

D'abord, l'influence internationale en étant la première équipe du baseball majeur à l'extérieur des États-Unis. Par la suite, on a assisté à la naissance des Blue Jays de Toronto et maintenant, le baseball se tourne vers le Japon. Montréal a été la porte d'entrée du baseball sur la scène internationale.

L'influence des Expos s'est fait sentir aussi au niveau de la mise en marché du baseball. D'ailleurs, l'équipe a été choisie "Organisation de l'année au niveau marketing" à deux reprises. Lors du match des étoiles, en 1982, les Expos ont innové en présentant une pratique au bâton la veille du match annuelle. Maintenant, c'est devenu le concours des coups de circuits. Personne d'autre n'avait osé le faire avant ça.

Les Expos sont à l'origine du système du partage des revenus. L'ancien président et propriétaire de l'équipe, Claude Brochu, a été un artisan de ce partage entre équipes riches et pauvres. En 1979, Roger D. Landry avait suggéré au baseball majeur de modifier les séries éliminatoires pour inclure le système du meilleur deuxième. À l'époque, on avait refusé, mais c'est maintenant instauré.

Les Expos ont révolutionné les uniformes également en instaurant notamment la casquette tricolore. Avant ça, les casquettes n'étaient que d'une couleur. Par la suite, d'autres équipes ont emboîté le pas avec des casquettes à deux couleurs. Les Expos ont été les premiers à jouer avec des uniformes bleus sur la route. Plusieurs autres clubs ont suivi sauf les équipes traditionnelles.

Avant les Expos, il n'y avait pas de musique dans les stades du baseball. L'organiste Fernand Lapierre avait demandé aux joueurs les chansons qu'ils voulaient entendre quand ils se présentaient au bâton. Fernand a changé l'atmosphère dans les stades. Aujourd'hui, il y a de la musique dans tous les stades.

Les Expos ont quitté Montréal pour Washington, mais leur influence se fait toujours sentir. Lors de l'ouverture des Red Sox de Boston, la présentation des joueurs s'est faite à partir des estrades. Il y a longtemps qu'on avait fait cela ici à Montréal. Et, ce n'est pas la seule chose qui a été imitée par les autres clubs au fil des ans.

On était innovateur à Montréal. On voulait se démarquer des autres et on a réussi. Saviez-vous que ce sont les Expos qui ont innové en présentant la partie d'ouverture un lundi avec une journée de congé le mardi. Le but était de prévenir en cas de pluie le lundi. Les Expos ont été les premiers également à disputer un match d'ouverture en soirée.

Il y a des joueurs qui ont endossé l'uniforme des Expos et qui sont des candidats logiques pour le Panthéon du baseball. Randy Johnson, Pedro Martinez, Andre Dawson et Tim Raines. Gary Carter a déjà sa place à Cooperstown.

Chez les équipes de l'expansion, on peut comparer les Expos aux Royals de Kansas City, qui ont eu d'excellents joueurs dans leur histoire. On peut penser notamment à George Brett, Bret Saberhagen et Dan Quisenberry. Les deux équipes ont développé de très bons joueurs durant la même période, mais les Royals ont été en mesure de gagner avant nous. Les deux équipes ont eu du succès dans les années 1980 mais nous, nous n'avons pas gagné. Les Royals en ont développé plus mais ils n'ont pas duré plus longtemps que les Expos, qui ont développé des joueurs jusqu'en 1993.

De grands joueurs

Parmi les centaines de joueurs qui sont passés par Montréal au cours de leur carrière avec les Expos, il y a beaucoup dont on peut être fiers. Si je devais en choisir seulement trois, mon trio serait composé ainsi : Gary Carter, Rusty Staub Andre Dawson. Ce sont trois citoyens qui se sont impliqués dans la communauté. Il y a peut-être eu des meilleurs joueurs qu'eux, mais ces trois athlètes ont été importants à Montréal.

Carter est déjà au Temple de la renommée. L'autre le plus proche est Dawson, mais Pedro Martinez sera aussi un candidat de choix éventuellement. Je ne pense pas toutefois que Tim Raines soit élu à Cooperstown un jour.

J'étais dans une taverne

Je ne travaillais pas pour les Expos lors de ce premier match le 8 avril 1969, à New York. J'avais été invité mais je n'y étais pas allé. Je me suis joint au club en mai. Lors de ce premier match, j'étais avec des copains dans une taverne et on avait du fun. Nous étions des amis qui jouaient à la balle ensemble aux loisirs St-Eusèbe et on jouait aux gérants d'estrade.

Ça me surprenait à l'époque de voir Montréal aux États-Unis dans le baseball majeur. Je voyais Montréal comme une petite ville comparée à New York. Dans ma tête, Pittsburgh, Cincinnati, c'était gros mais quand j'y suis allé, je me suis rendu compte que c'était beaucoup plus petit que Montréal. C'est ce qui m'avait frappé le plus. Je croyais que c'était immense par rapport à notre ville, mais j'ai vite constaté qu'il n'y avait rien là.

Au cours des premières saisons des Expos, les amateurs voulaient simplement avoir du plaisir. En 1969, l'équipe avait connu une séquence de 20 défaites et les joueurs étaient épatés de voir que les partisans étaient toujours derrière eux dans la victoire comme dans la défaite. Les gens connaissaient le baseball en 1969 parce que Montréal avait une longue tradition de baseball derrière eux, avec les Royaux de Montréal.

Lors de mon passage chez les Expos, j'ai eu le plaisir de connaître de grands hommes. Celui avec lequel j'ai été le plus proche a été Andre Dawson. Il venait manger chez moi, je suis allé à ses noces et aux funérailles de son père. On a vécu tellement de choses. Sur la route, on faisait tellement d'activités ensemble. C'est sans doute avec lui que j'ai été le plus proche.

À l'époque, je travaillais dans l'acier pour Sidbec-Dosco comme vendeur. J'avais accepté de me joindre aux Expos pour 20 000 dollars de moins par année. Vous savez quoi? Je ne l'ai jamais regretté.

*propos recueillis par Robert Latendresse