Dès qu’il a été annoncé que Francisco Vargas et Orlando Salido allaient s’affronter le 4 juin au StubHub Center de Carson en Californie, les amateurs de boxe se sont assuré de s’en souvenir.

Vargas – contre Takashi Miura – et Salido – face à Terdsak Kokietgym – avaient été au cœur de duels mémorables au cours des deux dernières années et leur rencontre ne pouvait que l’être.

C’est d’ailleurs précisément ce qui est survenu pendant chacun des 12 rounds et c’est pourquoi le verdict nul majoritaire qu’ils se sont disputé est le combat de l’année en 2016, selon RDS.ca.

Vargas effectuait alors la deuxième défense de sa ceinture des poids super-plumes du WBC, tandis que Salido revenait d’une dure série de deux duels contre Roman Martinez où il avait d’abord été vaincu par décision unanime des juges avant de se contenter d’un nul partagé.

Les deux boxeurs n’ont même pas attendu la fin du premier round avant d’échanger coup pour coup, parvenant de part et d’autre à toucher la cible des frappes autant puissantes que précises.

Vargas a ensuite été atteint solidement par une droite au visage au troisième round, mais le champion a immédiatement répliqué avec une combinaison qui a comblé les partisans présents.

Le quatrième assaut a également donné droit à des échanges furieux, Salido y allant notamment d’un uppercut au prix d’un coup au corps. Et dire qu’il n’y a que le tiers du combat d’écoulé!

Le cinquième round a commencé de la même manière que les précédents, mais Vargas est coupé à l’œil gauche vraisemblablement par un coup de tête de Salido. Cela dit, le champion ne s’en est pas laissé imposer et a rapidement remis de la pression sur son adversaire au sixième assaut. Ce round est tellement compétitif qu’il a été choisi round de l’année en 2016 par RDS.ca.

Le manège s’est répété aux septième, huitième et neuvième rounds, les deux boxeurs s’échangeant l’avantage en prenant bien soin de ne jamais laisser l’autre prendre le large. Vargas a cependant été victime d’une coupure à l’œil droit au dixième, ce qui a éventuellement mené à l’intervention du médecin avant le commencement du douzième et dernier round.

Pour donner une autre perspective de l’immense intensité du choc, Vargas et Salido se sont échangés 1593 coups en puissance, un record pour chez les super-plumes. De ce nombre, 615 ont touché la cible, 3 de moins que la marque établie par Jesus Chavez et Juan Arias en 2001.

Même s’il a échappé le dernier round sur les cartes des trois juges, Vargas s’en tire avec un nul majoritaire (114-114, 114-114 et 113-115) qui lui permet de conserver son titre qu’il défendra contre son compatriote mexicain Miguel Berchelt le 28 janvier prochain à Indio en Californie.

Autres combats dignes de mention

Yoshihiro Kamegai contre Jesus Soto Karass I : Télédiffusé en finale d’un gala présenté sur une chaîne anonyme américaine, le combat entre Kamegai et Soto Karass s’annonçait comme un rendez-vous entre deux vétérans boxeurs rendus malheureusement à la croisée des chemins.

« L’aventure américaine » de Kamegai n’avait pas été couronnée de succès jusque-là avec des défaites devant Johan Perez, Robert Guerrero et Alfonso Gomez, tandis que Soto Karass avait perdu sept de ses onze dernières sorties et renouait avec l’action après deux ans d’absence.

Après un premier round tranquille, les deux boxeurs ont laissé aller leurs mains pour offrir un début de duel excitant. L’action a cependant commencé à ralentir à compter de la mi-combat, Kamegai se réfugiant derrière son jab pour contre Soto Karass qui attaquait en combinaisons.

Les juges n’ont finalement pas été en mesure de s’entendre sur l’identité du gagnant en rendant un verdict nul partagé (97-93, 95-95 et 94-96). Kamegai et Soto Karass ont remis cela plus tard dans l’année, mais le Japonais s’est facilement imposé par arrêt de l’arbitre au huitième round.

Keith Thurman contre Shawn Porter : Complices depuis les rangs amateurs, Thurman et Porter croisent le fer en juin après avoir d’abord prévu le faire mars, mais le champion des mi-moyens de la WBA avait dû déclarer forfait en raison d’une blessure subie lors d’un accident de voiture

Thurman est l’un des boxeurs les plus en vue de l’influent conseiller américain Al Haymon, mais cela ne signifie que la troisième défense de son titre sera aisée. Porter a déjà possédé la ceinture et a causé une surprise en battant Adrien Broner par décision unanime à son dernier combat.

