Jean Pascal a surpris tout le monde sauf lui
Boxe dimanche, 4 août 2019. 15:45 jeudi, 12 déc. 2024. 11:05Le rêve de Jean Pascal (34-6-1—20/K.-O.) est devenu réalité. Il a surpris tout le monde, surtout Marcus Browne (23-1-0—16/K.-O.) , en lui ravissant son titre intérimaire de la WBA des mi-lourds samedi soir, au Barclay’s Center de Brooklyn, dans un des meilleurs galas de boxe présentés cette année. Le seul qui n’a pas été surpris du résultat, c’est Jean Pascal.
C’est sur un coup de tête non intentionnel, qui a coupé l’œil gauche de Browne, que l’arbitre a mis un terme à la rencontre au huitième engagement sur les conseils du médecin.
Les trois combats présentés à la télé sur Fox ont été palpitants du commencement à la fin.
En lever de rideau, l’ex-victime de David Lemieux, Curtis Stevens a visité le tapis à trois occasions avant de finalement abdiquer devant Wale Omotoso pour de bon au troisième round.
Dans le match final de la soirée, Adam Kownacki et Chris Arreola ont établi un nouveau record de coups lancés (2,272) par des poids lourds dans un match de douze assauts.Finalement, c’est Kownacki qui a remporté la victoire par décision unanime.
Pascal a réussi à gagner de magistrale façon en envoyant son rival au tapis, pas une, ni deux, mais trois fois au cours du match que l’arbitre Gary Rosado a interrompu au huitième engagement.
65/65
Après sept rounds, le duel était égal 65/65. Browne a peut-être mieux boxé que Pascal, mais il s’est retrouvé au tapis au quatrième engagement. Dans le septième, Pascal a pris l’avantage et deux chutes au sol de l’Américain lui ont valu un compte de 10/7.
Dès le début du huitième engagement, il était évident que Browne n’était pas totalement remis de ses deux chutes au round précédent. Et Pascal en a profité pour prendre l’initiative jusqu’au coup de tête accidentel.
À cause de cette vilaine coupure à l’œil gauche de Browne, le match a été suspendu et on est allé à la décision des juges. Les trois officiels étaient tous d’accord, 75/74 pour Pascal.
C’est le septième round et les deux chutes au tapis de Browne, qui ont donné un regain de vie à Pascal. D’ailleurs, les juges lui ont accordé le huitième round ce qui lui a permis de triompher par décision technique par la marge d’un seul point.
C’était la première fois que Browne défendait son titre intérimaire de la WBA.
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Pascal aura 37 ans en octobre prochain, mais il a montré une résistance à toute épreuve. Il a encaissé tous les coups de son rival sans jamais broncher. C’est justement en se faisant attaquer que Pascal a répliqué avec un foudroyant crochet de la droite au quatrième et septième engagement. Pourtant, le Québécois n’a jamais été reconnu comme un cogneur redoutable.
La force physique
Pascal était bien préparé pour ce match. Il avait déclaré à la fin de son entrainement que Browne tenterait de le retenir dans les corps à corps et ensuite de se retirer rapidement pour esquiver sa réplique. C’est exactement ce qui est arrivé, sauf que Pascal a prouvé qu’il pouvait facilement rivaliser de force physique avec son rival.
Ironie du sort, Marcus Browne a été vaincu au même round que Steve Bossé, une victime au huitième engagement de Pascal il y a un an.
Je suppose qu’il nous surprendra encore une fois quand viendra le temps de remonter sur le ring. Si on se fie aux déclarations du champion des lourds, Deontay Wilder, qui agissait comme analyste du match, il devrait y avoir un combat revanche entre les deux hommes.
Que diriez-vous d’un défi à Artur Beterbiev si jamais ce dernier parvient vaincre Oleksandr Gvozdyk ? C’est possible… Pascal a raté sa chance contre Adonis Stevenson qui a toujours refusé de l’affronter, mais je ne crois pas que Beterbiev dirait non à une telle rencontre.
Déjà vu
Pascal a été sérieusement corrigé à deux occasions par Sergey Kovalev, le titulaire de la WBO. Il a perdu une décision contre Dmitry Bivol, le champion de la WBA tandis que Oleksandr Gvozdyk, le maitre de la WBC et Artur Beterbiev, le monarque de l’IBF seront impliqués dans un match d’unification le 18 octobre prochain.
Je n’ose même pas me prononcer sur l’identité de son prochain rival. Je ne serais aucunement surpris si Pascal accordait un match revanche à Marcus Browne. Ce qui semble certain, c’est que Pascal boxera à nouveau.
Connaissant Pascal comme un excellent négociateur, il saura bien trouver le bon rival.
Un autre qu’il faut féliciter, c’est l’entraineur de Pascal, Stéphan Larouche. Il avait très bien préparé son poulain qui a suivi son plan de match à la lettre, et en montrant un très bon menton qui a absorbé tous les coups de puissance de Browne. Cela fait du bien de voir un de nos entraineurs québécois connaitre du succès sur le plan mondial. Il faut bien l’admettre, on n’a pas été tellement choyé cette année. En février, Eleider Alvarez a remis son titre WBO à Sergey Kovalev et en juillet, Oscar Rivas a perdu la décision face à Dillian Whyte dans un match pour le titre intérimaire de la WBC des lourds.
On se souviendra qu’en septembre de l’an dernier, Larouche avait été chassé de l’entrainement des boxeurs d’Eye of the Tiger.
La fin pour Arréola
Quand j’ai vu monter Adam Kownacki (19-0-0—16/K.-O.) sur le ring, je croyais qu’il était le petit frère d’Andy Ruiz, le triple champion des lourds, tellement sa corpulence ressemble à celle du Mexicain d’origine.
Kownacki a réussi à vaincre le vétéran de 38 ans Chris Arreola (38-5-1-33/K.-O.) par décision unanime dans un match record, où les deux pugilistes n’ont pratiquement montré aucune défensive sauf leur nez et leur menton.
Le spectacle en valait la peine, mais je doute que le vainqueur devienne un jour champion du monde. Quant au perdant, il est évident qu’il est pratiquement rendu au bout du rouleau et de la façon dont il a parlé après la défaite, Arreola ne remontera plus sur un ring.
Kownacki lancé 1 047 coups et Arreola 1 125. Pour un total de 2 272 coups. L’ancienne marque de 1 730 coups appartenait jusque-là à Ike Ibeabuchi et David Tua.
En buchant à droite et à gauche les deux hommes sont parvenus à rester debout durant tout le combat.
Kownacki a déclaré après sa victoire, qu’il anticipait participer à un match de championnat en 2020. Je lui souhaite bonne chance, car si son rival avait été Deontay Wilder ou encore Andy Ruiz, il n’aurait jamais terminé le duel.
Offensivement, Kownacki est un boxeur passable, mais défensivement, il est pratiquement nul. Si Arreola a été capable de le cogner à volonté, imaginez ce qui serait survenu si l’adversaire avec été Wilder ou bien encore Luis Ortiz ?
Natif du Bronx, Kownacki en était à sa neuvième victoire au Centre Barclay’s. Il était déjà reconnu parmi les meilleurs aspirants dans la WBC, la WBA et l’IBF.
Dans l’ensemble, un bon gala de boxe, présenté sans qu’il nous en coute un cent.
Bonne boxe