Le 5 août dernier, Alex Rodriguez a été suspendu pour 211 matchs après avoir été impliqué dans le scandale Biogenesis relativement au trafic de produits dopantsavec 12 autres joueurs de la MLB. Subséquemment, A-Rod a fait appel de cette décision, lequel avait débuté le 30 septembre 2013 devant l’arbitre Fred Horowitz. Samedi dernier, il a rendu son jugement en réduisant la suspension d’A-Rod à 162 matchs, le privant ainsi de 25 millions $ en salaire.

Mais pour quelles raisons Horowitz a-t-il réduit la sanction? A-Rod a fait valoir que la preuve contre lui était peu fiable, car la ligue s’était essentiellement fondée sur des informations fournies par le directeur de la clinique Biogenesis, Anthony Bosch. Rappelons que dans le cadre de sa poursuite contre Biogenesis, la MLB avait elle-même décrit Bosch comme un trafiquant de drogues. Au surplus, bien qu’il ait admis avoir consommé des substances dopantes, A-Rod n’a jamais échoué à un test antidopage. Par ailleurs, une suspension de 211 matchs semblait excessive en ce que la politique antidopage de la MLB, le Joint Drug Agreement (ci-après « JDA »), ne l’autorisait pas en soi.

En effet, le JDA a été négocié collectivement au même titre que la convention collective et prévoit les sanctions à la suite de la consommation, la vente ou la distribution de produits dopants. Ainsi, il y est prévu une suspension maximale de 50 matchs pour une première infraction, une suspension maximale de 100 matchs pour une seconde infraction et une suspension permanente pour une troisième infraction. En l’espèce, A-Rod en était à sa première infraction et il aurait dû être suspendu pour un maximum de 50 matchs. Alors pourquoi la MLB a-t-elle ordonné une suspension supérieure à ce qui est prévu au JDA?

De manière générale, la convention collective sanctionne toute conduite préjudiciable au meilleur intérêt du baseball[i]. Selon la MLB, le comportement d’A-Rod avait contrevenu aux règles du baseball de façon récurrente au cours des dernières années en plus d'avoir fait obstruction à son enquête en intimidant des témoinset en achetantdes preuves incriminantes.Dans cette optique, il n’en était pas à sa première infraction puisqu’il a non seulement violé le JDA, mais aussi la convention collective. Voilà donc pourquoi Horowitz a rendu une telle décision.

Or, A-Rod a déclaré qu’il avait l’intention de contester cette décision. Pour ce faire, il devra se tourner vers les tribunaux fédéraux et demander une injonction provisoire, et ce, afin de suspendre l’exécution de ce jugement jusqu’à son audition. Cela dit, les tribunaux rejettent généralement ce type de demandes, car elles ne sont accordées que dans des cas exceptionnels. Si une injonction était accordée, A-Rod pourrait jouer en attendant son procès et puisque les délais judiciaires sont habituellement longs, il est possible qu’il puisse jouer jusqu’à l’expiration de son contrat avec les Yankees en 2017.

Somme toute, la MLB sort gagnante de cette affaire. Même si elle n’a été réduite que de 49 matchs, il n’en demeure pas moins que cette suspension sera probablement plus longue que celle qu’aurait subie A-Rod s’il avait plaidé coupable comme l’a fait Ryan Braun, lequel a été suspendu pour 65 matchs.

Bien entendu, l’Association des joueurs de la MLB a contribué à réduire la suspension et à ce titre, elle peut être satisfaite de son travail. Quoi qu’il en soit, cela aura certes un effet dissuasif sur l’implication future des joueurs dans la vente, la distribution et la consommation de produits dopants au baseball. Forcément, un tel dossier consolide l’importance de la lutte antidopage dans sa promotion du sport propre non seulement pour éliminer les tricheries, mais aussi pour protéger la santé des athlètes.



[i]Article XII (B), 2012-2016 Basic Agreement,Collective Bargaining Agreement, en ligne :

http://mlb.mlb.com/pa/pdf/cba_english.pdf