Allez donc comprendre le Canadien, une équipe qui n'a de prévisible que son manque de constance.

Jeudi dernier, contre la pire formation de la Ligue nationale, il avait amorcé un important voyage dans l'Ouest canadien avec un effort inégal qui s'était soldé par un échec de 4-1.

Trois jours plus tard, il n'a jamais été dans le coup contre une équipe déterminée qui l'a dominé physiquement en plus de le blanchir au tableau indicateur.

Un match contre les meneurs au classement général de la LNH avant de revenir à Montréal laissait donc peu de place à l'optimisme, mais c'est justement ce qu'on disait. Allez donc comprendre le Canadien.

Grâce à un début de match inspiré et malgré des pénalités à répétition qui sont passées bien près de gâcher un bel effort, le Tricolore a soutiré un gain de 3-2 sur la patinoire des dangereux Canucks de Vancouver, mardi soir.

L'accomplissement n'est pas mince. Depuis le début de la saison, seulement cinq équipes avaient réussi à battre les Canucks en temps réglementaire dans leur domicile. Sans compter que la formation montréalaise avait subi la défaite à ses huit visites précédentes dans la métropole de la Colombie-Britannique. La dernière victoire du CH à Vancouver remontait au 30 novembre 2000.

David Desharnais, Brian Gionta et Andrei Kostitsyn ont marqué pour le Canadien, qui a célébré la victoire pour une première fois en quatre matchs.

Henrik Sedin et Mikael Samuelsson ont répliqué, en avantage numérique, pour la troupe d'Alain Vigneault.

Carey Price est sûrement l'un des joueurs les plus heureux du dénouement de la soirée. Humilié l'année dernière alors qu'il avait accordé sept buts à son premier match professionnel dans sa province natale, le jeune cerbère a été d'une solidité exemplaire à son deuxième essai, réalisant un total de 37 arrêts.

Desharnais et Pouliot : une gloire éphémère

Cloués au banc à partir de la deuxième période, Benoît Pouliot et David Desharnais ont à peine passé cinq minutes sur la patinoire du Rogers Arena. C'est pourtant eux qui ont donné le ton à une première période complètement dominée par le Canadien.

À la septième minute du match, Pouliot a lancé une prière à son compagnon de trio, qui avait réussi à se faufiler derrière les défenseurs. Desharnais a franchi la ligne bleue des Canucks avec le champ libre devant lui et a filé en direction de Roberto Luongo, qu'il a forcé à ouvrir les jambières avant d'y glisser le disque pour inscrire son sixième but en 22 matchs.

Seulement 67 secondes plus tard, Brian Gionta est allé se mettre le nez dans le trafic pour récupérer un retour de tir de P.K. Subban, qu'il venait lui-même d'alimenter, et a doublé l'avance des siens. Scott Gomez, qui était réuni avec son vieux complice et Max Pacioretty, a récolté la 500e mention d'aide de sa carrière sur le jeu.

Peu de temps après avoir marqué, le capitaine du Canadien, qui n'avait qu'une aide à ses 31 matchs précédents, a offert une chance en or à Pacioretty, mais Luongo s'est étendu de tout son long et a étiré la jambière pour voler au jeunot son 11e de la saison.

C'est ensuite Michael Cammalleri qui s'est transformé en fabricant de jeux, tricotant habilement en zone des Canucks pour créer une occasion rêvée pour Jeff Halpern. Roman Hamrlik a lui aussi été volé par Luongo, qui a sorti sa mitaine pour réaliser un spectaculaire arrêt à ses dépens.

Un abonnement au cachot

Tout réussissait au Canadien jusqu'à ce qu'il commence à chatouiller sous le nez une bête qui dormait d'un sommeil profond.

Dans la deuxième portion du premier vingt, Hamrlik et Paul Mara ont écopé de pénalités qui ont permis aux Canucks de démarrer leur moteur. Et parce que ces premières fautes se sont avérées sans conséquence, leurs coéquipiers se sont peut-être dit qu'ils pourraient continuer de tenter le diable par la queue en deuxième.

Illogisme. Henrik Sedin a réduit l'avance du Canadien de moitié lors d'un avantage numérique à 3:27 de l'engagement médian. Le capitaine des Canucks a décoché un tir voilé parfait en se servant de l'écran créé par Ryan Kesler. Battu du côté du bloqueur, Carey Price avait causé son propre malheur en envoyant la rondelle dans les gradins sur une tentative de dégagement.

Pacioretty a écopé d'une pénalité moins d'une minute plus tard, mais cette fois Price a su tenir le fort devant les attaques des Canucks.

Le Canadien venait de franchir le milieu de la période avec un seul tir au tableau indicateur quand Kostitsyn est sorti de nulle part pour lui redonner une priorité de deux buts. Après avoir encaissé une mise en échec le long de la rampe, le 46 a laissé Lars Eller récupérer le disque et est allé se placer dans l'enclave, où il a accepté une passe qu'il a aussitôt fait passer entre les jambières de Luongo.

Il s'agissait d'un premier but en 13 matchs pour le Bélarussien.

Mais Pouliot et Halpern ont écopé de pénalités successives dans les deux dernières minutes de la période. La première faute est demeurée sans écho, mais la deuxième a rapporté un deuxième but aux Canucks. Au début de la troisième, Samuelsson a marqué son 17e quand son tir de la pointe a déjoué Price à sa droite.

Price s'est toutefois vengé plus tard avec un gros arrêt aux dépens du Suédois, l'un des douze qu'il a réussis au dernier tiers.