Un toast au crème soda pour le Big Unit
Baseball jeudi, 4 juin 2009. 18:07 dimanche, 15 déc. 2024. 11:42
Vous auriez le droit de me traiter de menteur si je vous disais que je croyais Randy Johnson destiné à atteindre le plateau des 300 victoires lorsqu'il a fait son arrivée avec les Expos en 1988.
Et pourtant, c'est exactement l'exploit qu'il a réalisé aujourd'hui.
J'étais là quand Johnson a fait ses débuts avec les Expos - je décrivais alors les matchs de l'équipe à la radio avec Jacques Doucet et à la télévision avec Denis Casavant. En fait, j'avais rencontré ce mystérieux géant pour la première fois quelques années plus tôt, alors qu'il gravissait les échelons dans le réseau de filiales. J'avais pris l'habitude d'aller voir ce qui se passait dans les mineures lors du camp d'entraînement, question de connaître et de me faire connaître des recrues qui arrivaient à Montréal.
À la lumière de ce que j'avais pu voir de Johnson, je savais qu'il était capable de la pousser! Le problème, c'est que le courant ne passait pas entre lui et Larry Bearnarth, l'instructeur des lanceurs des Expos. Les deux hommes ne s'entendaient pas et quand Johnson est arrivé à Montréal, ça n'a jamais cliqué.
Johnson était un vrai bon gars, mais il avait la tête dure et écouter, ce n'était pas son style. Et c'était peut-être normal aussi. Du haut de ses 6 pieds 10 pouces, il avait dû en entendre de toutes les couleurs dans son cheminement et je suppose qu'à force de faire rire de toi, tu développes une oreille sélective.
Le grand Randy n'a pas fait long feu à Montréal. Je me souviendrai toujours du jour où il a été envoyé aux Mariners de Seattle en retour de Mark Langston. On s'en allait à San Diego pour le premier voyage de l'année sur la côte Ouest et on a appris la nouvelle en débarquant de l'avion. Denis et moi nous sommes retrouvés dans la chambre d'hôtel du directeur général David Dombrowski et on célébrait... eux au champagne et moi au crème soda!
C'était une bonne transaction pour les Expos. À l'époque, Langston n'était pas qu'un bon lanceur, il était une super vedette! Johnson, lui, était un "suspect", comme j'aime les appeler. Mais le propriétaire Charles Bronfman, qui avait comme philosophie de ne jamais échanger de jeunes espoirs, n'était pas de bonne humeur. Toutefois, Bronfman se trouvait en Israël au moment de l'échange et n'avait été mis au courant de la transaction qu'à son retour au pays.
Les Expos occupaient alors le premier rang de leur division et à un certain moment en juillet, l'équipe avait une fiche de 19 matchs au-dessus de ,500. Mais elle avait terminé la saison avec autant de victoires que de défaites, avait raté les séries et Langston avait signé un contrat avec les Angels de la Californie durant l'hiver.
Personne ne pouvait prédire que Johnson deviendrait aussi dominant. On savait qu'il avait une balle rapide de feu et qu'il pouvait retirer les frappeurs sur des prises, mais on se demandait s'il allait un jour atteindre son plein potentiel. Finalement, ce n'est qu'en 1993, quatre ans après son départ de Montréal, qu'il a connu sa première vraie grosse saison.
J'avais développé une belle relation professionnelle avec le Big Unit. J'ai une photo de nous deux chez moi sur laquelle même monté sur une chaise, je ne suis pas aussi grand que lui! Chaque fois que je l'ai revu après son départ, il a toujours été très sympathique et n'avait que de bons mots envers l'organisation et la ville où il a fait ses débuts.
Le meilleur gaucher de tous les temps?
Inutile de dire que Randy Johnson se classe facilement parmi les meilleurs artilleurs de sa génération, avec les Maddux, Clemens et Glavine. Mais à quel rang exactement?
Une chose est certaine, il est le meilleur gaucher à être passé dans les majeures depuis belle lurette, peut-être même le plus dominant de tous les temps. C'est gros, ça! Personnellement, je le place juste derrière Steve Carlton et devant Warren Spahn.
