De tous les boxeurs québécois évoluant présentement chez les poids mi-lourds, Eleider Alvarez est probablement celui qui reçoit le moins de publicité.

Derrière Jean Pascal, Adonis Stevenson et maintenant Artur Beterbiev et Lucian Bute, le Montréalais d’origine colombien réussit difficilement à se distinguer.

Pourtant, Alvarez n’a pas des ambitions moindres et il aura l’occasion de le prouver samedi, alors qu’il affrontera le Sud-Africain Ryno Liebenberg à la Salle des étoiles de Monaco dans un combat pour la ceinture d’argent du WBC.

Ne s’étant battu que dans la métropole québécoise depuis le début de sa carrière professionnelle, Alvarez n’appréhende cependant pas l’idée de combattre en terrain hostile. C’est un rituel qu’il connaît plutôt bien, étant donné que la plupart des duels qu’il a disputés dans les rangs amateurs ont été présentés à l’étranger.

« J’ai eu de bons résultats à l’extérieur et j’ai même gagné des médailles d’or, d’argent et de bronze dans plusieurs compétitions, alors ça ne me dérange pas du tout, » mentionne Alvarez en marge d’un entraînement public tenu la semaine dernière.

« Les boxeurs en apprennent beaucoup à ce sujet dans les équipes nationales amateurs, ajoute son entraîneur Marc Ramsay. Ils savent comment contrôler l’environnement lorsqu’ils voyagent. C’est quelque chose qu’Eleider connaît et il n’est pas question de s’en servir comme excuse. »

Tout comme son protégé, Ramsay est loin d’être un néophyte dans ce type d’aventure, tant chez les amateurs que chez les professionnels. Pascal et Antonin Décarie sont au nombre de ses boxeurs qui ont vécu pareille expérience au cours des dernières années.

« Quand nous annonçons à Eleider qu’il se bat dans deux mois au Centre Bell, il sait déjà dans quel vestiaire il va être, il a une bonne idée de la marche vers le ring et de la réaction de la foule, énumère Ramsay. Il se retrouve immédiatement dans un territoire extrêmement rassurant.

« À notre arrivée à Monaco, l’idée sera d’aller chercher le plus d’éléments possible afin de n’avoir aucune surprise à notre sortie du vestiaire. Nous irons par exemple visiter le site de la compétition, et même dans un environnement hostile, il y a toujours moyen pour un boxeur d’utiliser l’énergie qui s’y dégage comme il le désire. »

« Supérieur à tous les niveaux »

Après avoir vaincu Nicholson Poulard pour enregistrer sa 8e victoire avant la limite en 12 combats, plusieurs ont déchanté en voyant Alvarez avoir besoin de 10 rounds pour venir successivement à bout d’Edison Miranda, Andrew Gardiner et Alexander Johnson depuis.

Alvarez a largement dominé les trois duels, mais ne semblait pas posséder l’instinct du tueur qui habite un boxeur comme Beterbiev. Sauf qu’il serait inapproprié de voir la situation comme telle.

« Le combat contre Miranda était particulier parce qu’il l’a pris très tôt dans sa carrière, rappelle Ramsay. Il avait à contrôler un adversaire qui avait une bonne réputation, mais il avait surtout une tonne de pression qui venait de la Colombie. Ça faisait beaucoup de choses à gérer. »

« Eleider n’a peut-être pas gagné par knock-out, mais il a sérieusement ébranlé ses trois adversaires, continue son promoteur Yvon Michel. Nous pensons qu’Eleider ne devait effectuer que quelques ajustements pour passer le knock-out à ses rivaux après les avoir ébranlés. »

L’entraîneur et le promoteur sont d’ailleurs convaincus que tout est maintenant en place pour que le médaillé d’or des Jeux panaméricains de 2007 réussisse un coup d’éclat contre son opposant sud-africain.

« Liebenger ne semble pas avoir de lacune, mais Eleider lui est supérieur à tous les niveaux, analyse Ramsay. Il est plus rapide, possède plus d’expérience chez les amateurs, frappe plus dur et a un meilleur comportement général dans le ring. Et nous n’avons pas qu’un plan en tête, alors nous serons en mesure de parer à toute éventualité. »

« Liebenberg n’a pas beaucoup de rounds au compteur, fait remarquer Michel. Il a montré de belles choses (à son dernier combat) contre Denis Grachev, mais ce dernier avait été appelé à la dernière minute et avec le décalage horaire et l’altitude, nous croyons qu’il a été désavantagé.

« Samedi, les choses seront égales, étant donné que les deux boxeurs auront eu à franchir la même distance pour se rendre à Monaco. Le combat sera intense et Eleider est très conscient de son importance. À vrai dire, je serais le premier surpris si ça se rendait à la limite. »