MONTRÉAL - Porteuse d'espoir au début, l'année 2011 a viré au cauchemar pour le Canadien, à compter d'octobre. Vivement 2012, même si ce qu'on voit sur le radar est annonciateur de plus fortes turbulences.

Vous savez que l'année a été toute sauf glorieuse quand deux de vos joueurs ayant le plus fait parler d'eux — Andrei Markov pour son genou et Scott Gomez pour son salaire — n'ont pas disputé un seul match, dans le premier cas, et n'ont obtenu que deux buts, dans l'autre.

L'absence de Markov, plus que l'inertie de Gomez, a provoqué une cascade d'événements qui a fait s'enliser le Tricolore.

Qui sait où l'équipe serait au classement si le défenseur russe avait pu amorcer la saison en santé? ou même s'il était revenu tôt dans la saison. Chez lui, Jacques Martin se pose sans doute la question.

Le directeur général Pierre Gauthier a misé gros en choisissant Markov plutôt que James Wisniewski (ou un autre). Le « Wiz » s'était avéré une bonne solution de rechange pour le jeu de puissance, après avoir été obtenu des Islanders de New York.

Markov, lui, avait été limité à 52 matchs au cours des deux saisons précédentes et il récupérait d'une deuxième opération au genou droit.

La décision de Gauthier de lui consentir un lucratif contrat de 17,25 millions de dollars US pour trois ans est venue le hanter plusieurs fois. Et pourrait, au final, lui coûter son poste.

Le mois de décembre a été particulièrement mouvementé pour le successeur de Bob Gainey.

Les trois derniers mois du CH ont été une tragi-comédie, un fiasco de relations publiques.

S'élever ensemble

Pourtant, on nourrissait de grandes ambitions en septembre, au tournoi de golf annuel de l'équipe.

Markov, la mise sous contrat de l'imposant ailier Erik Cole (quatre ans, 18 millions US), Carey Price, la progression des jeunes David Desharnais, Max Pacioretty, Lars Eller, P.K. Subban, et même le retour en force de Gomez, tout cela fait dire à Gauthier qu'on vise le premier tiers du classement de la ligue.

L'optimisme est de mise après être passé à un but de battre les éventuels champions de la Coupe Stanley, les Bruins de Boston, au premier tour des séries éliminatoires. On « s'éleverait ensemble », jeunes et vétérans, pour reprendre la thématique de la saison.

On a tôt fait de déchanter. Markov essuie un recul dans sa récupération, Gauthier engage Chris Campoli en catastrophe. Mais, comble de malchance, Campoli tombe au combat au premier match, à Toronto.

Sans « quart-arrière » en défense, l'équipe en arrache en supériorité numérique, en plus d'être affectée par les blessures, faut l'admettre. Elle connait une séquence de six défaites qui mène au congédiement, le 26 octobre, d'un des adjoints de Martin, Perry Pearn.

Cette première onde de choc relance quelque peu l'équipe, et on vit d'espoir avec Markov qui se rapproche enfin d'un retour au jeu.

Mais le château de cartes s'écroule de nouveau. Markov rechute, et pendant quelques heures on perd même sa trace en Californie. Le Canadien laisse savoir qu'il est allé rencontrer un médecin à Los Angeles. Le lendemain, Gauthier confirme qu'il doit être réopéré. Rien de grave, assure-t-il, en précisant que ça ne repousse son retour que de « trois ou quatre » semaines.

Or, trois semaines plus tard, on ne s'attend pas à ce qu'il renoue avec l'action avant plus d'un autre mois, soit vers le début de février, presque 14 mois après sa deuxième opération.

Afin de donner du pep à l'attaque massive, Gauthier procède à un échange de Tchèques, le 9 décembre, en faisant l'acquisition de Tomas Kaberle des Hurricanes de la Caroline, en retour de Jaroslav Spacek. Une transaction contestée parce que Kaberle, en plus de montrer des signes de ralentissement, en est à la première saison d'un contrat de 12,75 millions de dollars US pour trois ans.

Puis, au moment où on se dit que Martin va rester en selle, Gauthier annonce, le 15 décembre, qu'il le remplace sur une base intérimaire par un des adjoints Randy Cunneyworth et que Larry Carrière, son bras droit, secondera Cunneyworth.

La nomination d'un entraîneur unilingue anglophone, même temporaire, soulève un tollé de mécontentement au Québec. Le propriétaire Geoff Molson tente de dédramatiser la situation, en relevant le caractère intérimaire de la décision.

Pendant ce temps, les défaites s'accumulent et Gomez est à l'écart du jeu en raison d'une blessure à l'aine. Lui aussi a eu une rechute...

À glacer le sang

Pour revenir à la fin de saison 2010-11, elle a été marquée par l'incident Chara-Pacioretty, le 8 mars.

Au Centre Bell, la foule retient son souffle après avoir vu Max Pacioretty heurter violemment un montant de baie vitrée, près du banc des Bruins de Boston, après y avoir été poussé par le géant Zdeno Chara.

Une scène à glacer le sang que celle du jeune attaquant, inerte sur la glace, avec le docteur de l'équipe David Mulder qui accourt à son secours des gradins.

Pacioretty peut remercier le ciel de n'avoir pas été blessé plus grièvement (commotion cérébrale et une vertèbre fracturée).

La LNH ne suspend pas Chara et des dizaines d'amateurs en colère inondent de plaintes le Service de police de Montréal (SPVM). Plusieurs mois plus tard, le 17 novembre, on annonce qu'aucune poursuite criminelle n'est intentée contre le défenseur des Bruins.

Sans Pacioretty, qui connaissait de beaux moments, le Canadien s'essouffle. Mais il réagit bien face à l'adversité en terminant au sixième rang de l'Association Est, avec une fiche de 44-30-8 bonne pour 96 points.

Contre les Bruins en séries, le CH lutte vaillamment jusqu'à la fin. Il a fallu un but de Nathan Horton, en prolongation du septième match, pour mettre fin à sa saison.