MONTRÉAL - Mine de rien, personne n’a défendu le titre des poids mi-lourds du WBC autant de fois depuis Roy Jones fils entre la fin des années 1990 et le début des années 2000, et pourtant, le règne de champion d’Adonis Stevenson suscite davantage les railleries que l’admiration.

Alors qu’il s’apprête à effectuer la 7e défense de sa ceinture contre Thomas Williams fils le 29 juillet prochain au Centre Vidéotron de Québec, le boxeur québécois croit toujours que le temps lui donnera raison et que les gens finiront par se faire à l’idée qu’il est l’un des grands du sport.

« Tout le monde met l’accent [sur le champion unifié des mi-lourds Sergey] Kovalev, a déploré le gaucher après un entraînement tenu jeudi après-midi dans un gymnase de Montréal. On dit de mes adversaires qu’ils ne sont personne, mais quand ils affrontent quelqu’un d’autre, ils deviennent soudainement des tops. J’imagine que je vais avoir un jour la reconnaissance...

« Mais ça ne fait pas un pli. Après mes combats, c’est Premier Boxing Champions qui signe mes chèques. Tous mes adversaires ne sont [apparemment] pas de niveau, mais la télévision américaine achète tous mes combats. Si c’était si facile comme plusieurs personnes le prétendent, tout le monde le ferait. De toute façon, c’est mon gérant Al Haymon qui décide. »

Malgré tout, il est possible de sentir une certaine exaspération de la part de Stevenson (27-1, 22 K.-O.), qui a encore bon espoir d’obtenir un mégacombat contre Kovalev, même si Yvon Michel a récemment déclaré qu’il faudra de plus en plus se faire à l’idée que cela n’arrivera jamais.

« Après leur combat, Kovalev et Andre Ward n’auront pas le choix de m’affronter, a expliqué Stevenson. Al et moi sommes d’accord depuis longtemps à ce sujet, mais c’est le groupe de Kovalev qui s’est retiré du purse bid. C’est une affaire qui va finir par se régler. »

Stevenson est loin d’avoir été impressionné par la plus récente victoire du champion unifié des mi-lourds face à Isaac Chilemba. Kovalev l’a emporté par décision unanime des juges (118-109, 117-110 et 116-111) après avoir notamment envoyé son adversaire au plancher au 7e round.

« Le combat Kovalev-Chilemba: c'est une joke! »

« Ce combat-là était une joke, du gros n’importe quoi. Ç’avait l’air d’une séance de sparring, a analysé Stevenson. On aurait dit qu’il y a eu un arrangement, parce que les deux boxeurs sont représentés par le même promoteur [Main Events]. Kovalev n’a pas boxé à 100 pour cent. »

D’ici à ce qu’un hypothétique duel d’unification se concrétise, Stevenson devra affronter son aspirant obligatoire Eleider Alvarez, chose qu’il n’a pas faite depuis son gain sur Tony Bellew en novembre 2013 au Colisée Pepsi. Le champion ne semble pas plus enthousiaste qu’il ne le faut de se mesurer à Alvarez, jugeant qu’il n’a pas encore battu Chad Dawson. « On verra », a-t-il dit.

Williams sera nerveux

Inactif depuis sa victoire sur Tommy Karpency en septembre dernier à Toronto, Stevenson a profité des derniers mois pour effectuer beaucoup de travail en gymnase en compagnie de son entraîneur Javan « Sugar » Hill, s’attardant plus particulière à peaufiner sa technique de base.

« Le truc en boxe, c’est de ne pas être compliqué. C’est de travailler le jab, le direct, le crochet et l’uppercut, a énuméré le cogneur. J’ai également travaillé mon équilibre, ma vitesse et mes mouvements. J’ai fait plusieurs exercices pour garder mes réflexes, car c’est très important. »

Stevenson a assuré ne pas prendre Williams à la légère, même si l’Américain du Maryland disputera un premier combat de championnat du monde depuis le début de sa carrière.

« C’est certain qu’il va être nerveux. Je le sais parce que je suis déjà passé par là, a rappelé le Québécois. Il ne voudra pas faire d’erreurs, mais il va en faire parce que c’est dans sa nature de boxer large et de vouloir passer le knock-out à ses adversaires avec le premier coup de poing.

« C’est un boxeur qui aime se servir de son crochet de la gauche, mais ma droite va être plus rapide pour le contrer. Quand il lance son crochet, j’ai remarqué qu’il est souvent en déséquilibre et je ne crois pas que ce soit une bonne façon de m’avoir. Il va être excité... »

Chose certaine, tant et aussi longtemps qu’il continuera de battre ses adversaires comme il le fait depuis le début de son règne, Stevenson n’a pas l’intention de changer d’un iota pour faire plaisir à ses détracteurs. Tant qu’il sera au sommet, il s’attend à être continuellement une cible.