Bermane Stiverne, un Haïtien québécois qui aime les États-Unis
Boxe jeudi, 15 janv. 2015. 15:14 samedi, 14 déc. 2024. 15:54Un peu comme Elvis Gratton, Bermane Stiverne est un Haïtien québécois qui aime les États-Unis. Pas fou le champion qui s’apprête à défendre sa couronne WBC des poids lourds contre le darling américain Deontay Wilder. Stiverne n’est pas sans savoir que les Américains n’ont d’yeux que pour leur fils légitime, Deontay Wilder, qu’ils ont établi favori pour coiffer la couronne que détient Stiverne.
Comme à peu près vous tous, je suis d’avis que ce combat ne se rendra jamais à la limite de douze assauts. D’ailleurs, Wilder lui-même prétend que Stiverne ne verra jamais le quatrième assaut. Et cela se comprend puisque l’Américain n’a jamais dépassé le quatrième round au cours de sa carrière professionnelle.
Wilder est favori pour gagner et c’est normal. Il se bat chez lui et est encouragé par les siens qui n’ont pas connu de champion mondial depuis la conquête de Shannon Briggs sur Siarhei Liakhovich en 2006. Et ce dernier n’a pas fait long feu puisque sept mois plus tard, à la suite d’un revers par décision, il remettait sa couronne WBO à Sultan Ibragimov.
Les Américains ont faim. Ils veulent voir un des leurs couronné champion et ils misent sur Deontay Wilder. Mais a-t-il les qualités d’un champion? Peut-il vaincre Bermane Stiverne?
Sa fiche est impressionnante : 32 victoires, 32 K.-O. et il n’a jamais dépassé quatre rounds. Mais souvenons-nous que ce palmarès a été gonflé par de nombreuses victoires contre des boxeurs de second ordre.
Mais qui Wilder a-t-il vraiment battu? Personne excepté Malik Scott, un autre qui présentait une fiche impressionnante jusqu’à ce qu’il soit mis hors de combat dès le premier round par Wilder.
C’est un peu mieux du côté de Stiverne. Son fait d’armes demeure ses deux victoires contre le vétéran Chris Arreola qui lui ont permis de coiffer sa couronne WBC. Tout comme son rival, ses autres victimes laissent à désirer. Mais au moins, c’est mieux que Wilder.
En juillet 2007, à Bridgeport au Connecticut, Stiverne a perdu son seul combat en carrière. Il n’a jamais digéré cette défaite aux mains d’un certain Demetrice King, un pugiliste qui présentait alors une fiche de 11-15.
Pourtant, dès le premier round, une solide droite avait envoyé King au tapis. À la quatrième reprise, le monde s’est écroulé sous les pieds de Stiverne. Il a été ébranlé par une série de droites de la part de son rival, mais il retournait pourtant les coups quand soudainement l’arbitre s’est interposé et l’a déclaré perdant.
« Je n’étais pas blessé, avait-il souligné après le combat. J’aurais pu continuer. L’arbitre n’avait pas d’affaire à arrêter cet affrontement. »
Quelle est la différence entre les deux hommes?
Stiverne est un boxeur plus classique que Wilder, un géant de 6’ 6’’. C’est vrai que l’Américain possède une foudroyante main droite. D’ailleurs, c’est avec cette main qu’il a assommé la plupart de ses rivaux.
La portée de l’Américain est trois pouces plus longue que celle de Stiverne et il est plus grand que lui par quatre pouces.
Pour gagner, Stiverne devra se montrer patient dans les premiers instants du combat. Il lui faudra tenter d’amener son rival à dépasser quatre rounds. Mais pour cela, il lui faudra éviter les câbles, une stratégie qu’il a plusieurs fois utilisée dans le passé.
Wilder est le genre de boxeur qui fonce droit devant lui et Stiverne est un contre-attaquant de talent. Stiverne devra se méfier du long jab de Wilder.
Un fait demeure. Wilder n’a jamais affronté un rival de la classe de Stiverne, ce qui n’est pas le cas pour le champion.
Il faudra surveiller aussi la stratégie de chaque boxeur. En paroles, Wilder n’a aucun respect pour Stiverne. Les deux se sont insultés tout au long de leur camp d’entraînement. Mais sur un ring, les paroles ne comptent plus.
Et les juges…
Une chose est pratiquement certaine. Ce combat va se terminer par un K.-O. et les trois juges n’auront pas à se mettre sur la sellette si jamais ils devaient remettre une carte de pointage après douze assauts.
Les trois juges sont Adelaide Byrd, Craig Metcalfe et Jerry Roth. Roth est le doyen du groupe et il faut se rappeler que lors de la victoire de Stiverne sur Chris Arreola, il avait l’Américain en avance par 48-47 au moment de sa mise hors de combat.
Quant à Adelaide Byrd, une résidente de Las Vegas, elle officie à la boxe et en arts martiaux mixtes. Elle a été nommée en 1997 et a souvent été critiquée pour ses décisions différentes des autres. C’est elle qui n’accorde jamais de round de 10-10. Selon elle, il doit y avoir un gagnant à la fin de chaque reprise. Pour toute compétence, disons qu’elle est l’épouse de Robert Byrd, lui aussi juge et arbitre.
Quant à Craig Metcalfe, c’est un Canadien de Lethbridge en Alberta qui officie dans des combats importants depuis 2005. En décembre dernier, il avait rendu un score de 114-114 dans l’affrontement entre Timothy Bradley et Diego Chaves pendant que les deux autres juges avaient des comptes totalement différents. Burt Clements optait pour Bradley par 115-113 tandis que Julie Lederman y allait d’une marque de 116-112 pour Chaves.
Bob Arum se vide le coeur
À la suite de ce verdict nul entre Bradley et Chaves, le promoteur Bob Arum ne s’était pas gêné pour dire publiquement que Julie Lederman ne devrait plus jamais officié dans des combats à Las Vegas et que Craig Metcalfe était une vraie disgrâce pour la boxe.
Allons-y maintenant avec les prédictions... Personnellement, j’ai l’impression que Stiverne cogne aussi fort que Wilder et qu’il est un meilleur boxeur. S’il est capable de résister aux quatre premiers assauts en s’accrochant plus souvent qu’autrement tout comme l’avait fait Jean-François Bergeron face au géant Nikolay Valuev, il connaîtra du succès. Le spectacle sera peut-être moche mais une telle stratégie lui permettra d’amener Wilder dans un espace qu’il n’a jamais connu jusqu’ici en carrière.
En somme, c’est le premier qui atteindra la mâchoire de l’autre qui sortira victorieux. Or, c’est celui qui présentera la plus faible défensive qui se fera passer le K.-O. et jusqu’ici, Wilder n’a pratiquement jamais eu à utiliser sa stratégie de défense.
Je choisis Stiverne pour gagner et conserver sa couronne. La fin devrait arriver aux alentours du septième engagement.
Bonne boxe!