Trois cent victoires, ce n'est pas rien. Johnson est devenu le 24e lanceur de l'histoire à atteindre ce plateau... et peut-être le dernier!
*Propos recueillis par Nicolas Landry.
Et pourtant, c'est exactement l'exploit qu'il a réalisé aujourd'hui.
J'étais là quand Johnson a fait ses débuts avec les Expos - je décrivais alors les matchs de l'équipe à la radio avec Jacques Doucet et à la télévision avec Denis Casavant. En fait, j'avais rencontré ce mystérieux géant pour la première fois quelques années plus tôt, alors qu'il gravissait les échelons dans le réseau de filiales. J'avais pris l'habitude d'aller voir ce qui se passait dans les mineures lors du camp d'entraînement, question de connaître et de me faire connaître des recrues qui arrivaient à Montréal.
À la lumière de ce que j'avais pu voir de Johnson, je savais qu'il était capable de la pousser! Le problème, c'est que le courant ne passait pas entre lui et Larry Bearnarth, l'instructeur des lanceurs des Expos. Les deux hommes ne s'entendaient pas et quand Johnson est arrivé à Montréal, ça n'a jamais cliqué.
Johnson était un vrai bon gars, mais il avait la tête dure et écouter, ce n'était pas son style. Et c'était peut-être normal aussi. Du haut de ses 6 pieds 10 pouces, il avait dû en entendre de toutes les couleurs dans son cheminement et je suppose qu'à force de faire rire de toi, tu développes une oreille sélective.
Le grand Randy n'a pas fait long feu à Montréal. Je me souviendrai toujours du jour où il a été envoyé aux Mariners de Seattle en retour de Mark Langston. On s'en allait à San Diego pour le premier voyage de l'année sur la côte Ouest et on a appris la nouvelle en débarquant de l'avion. Denis et moi nous sommes retrouvés dans la chambre d'hôtel du directeur général David Dombrowski et on célébrait... eux au champagne et moi au crème soda!
C'était une bonne transaction pour les Expos. À l'époque, Langston n'était pas qu'un bon lanceur, il était une super vedette! Johnson, lui, était un "suspect", comme j'aime les appeler. Mais le propriétaire Charles Bronfman, qui avait comme philosophie de ne jamais échanger de jeunes espoirs, n'était pas de bonne humeur. Toutefois, Bronfman se trouvait en Israël au moment de l'échange et n'avait été mis au courant de la transaction qu'à son retour au pays.
Les Expos occupaient alors le premier rang de leur division et à un certain moment en juillet, l'équipe avait une fiche de 19 matchs au-dessus de ,500. Mais elle avait terminé la saison avec autant de victoires que de défaites, avait raté les séries et Langston avait signé un contrat avec les Angels de la Californie durant l'hiver.
Personne ne pouvait prédire que Johnson deviendrait aussi dominant. On savait qu'il avait une balle rapide de feu et qu'il pouvait retirer les frappeurs sur des prises, mais on se demandait s'il allait un jour atteindre son plein potentiel. Finalement, ce n'est qu'en 1993, quatre ans après son départ de Montréal, qu'il a connu sa première vraie grosse saison.
J'avais développé une belle relation professionnelle avec le Big Unit. J'ai une photo de nous deux chez moi sur laquelle même monté sur une chaise, je ne suis pas aussi grand que lui! Chaque fois que je l'ai revu après son départ, il a toujours été très sympathique et n'avait que de bons mots envers l'organisation et la ville où il a fait ses débuts.
Le meilleur gaucher de tous les temps?
Inutile de dire que Randy Johnson se classe facilement parmi les meilleurs artilleurs de sa génération, avec les Maddux, Clemens et Glavine. Mais à quel rang exactement?
Une chose est certaine, il est le meilleur gaucher à être passé dans les majeures depuis belle lurette, peut-être même le plus dominant de tous les temps. C'est gros, ça! Personnellement, je le place juste derrière Steve Carlton et devant Warren Spahn.
Trois cent victoires, ce n'est pas rien. Johnson est devenu le 24e lanceur de l'histoire à atteindre ce plateau... et peut-être le dernier!
*Propos recueillis par Nicolas Landry.