Taylor et Damien Lapilus, frères de sang et de sueur chez TKO
TKO mardi, 21 mai 2019. 07:15 samedi, 14 déc. 2024. 00:57Juste avant que son ami Ciryl Gane défende son titre des poids lourds en finale du gala TKO48, vendredi à Gatineau, Taylor Lapilus tentera de s’emparer de celui appartenant à Nate Maness chez les poids coqs.
« Dans nos têtes, il n’y a pas de possibilités de rentrer en France sans la ceinture poids coq ou lourd », avance l’entraîneur des deux combattants français Fernand Lopez, chez MMA Factory. Taylor me l’a dit : il ne veut pas passer trois rounds. Il est déterminé à finir le combat avant la limite contre Maness, ce qui n’est pas une tâche facile. Il le sait, Maness est un gros morceau. Il ne veut pas aller en décision, il veut le mettre K.-O. ou faire une soumission. On ne contrôle pas le niveau de l’adversité, mais en tout cas, mentalement j’ai l’impression qu’on s’est préparé pour finaliser et donner le maximum de show. Aujourd’hui, les promoteurs s’en foutent qu’on gagne de manière passive, on veut aller à l’action, on veut que les gars donnent un show malgré la défaite. »
Lapilus (14-3-0) en sera à un deuxième combat chez TKO après avoir battu Josh Hill à ses débuts. Il refait ses classes après avoir été de passage dans l’UFC en 2015 et 2016. Une fois son contrat terminé, celui-ci n’a pas été renouvelé après avoir pourtant cumulé une fiche de trois gains (deux par décision unanime et un par K.-O. technique) et un revers par décision unanime contre Erik Perez. Par la suite, il a empoché la victoire à son unique combat de boxe professionnel avant de reprendre les AMM et d’éventuellement suivre son grand frère Damien (17-12-1) chez TKO.
« C’est la vie, c’est comme ça. Parfois on fait un travail et ça se passe bien, et à la fin de la journée, on se fait licencier. C’est les aléas de la vie », dit Taylor avec sagesse. « Il y a deux manières de réagir face à ça. On peut réagir comme un loser, rester au fond du gouffre, abandonner, baisser les bras. Ou bien on peut repartir de plus belle, découvrir de nouvelles choses, vivre de nouvelles aventures, faire confiance aux gens qui nous entourent, en l’occurrence mon frère, Fernand et toute mon équipe. C’est ce que j’ai fait. Je leur ai fait confiance, on est allés de l’avant et jusqu’ici ça nous réussit bien. L’UFC n’est pas une fin en soi. Il y a beaucoup de belles organisations et TKO en est une. Maintenant, l’UFC est l’organisation qui joue le plus de la lumière et de la notoriété, mais il n’y a pas que l’UFC. »
Vrai qu'il y a plusieurs opportunités ailleurs, mais évidemment que Taylor souhaiterait obtenir une deuxième chance à 27 ans. À ce sujet, Coach Lopez est constant dans sa vision des choses. Il n’est pas pressé avec Gane de passer au niveau supérieur et c’est pareil dans le cas du poids coq.
« Quand j’ai connu Taylor, il n’avait pas encore fait de très grands résultats, il combattait essentiellement au niveau national en France, mais je savais déjà qu’il avait un potentiel énorme, se souvient M. Lopez. J’aime dire à mes élèves que même si vous n’êtes pas encore dans l’UFC, vous avez le potentiel de faire quelque chose. Il a eu quand même un bon parcours dans l’UFC. Avoir trois victoires et une défaite dans l’UFC, pour moi c’est correct. »
Un duo qui se soutient
Chez TKO, le 24 mai, Taylor comptera à nouveau sur la présence de son frère Damien dans son coin. Il y a quelques semaines, les rôles étaient inversés quand l’aîné de 29 ans s’est incliné contre Charles Jourdain à Montréal. Ils sont habitués de gérer le stress des combats de l’un et de l’autre.
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« Des fois on a des dates de combats assez rapprochées et on ne peut pas être là l’un pour l’autre, mais tant qu’on le peut, on est toujours présent parce que c’est important pour nous, souligne Damien. Ça ne nous dérange pas si on doit se battre sur la même carte, on l’a déjà fait. On a eu du succès chaque fois qu’on l’a fait. C’est un sport qui nous lie déjà en tant que frères, mais c’est aussi un sport qui, contrairement à ce que les gens peuvent penser, n’est pas individuel. C’est vraiment un sport d’équipe. Vendredi soir prochain, quand Taylor sera dans la cage, on sera tous avec lui quand il va mettre un coup de poing, et pareil aussi avec Ciryl. »
Son adversaire, Maness, n’est pas champion depuis bien longtemps. Pour le devenir, il a vaincu Jesse Arnett en septembre. Le point culminant après une 10e victoire en autant de combats chez les professionnels. Taylor tentera donc d’être celui qui pourra enfin briser cette séquence. Depuis son dernier combat, le Français n'a pas chômé et il a franchi un cap important en méritant sa ceinture marron en jiu-jitsu brésilien.
« La carte du TKO en général, il faut être un magicien pour deviner qui va gagner, c’est complexe. J’ai la foi et je sais que mes élèves vont gagner. Mais si on me demande objectivement sur papier, Maness-Taylor ou Souza-Gane, c’est compliqué. Comme ce l’était pour Damien contre Charles Jourdain. C’était super serré et compliqué. On s’attend donc à un match difficile, mais encore une fois, Taylor est ultra motivé, il est très sûr de lui, il a fait ce qu’il fallait. Je peux vous dire que quand vous avez une ceinture marron d’Olivier Michailesco, un des meilleurs profs de jiu-jitsu brésilien en Europe, c’est que vous êtes vraiment bon au sol. Il a beaucoup évolué en boxe, c’est extraordinaire, sa préparation mentale avance très bien. Sur tous les aspects il est bien. »
Outre le résultat, Taylor veut aussi donner un spectacle et se démarquer.
« Je suis sûr qu’on s’est bien préparés mentalement et physiquement. J’ai de très bonnes sensations pour ce combat, que ce soit pour moi ou Ciryl. J’y vais vraiment dans l’optique de faire une performance. Je n’ai pas juste envie de gagner, j’ai vraiment envie de faire quelque chose de bien et que Stéphane (Patry) me donne une petite tape dans le dos à la fin du combat. Je veux donner un show au public et je vais faire en sorte que ça se produise. »
Dans tous les cas, MMA Factory voit une belle vitrine chez TKO, un partenaire de l’UFC avec un bon calibre et de la crédibilité. On essaie d'ailleurs d'inciter d'autres membres de l'équipe française à traverser l'Atlantique.
« Au-delà des sous, une organisation a besoin d’un label. Quelque chose qui fait qu’on ressent qu’il y a du sérieux. Quand tu fais partie de TKO, tu sais qu’il y a un système de contrôle du dopage qui va te protéger et des commissions sportives qu’on appelle des régies ici et qui vont te protéger. Il y a un certain label ici quand on voit le nombre de personnes qui sont passées de TKO vers l’UFC : on le voit avec les Georges St-Pierre, Sam Stout, Mark Hominick et d’autres gros noms. On voit dans d’autres endroits dans les pays de l’Est ou en Asie qu’il y a des organisations avec beaucoup d’argent mais il n’y a pas le même label et la même visibilité. »
En plus de Gane-Souza et Lapilus-Maness, un troisième combat de championnat sera présenté à Gatineau. Jade Masson-Wong et Mandy Böhm se battront pour la ceinture des mouches du côté féminin.