Présenté à heure de grande écoute sur les ondes de CBS, le choc Thurman-Porter n’a pas déçu. Les deux boxeurs se sont en effet rapidement portés à l’attaque, au grand plaisir des amateurs. Si le champion a semblé avoir l’avantage au début, l’aspirant a ensuite réussi à réduire l’écart.

Résultat? Plusieurs rounds serrés et trois juges qui remettent des cartes identiques de 115-113 en faveur de Thurman. Si un combat revanche est souhaitable, ce ne sera pas pour tout de suite, car une unification est prévue avec le détenteur de la ceinture du WBC Danny Garcia le 4 mars.

Leo Santa Cruz contre Carl Frampton : Devenu champion unifié des super-coqs à la suite de sa victoire par décision partagée sur Scott Quigg quelques mois auparavant, Frampton passe chez les plumes pour y affronter le « super champion » de la WBA Santa Cruz en juillet à Brooklyn.

Ancien champion chez les coqs et les super-coqs, Santa Cruz a notamment battu Abner Mares et Kiko Martinez depuis qu’il évolue chez les plumes et il croit qu’un premier combat sur la côte est américaine lui permettra de gagner de nouveaux partisans. Tous s’attendent à un duel excitant.

Et quel choc de titans ce fut! Santa Cruz et Frampton ont échangé beaucoup de coups (1670), le Nord-Irlandais envoyant rapidement le Mexicain dans les câbles au deuxième round avec un crochet de gauche. Le champion a fini par s’ajuster, mais cela ne s’est pas fait au détriment du spectacle. Le 11e et avant-dernier round est à l’image du duel : c’est-à-dire une lutte sans merci.

Au moment de l’annonce du verdict, aucun des deux boxeurs n’est convaincu de l’avoir emporté et c’est finalement Frampton qui est déclaré vainqueur par décision majoritaire (117-111, 116-112 et 114-114). Le nouveau champion et Santa Cruz s’affronteront de nouveau, le 28 janvier prochain au MGM Grand de Las Vegas, et les attentes seront évidemment infiniment élevées.

Carlos Cuadras contre Roman Gonzalez : Depuis la retraite de Floyd Mayweather fils, Gonzalez est considéré comme le meilleur boxeur « livre pour livre » au monde et chacune de ses sorties retient l’attention. Contre Cuadras, il tente de devenir champion dans une quatrième catégorie.

« Chocolatito » a tellement été dominant à ses trois derniers combats face à Edgar Sosa, Brian Viloria et McWilliams Arroyo que le même scénario est anticipé contre Cuadras, étant donné que ce dernier n’est jamais passé proche d’affronter un adversaire du calibre de Gonzalez.

Eh bien non! Non seulement Cuadras est parvenu à encaisser les puissantes frappes de « Chocolatito », mais il a réussi à l’atteindre plus souvent qu’à son tour en étant extrêmement créatif. Sauf qu’un œil droit meurtri l’a ensuite incommodé à partir du neuvième round.

Gonzalez s’est finalement imposé par décision unanime (117-111, 116-112 et 115-113) pour devenir le premier boxeur nicaraguayen à être sacré dans une quatrième division différente, devançant ainsi son mentor Alexis Arguello, qui avait été champion à 126, 130 et 135 livres.

Dillian Whyte contre Dereck Chisora : Présenté en sous-carte du gala mettant en vedette le champion des lourds de l’IBF Anthony Joshua et Eric Molina, le duel Whyte-Chisora en était également un éliminatoire au titre des lourds du WBC détenu par l’Américain Deontay Wilder.

La conférence de presse d’avant-combat avait donné droit à des scènes disgracieuses et l’animosité palpable entre Whyte et Chisora s’est transportée dans le ring pendant 12 rounds. Le 5e assaut a été drôlement relevé alors que Whyte a été malmené avant de revenir en force.

Whyte a enregistré une très, très courte victoire par décision partagée (115-114, 115-113 et 114-115), sa quatrième de suite depuis qu’il s’est incliné devant Joshua en décembre 2015. Chisora a été battu par décision partagée pour la deuxième fois à ses trois derniers combats.