MONTRÉAL – C’est une blessure au « bas du corps » qui a contraint Kim Clavel à renoncer à son combat de championnat du monde prévu le 17 décembre prochain au Centre Bell, dans le cadre d’un gala de Groupe Yvon Michel mettant aussi en vedette Artur Beterbiev et Marie-Ève Dicaire.

Utilisant un jargon en vogue dans l’amphithéâtre où elle devait se battre, la Montréalaise a dit qu’elle ne pouvait pas se permettre d’affronter la détentrice du titre des poids mi-mouches du WBC Yenenia Gomez sans avoir connu un camp d’entraînement à la hauteur de ses standards.

Clavel (14-0, 2 K.-O.) n’a pas voulu dévoiler davantage la nature du mal qui l’afflige, si ce n’est que c’est une blessure « chronique » qui l’incommode depuis quelques années, qu’une chirurgie ne sera pas nécessaire et qu’elle a ultimement besoin d’énormément de repos pour la soigner.

« J’aime mieux garder [les détails] confidentiels. Je n’ai pas envie d’en parler avec précisions, on ne sait jamais aux oreilles de qui ça peut aller, a mentionné Clavel en visioconférence vendredi. C’est une blessure qui doit être guérie puisqu’elle peut être très handicapante quand ça fait mal.

« Ça fait quatre ans que je ressens des trucs de temps en temps, mais j’avais réussi à bien la gérer jusque-là. Mais là, c’est mon corps qui m’a envoyé le signal d’arrêter. Depuis le début du camp, je n’ai jamais été en mesure d’atteindre le niveau qui était espéré pour ma préparation. »

« Depuis que je travaille avec Kim, on n’avait jamais annulé ou reporté un combat amateur ou professionnel en dix ans, a ajouté son entraîneuse Danielle Bouchard. Prendre cette décision a été difficile, mais il fallait la prendre. On sentait que [sa préparation] allait plus ou moins bien. »

« Ç’aurait été injuste que Kim ne soit pas à 100 pour cent pour le combat le plus important de sa carrière, a continué le promoteur Yvon Michel. Pour nous, ce n’est rien de dramatique. On va attendre que Kim soit rétablie. On va trouver une [nouvelle] date en février, mars ou avril. »

Même si Clavel paraissait relativement en paix avec sa décision, elle n’a cependant pas caché qu’elle a broyé du noir au cours des 48 heures dernières. C’est mercredi, journée où elle devait rencontrer les membres de la presse pour promouvoir son combat, que le diagnostic est tombé.

« J’ai le cœur brisé, mais je suis présentement dans ma phase de résilience, a avoué l’athlète âgée de 31 ans. J’ai trop d’éthique de travail et de professionnalisme pour ne pas me préparer en vue d’un combat. Je m’en allais dans un combat de championnat sans mes outils habituels.

« Je pensais beaucoup aux personnes autour de moi et c’est comme si je me mettais une pression supplémentaire sur les épaules. Je n’avais jamais annulé un combat et c’était une première d’avoir à gérer toutes ces émotions-là. Mais une fois que tu prends cette décision-là, tu réalises que les gens qui te supportent ne veulent que ton bien. J’ai eu beaucoup de peine et d’inquiétudes, mais finalement, c’est pour le mieux. Il n’y a jamais rien qui n’arrive pour rien. »

« Yvon a été très attentif à notre demande [d’annuler le combat], a enchaîné Bouchard. C’est ce qui fait la force de notre équipe : tout le monde se respecte. Nous allons suivre le processus de rééducation à la lettre et c’est en physiothérapie que le gros du travail va se faire. Nous nous donnons trois semaines pour guérir la blessure. Ça va également prendre beaucoup de repos. »

Plusieurs options sur la table

En boxe, il peut être assez compliqué d’obtenir un combat de championnat du monde et certains athlètes ont dû patienter pendant des années avant de voir leurs efforts récompensés.

Michel ne semblait cependant pas trop inquiet pour sa protégée, jugeant au contraire qu’elle aura de nombreuses options sur la table lorsqu’elle sera pleinement remise de sa blessure.

« Le WBC a déjà donné son accord pour sanctionner le combat à une date ultérieure, mais je devrai avoir certaines discussions avec le promoteur de Gomez, a précisé Michel. À la base, nous nous étions entendus pour un combat en finale d’un gala le 10 décembre à la Place Bell. Je crois que nous serons en mesure de nous entendre pour plus ou moins le même genre de contrat.

« C’est la question de frais d’entraînement dont il faudra discuter, ce que nous pouvons faire comme arrangement pour la dédommager. Il n’y a absolument rien qui nous oblige dans le contrat à le faire, mais nous voulons garder de bonnes relations, il faut faire quelque chose.

« Mais si Gomez finissait par aller dans une autre direction, nous pourrions le faire également. »

Première aspirante au WBC, Clavel est en effet aussi avantageusement classée à la WBA (3e) et à l’IBF (1re).

En bref

  • Groupe Yvon Michel a annoncé la conclusion d’une « entente à long terme » avec Éric Basran. Le Montréalais, qui a été champion canadien de boxe amateur chez les poids coqs en 2019, effectuera ses débuts chez les professionnels le 17 décembre prochain.
  • En plus de Basran, Yan Pellerin (12-1, 5 K.-O.), Steve Rolls (20-1, 11 K.-O.), Arthur Biyarslanov (8-0, 6 K.-O.), Brandon Moore (10-6, K.-O.), Mazlum Akdeniz (14-0, 7 K.-O.) et Troy Isley (3-0, 2 K.-).) combattront également en sous-carte lors de ce même gala.