TORONTO - Tout est encore possible pour les Blue Jays malgré qu’ils aient perdu les deux premiers matchs de la Série de championnat dans la Ligue américaine aux mains des Royals de Kansas City.

Ce ne sera pas facile, c’est évident. Même qu’il sera très difficile de faire contrepoids au lourd déficit de 0-2 qu’ils traînent depuis samedi. Vous connaissez sans doute déjà la statistique : depuis 1985, soit depuis l’adoption de séries quatre de sept en championnats des Ligues nationale et américaine, trois équipes seulement ont effectué des remontées qui les ont propulsées en Série mondiale après qu’elles eurent perdu les deux premières parties d’une finale. Les Red Sox de Boston en 2004, les Royals de Kansas City et les Cardinals de Saint Louis en 1985.

Cette statistique fait peur. C’est normal. Mais les Jays ont réalisé une remontée plus difficile encore en éliminant les Rangers du Texas qu’ils devaient battre trois fois de suite pour éviter les vacances et se rendre en finale dans l’Américaine.

De retour devant leurs partisans, les Jays ne feront donc pas face à l’élimination dès ce soir dans le cadre d’un match qui sera diffusé sur les ondes de RDS dès 20 h. C’est au moins ça de gagné. En plus, ils pourront compter sur leur as Marcus Stroman qui sera de retour au monticule. C’est le jeune artilleur de 24 ans qui a amorcé le match complètement fou que les Jays ont finalement gagné mercredi dernier pour éliminer les Rangers du Texas en cinq parties.

Non seulement Marcus Stroman aime ce genre de pression, il l’adore. « Je me sens comme un enfant le jour de Noël », que Stroman a déclaré aux journalistes dimanche.

En plus du Père Noël, Stroman aura besoin de l’appui de ses coéquipiers pour l’aider à ramener les Jays dans cette finale qui autrement pourrait vite leur glisser des mains.

Le lanceur aura besoin de quelques points puisque Toronto flirte avec la catastrophe lorsque les Jays marquent trois points et moins dans une rencontre. En saison régulière, les Jays se sont contentés d’un dossier de 8 gains et 48 revers dans les matchs au cours desquels ils ont marqué trois points ou moins. Leur dossier est de 86 victoires et 20 revers quand l’attaque produit quatre points ou plus.

Méchant contraste.

Un contraste qui se répète en séries alors que les Jays ont marqué quatre points et plus dans chacune de leurs trois victoires – des gains de 5-1, 8-4 et 6-3 aux dépens des Rangers du Texas – et encaissé trois revers dans leurs matchs de trois points et moins – défaites de 3-0 et 6-3 contre Kansas City, revers de 5-3 contre Texas. Une seule des quatre défaites des Jays a été encaissée alors qu’ils ont marqué plus de trois points : un revers de 6-4 contre le Texas.

Marcus Stroman aura aussi besoin d’une défensive solide qui ne l’abandonnera pas comme elle a abandonné David Price samedi à Kansas City. La confusion entre Jose Bautista et le deuxième but Ryan Goins qui a cessé de courir pour capter un ballon à l’entre-champs a permis à Ben Zobrist d’atteindre le premier but. Cette erreur a ouvert la porte à la poussée de cinq points des Royals en fin de septième. Une poussée qui a transformé l’avance de 3-0 des Jays en revers très lourd à porter de 6-3.

Ryan Goins a accepté le blâme dans la défaite. Il a imputé sa décision d’avoir cessé de courir pour laisser la balle au voltigeur Bautista à un cri l’ayant persuadé que son coéquipier réclamait la balle. Bautista n’a jamais crié. C’est du moins ce qu’il a assuré après la défaite. Il n’a pas non plus entendu de tel cri provenant des partisans des Royals.

On a donc imputé ce cri à un fantôme qui flottait au-dessus du terrain. Si le Père Noël que Stroman espère retrouver sur le monticule ce soir ne vient pas à bout du fantôme qui a fait la vie dure aux Jays, il sera bien difficile de croire aux chances des Blue Jays de se rendre en Série mondiale.

Vrai que l’erreur de Goins a fait mal aux Jays.

Mais que dire aussi de l’inaction du gérant John Gibbons qui a prolongé indûment la présence de David Price au monticule samedi?

Price était dans une forme splendide, c’est vrai. Il a retiré 18 frappeurs de suite lors de ses six premières manches de travail. Mieux encore, il n’a eu besoin que de 66 lancers pour effectuer ces 18 retraits. Deux fois seulement, les balles frappées par les Royals ont franchi l’avant-champ.

Mais en septième, alors que la partie s’est mise à glisser entre les doigts de Price qui ne semblait plus en mesure de contenir les Royals, pourquoi diable l’avoir gardé sur la butte? Après avoir effectué 66 lancers au cours des six premières manches, Gibbons a regardé Price y aller de 30 offrandes dont plusieurs étaient au goût des Royals qui ont su en profiter.

La perte de Brett Cecil – il s’est blessé en première ronde contre les Rangers – l’as de la longue relève complique le travail de Gibbons. Je veux bien. Mais au lieu de regarder le ciel tomber une fois encore sur la tête de David Price qui a perdu son septième départ consécutif en Série de championnat, Gibbons aurait pu tenter de sauver son lanceur. Et du coup de sauver son club.

Mais non!

Résultats : Price a encaissé un septième revers de suite en séries en carrière et les Jays sont maintenant dans un sérieux pétrin. Les partisans des Blue Jays doivent espérer que leur équipe marque quatre points ou plus ce soir contre Johnny Cueto qui sera le partant des Royals dans le cadre du troisième match. Car s’ils se fient à leur gérant pour orchestrer une victoire avec des décisions vives et opportunes, ils pourraient devoir attendre encore longtemps.