Interbox n'aurait pas pu donner une telle chance à Lucian Bute
Boxe mercredi, 12 août 2015. 22:26 jeudi, 12 déc. 2024. 03:34Vous l’avez sûrement remarqué, l’influence d’Interbox auprès de Lucian Bute a grandement diminué au cours des derniers mois. Mais Jean Bédard est probablement l’homme le plus heureux de la tournure des événements pour l’ancien champion du monde. Interbox est encore promoteur de Bute pour trois combats, incluant celui de samedi contre Andrea Di Luisa.
«Si Lucian a une bonne performance samedi, probablement qu'il ira en combat de championnat du monde. Je ne suis pas sûr qu'Interbox aurait pu faire ça pour Lucian Bute», affirme monsieur Bédard.
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Ce que l’organisation de l’homme d’affaires n’aurait pu faire pour Bute, c’est ce qu’accomplit présentement le conseiller de Bute, Al Haymon, qui est à la tête de l’empire PBC; offrir une bourse intéressante (dans les six chiffres) et un adversaire de qualité qui sera également bien payé, pour un combat de remise en forme qui ne fera pas courir les foules au Centre Bell samedi. «Nous n’avons pas la pression financière de remplir le Centre Bell pour payer une bonne bourse à Lucian, donc c’est une bonne chose» explique Jean Bédard. «Nous sommes très confortables. Al Haymon nous permet d’aller chercher une télé américaine (NBC Sports), d’avoir une date qui permet à Lucian d’obtenir un combat rapidement pour éventuellement avoir quelque chose de plus grand à l’automne. C’est la situation idéale pour nous.»
Monsieur Bédard se souvient avoir eu de la difficulté à créer des situations optimales pour le retour de deux de ses anciens champions, Éric Lucas et Adrian Diaconu, en raison du manque de ressources financières. Dans les deux cas, les retours n’avaient pas été réussis et l’aventure s’est terminée en queue de poisson. «C’est très difficile de ramener un boxeur dans des combats de préparation après qu’il eut touché de bonnes bourses, car les attentes financières sont difficiles. »
Cette semaine, Interbox se contente d’un rôle de promotion. «Notre équipe est mise à contribution dans la vente de billets et dans la commandite. Mais au niveau du choix de la date et de l’adversaire, nous n’avons pas été impliqués, mais nous n’avons pas la responsabilité financière et ça fait notre affaire.» Il n’y a donc moins de stress pour Interbox cette semaine, de même que pour Bute qui n’a pas besoin de vendre des billets pour augmenter sa bourse en conséquence. C’est une chance inouïe pour Bute, qui peut donc se concentrer sur sa boxe, ce qui est amplement suffisant! Pour lui, l’enjeu sera immense samedi. Une victoire pourrait le ramener en combat de championnat du monde, pour éventuellement peut-être retrouver sa ceinture IBF, et s’offrir ultimement une rédemption formidable après les terribles affronts des 3 dernières années.
Il y a donc beaucoup de « si». Le combat de samedi n’est une étape vers la rédemption, mais une étape de taille. On raconte que Bute utilise bien sa droite présentement, que Di Luisa, par son style européen, représente la cible idéale pour le célèbre uppercut au foie de Bute. Le gaucher québécois, entraîné par Howard et Otis Grant peut dire ce qu’il veut actuellement, il peut dire « qu’il est de retour », mais attendons de voir son comportement sur le ring le soir du combat.
Vers un Stevenson-Alvarez?
Le combat de demi-finale entre Eleider Alvarez et l’Argentin Isidro Ranonu Prieto est dans l’ombre du retour de Lucian Bute, mais sportivement parlant, ce combat est de loin le plus intéressant de la soirée.
Alvarez met en jeu son titre WBC d’Argent, dans ce combat de 12 rounds, face à un adversaire dont la fiche est effrayante, puisque 20 de ses 24 victoires ont été acquises par k.-o.
Rencontré mercredi après la conférence de presse, Alvarez trépignait à l’idée de remonter dans le ring du Centre Bell où il a des choses à prouver. Le boxeur d’origine colombienne n’avait pas laissé une bonne impression aux amateurs d’ici avec des victoires difficiles contre Edison Miranda, Andrew Gardiner et Alexander Johnson, mais il est revenu sur la bonne voie avec deux importantes victoires par k.-o. contre Ryno Liebenberg et Anatoliy Dudchenko.
«Alvarez a besoin d’un "statement" pour la télé américaine et il doit démontrer l’étendue de son talent», affirme son promoteur Yvon Michel.
Le président de GYM doit actuellement gérer trois boxeurs «élite» de la division des mi-lourds (les autres étant Adonis Stevenson et Artur Beterbiev), une division ou tout semble bloqué présentement avec les champions Stevenson et Sergey Kovalev qui se partagent les titres, sans chance de s’affronter directement. Devant cette situation, on pourrait comprendre Alvarez de s’impatienter.
«On a jasé beaucoup avec lui et son gérant Stéphane Lépine et il comprend» raconte Yvon Michel. «Il a eu des performances moins spectaculaires contre Andy Gardiner, et il s’est fait huer et les gens de HBO ne nous ont pas appelés pour avoir les services de Alvarez. Quand il s’est battu contre Johnson, il était blessé, et il ne nous a pas fait une grande performance. Il est arrivé à maturité avec une performance extraordinaire à Monaco et Chicago. Il comprend donc que lorsqu’il aurait du «performer», ce n’est pas arrivé alors que Beterbiev lui, a fait écarquiller les yeux chaque fois qu’il en a eu l’opportunité.»
Si Beterbiev tentera d’obtenir le titre IBF de Kovalev, c’est vers le WBC que se dirige Alvarez. Ce dernier pourrait bientôt obtenir une invitation pour un combat éliminatoire pour le poste d’aspirant no 1. Mais d’en arriver à un affrontement « fratricide» entre Alvarez et Stevenson, Yvon Michel veut que le boxeur d’origine colombienne obtienne des résultats qui vont faire saliver les amateurs de boxe de la planète entière. «Si on voulait opposer Eleider à Adonis on pourrait le faire sans qu’il soit nécessaire de passer par le combat éliminatoire. Mais on veut que lorsqu’ils s’affrontent, Eleider ait acquis une notoriété et qu’un combat Stevenson-Alvarez soit demandé par les gens et que les réseaux de télés, de façon à ce qu’on obtienne les ressources financières pour payer les boxeurs à leur juste valeur. Ce qu’Eleider a besoin, c’est se faire connaître, démontrer ses habiletés, et oui, ce serait un combat intéressant en 2016.»