MONTRÉAL - Olivier Aubin-Mercier ne saura que samedi soir s’il a réussi à trouver les bonnes réponses aux questions qu’il se posait en janvier dernier, alors qu’il avait encore de travers sa défaite contre Diego Ferreira. En attendant, on ne peut lui reprocher de ne pas les avoir cherchées activement.

Constamment en quête des bons réglages à apporter à une carrière encore toute jeune, Aubin-Mercier a considérablement modifié ses méthodes d’entraînement au cours de l’hiver. « C’est important de regarder une défaite pour ce qu’elle est et de ne pas essayer de trouver des excuses, mais plutôt des raisons pour l’expliquer. Et c’est ce que j’ai fait », promet le sympathique combattant québécois.

Voici donc les trois résolutions d’Olivier Aubin-Mercier :

1. Plus de technique et moins de sparring

« Avant, je venais au gymnase et je me battais. Mon entraînement, c’était de me battre, explique le judoka de 27 ans. Je trouvais que je ne faisais pas assez de pad et de sac et j’ai décidé de mettre plus d’accent là-dessus. Je raffine davantage mes techniques debout et aussi au sol. »

Pour ce faire, Aubin-Mercier a consacré plus de temps qu’à l’habitude au Tristar au détriment du H2O, son lieu d’entraînement original où dirige son vieil ami Richard Ho.

« On travaille encore avec Richard, on est quand même ensemble, mais je mène un peu plus. Je surveille un peu plus », confirmait au collègue Benoît Beaudoin le maître du plus célèbre gymnase montréalais, Firas Zahabi, qui dit avoir confié son jeune poulain aux bons soins de Lévis Labrie, un ancien combattant qui fait partie de l’équipe d’entraîneurs du Tristar.

2. Des cobayes diversifiés

Aubin-Mercier a changé le contenu, mais aussi le contenant. Comment? En équilibrant un brin le choix de ses partenaires d’entraînement.

« J’allais toujours chercher les meilleurs. Et qu’on le veuille ou non, quand on pratique des nouvelles techniques sur des gars qui sont meilleurs que nous, ça ne fonctionne jamais! Alors j’ai commencé à faire du combat avec des personnes de moins haut niveau pour justement essayer les nouvelles choses que j’apprenais. Résultat : je suis maintenant capable de les faire sur les meilleurs, ces techniques-là. »

« Je pense que c’est vraiment important de s’entraîner avec les deux genres d’athlètes. Je restais aussi beaucoup avec les mêmes partenaires et j’ai vraiment essayé de diversifier ça », conclut le « Québec Kid ».

3. Moins de télévision

Qui est Thibault Gouti, le prochain adversaire d’Olivier Aubin-Mercier? Lui-même ne saurait pas trop vous le dire.

« Pour la première fois, je n’ai pas étudié mon adversaire, admet OAM. Ça ne me tentait pas. Ça ne me tentait pas d’avoir sa figure dans la tête pendant trois mois et demi. Je trouvais toujours ça weird de toute façon, mais je le faisais quand même et je devenais un peu obsédé. »

Aubin-Mercier peut vous énumérer quelques chiffres. Gouti a une fiche de 11-1. Son seul combat à l’UFC, une défaite, n’a duré que 24 secondes.

« Je n’ai pas essayé d’en savoir plus, j’ai laissé mes entraîneurs s’en occuper. Richard et Firas l’ont étudié, ils m’ont dit quoi faire et je pense que j’aime mieux ça comme ça. »

Histoires de pêche

Sans même mettre les gants, Aubin-Mercier a vécu une première depuis sa dernière sortie dans l’octogone. Ferreira, le Brésilien qui l’a battu par décision unanime, s’est fait suspendre après avoir rendu un test antidopage irrégulier alors qu’il se préparait à affronter son prochain adversaire, Abel Trujillo.

« J’ai trouvé ça fou parce qu’on entend souvent dire que 80 % des athlètes sont dopés et moi, je n’avais jamais eu de problèmes avec ça. C’est comme la première fois qu’un de mes adversaires teste positif! C’est sûr que c’est une petite surprise, mais pour moi, ça ne change rien. »

« Je suis d’avis que j’aurais quand même dû gagner, ajoute Aubin-Mercier. J’aurais dû trouver un moyen de gagner ce combat-là même s’il était dopé, ce que je n’ai pas réussi à faire. »

En juillet, il y aura un an que l’Agence antidopage américaine, l’USADA, gère le programme adopté par l’UFC. La perfection est loin d’avoir été atteinte, mais le fier Montarvillois en ses rangs croit que les effets de cette petite révolution dans le monde des sports de combat sont déjà visibles.

« Premièrement, des gars se font tester positif et deuxièmement, d’autres rapetissent à vue d’œil. Ça, pour nous, c’est encourageant. Mais je pense qu’il y a encore un peu de travail à faire et ça va venir avec le temps. Là, les athlètes commencent à avoir de plus en plus peur. Ça va juste faire du bien au sport. »

Aubin-Mercier affirme s’être prêté aux exigences des inspecteurs de l’USADA à deux reprises depuis sa défaite contre Ferreira.

« La première fois, ils sont arrivés chez nous et ça a duré trois heures. J’étais allé à la salle de bain dix minutes avant! C’était vraiment bizarre, on jasait de pêche. J’ai manqué mon entraînement pour ça. L’autre fois, c’était au gym. Je suis entré et quelqu’un m’a accueilli en me disant : "Salut! J’ai ta photo dans mon dossier". »

Thibault Gouti se sera-t-il prêté lui aussi au jeu? Aura-t-il trouvé une façon de contourner les règles ou sera-t-il parfaitement propre lorsque ses gants toucheront ceux de son rival québécois pour lancer les hostilités samedi à Ottawa? Aubin-Mercier croit que chaque seconde investie à se poser ces questions, peu importe l’adversaire qui se trouve devant lui, est une seconde perdue.

« On ne doit pas penser comme ça. Si on n’a pas de preuve, ça ne donne rien et ça ne va rien changer au combat de toute façon. Si tu es convaincu qu’il est dopé même si tout est en règle, tu te mets des bâtons dans les roues pour rien. Il faut rester neutre par rapport à ça », philosophe le jeune combattant.