Éric Gagné est loin d'être le seul coupable dans toute cette histoire de dopage, mais c'est sur lui qu'est jeté le blâme.

Pourtant, le gros de la faute ne lui revient pas. Ce sont plutôt les trois acteurs que sont le baseball majeur, les équipes et les syndicats qui devraient se regarder dans la glace. Ils ont très mal entouré les joueurs, dont fait justement partie Éric Gagné.

Détrompez-vous, je ne suis pas en train d'innocenter le Québécois, ni aucun autre joueur d'ailleurs, mais il faut dire que ce sont les joueurs qui ont pris la décision finale de consommer, une décision qui leur était rendue possible par le laxisme des gens qui les encadraient et les encadrent toujours d'ailleurs.

Curieusement, le baseball majeur a changé les règles, s'est occupé du problème sérieusement, les équipes aussi, et depuis on entend beaucoup moins parler de dopage.

Ce que je veux dire par là, c'est que quand Gagné consommait ces hormones de croissance, les autorités étaient au fait du problème, mais on préféré le glisser sous le tapis et faire comme si de rien était.

Le commissaire Bud Selig a le pouvoir de prendre toutes les décisions pour le bien de son sport, mais lorsque ce fléau affligeait son sport il n'a rien fait. Il acceptait la situation sans rien dire parce qu'aucun règlement n'interdisait officiellement la prise de ces produits.

Dans ce cas-là, selon le point de vue de Selig, l'intégrité du baseball n'est pas mise en cause. Ce n'est pas comme dans le cas de Pete Rose qui a parié sur des matchs, car dans son cas un règlement interdisait officiellement son comportement.

Au nom de cette même intégrité du baseball, Pete Rose est très sévèrement puni. Pensez-y, lequel des deux est le pire?...Le fait est que tu t'appelles Rose ou Gagné, tu es coupable, mais seulement le crime de Rose est punissable selon le dit règlement.

Au plan de la loi, on a criminalisé le dopage, mais c'est encore et toujours les mêmes qui payent. Ce ne sont pas les joueurs, mais bien les fournisseurs qui sont pénalisés.

La police, le FBI, ils font quoi? Les gens disent que c'est illégal, mais je n'ai pas encore vu de joueurs aller en prison, même pas ceux qui ont avoué en avoir pris.

Le cas d'Éric Gagné

C'était donc pour soigner une blessure à un genou qu'Éric Gagné a utilisé des hormones de croissance pour la première fois.

C'est peut-être vrai, mais la réalité c'est que tous les joueurs qui ont été pris la main dans le sac affirment que la première fois qu'ils ont pris un produit c'était pour soigner une blessure.

On écoute les histoires d'Andy Pettitte, de Mark McGwire et c'est toujours la même chose.

Est-ce que Gagné aurait pu accomplir ce qu'il a fait sans hormones? C'est difficile à dire… je pourrais dire oui, mais ce serait malhonnête de ma part.

De toute façon, le gars il a fait ça « légalement »…est-ce qu'il avait le droit de le faire? Ça, c'est une autre histoire.

À sa défense, à 40 millions de dollars, qu'auriez-vous fait? Pensez-y bien.

D'apprendre ça aujourd'hui, c'est plate, mais ce n'est vraiment pas une surprise. Lui pas plus qu'un autre d'ailleurs puisqu'ils sont de plus en plus nombreux à faire leur coming-out.

Regardez, Mark McGwire est de retour sur le banc à St. Louis, Andy Pettitte continue d'exceller pour les Yankees.

Vous savez, dans dix ans, je crois que les gens auront comme réaction « Pis, ça change quoi? ». McGwire et Bonds seront assurément à Cooperstown.

Gagné fera partie de l'alignement des Dodgers

Il redeviendra un joueur des Majeures, mais il ne lancera plus en neuvième manche. Selon moi, il pourra devenir peut-être un 5e partant ou un lanceur de longue relève, mais je ne serais pas surpris qu'il commence la saison au niveau AAA.

Les Dodgers voudront le voir lancer pendant un mois ou deux avant de l'envoyer dans la mêlée. Ce qu'il faut comprendre, c'est que Los Angeles débute sa course au championnat dès le premier match de la saison et que l'équipe ne peut pas se permettre de perdre trop de matchs en début de saison.

S'il était dans une équipe de deuxième niveau, Gagné aurait probablement amorcé la campagne dans la grande ligue.

Afin de faire sa place chez les Dodgers, Éric devra prouver, dès le début du camp d'entraînement, qu'il est toujours capable de retirer des frappeurs et de lancer contre des gars des Majeures.

Son passage à Québec peut avoir semblé un peu étrange, mais en allant là-bas, il a prouvé qu'il pouvait lancer régulièrement et le faire sans douleur.

Il devra maintenant prouver que son bras est encore bon. Il devra démontrer qu'il a toujours l'étoffe d'un lanceur des Majeures.

La balle est dans son camp.

*propos recueillis par Jean-Simon Landry