QUÉBEC - Olivier Aubin-Mercier avançait derrière un regard stoïque vers la petite salle mal éclairée aménagée sous les gradins du Colisée Pepsi, une dizaine de minutes après avoir subi la première défaite de sa jeune carrière en arts martiaux mixtes.

Loin des acclamations sourdes d'une foule qui avait déjà passé à autre chose, le jeune homme de 25 ans semblait concentré à diriger le trafic dans une tête où les idées se livraient une intense séance de sparring. Tant de choses à dire, si peu de mots pour leur rendre justice.

Sa jovialité habituelle obscurcie par une forme de déception qui lui était jusqu'alors inconnue, Aubin-Mercier s'est tenu droit et a tenté d'expliquer, à mesure qu'il cherchait lui-même à comprendre, ce qui venait de se passer. Chad Laprise n'était pas parvenu à mettre son sens de l'humour K.-O., c'était au moins ça de gagné, mais le poids de la désillusion était néanmoins apparent.

Laprise a le meilleur

Physiquement vidé, le coeur meurtri, le kid a fini par craquer.

« C'est décevant. J'ai un peu honte de ma performance. Je vais revenir plus fort, mais pour l'instant c'est difficile », a-t-il conclu au bout d'un monologue d'une minute et demie, sa voix graduellement étouffée par les sanglots.

Même si rien ne le laissait paraître, Aubin-Mercier s'en était mis beaucoup sur les épaules depuis quelques semaines. Peu connu à l'extérieur du petit cercle des sports de combat québécois avant d'entrer dans l'engrenage du UFC, il a rapidement hérité d'une popularité davantage basée sur l'émotivité que sur la logique souvent implacable qui régit son sport.

En MMA, on réserve rarement un traitement de futur champion à un gars dont les adversaires précédents montrent une fiche combinée de huit victoires et onze revers.

« Les Québécois vont bien voir que ce n'est pas moi le prochain Georges », a-t-il lâché, presque soulagé.

Mais Aubin-Mercier demeure un espoir de grande qualité dans une organisation qui, poursuivant ses visées d'expansion, accroît sans cesse la profondeur de son effectif. Après tout, sa défaite lui a permis de doubler d'un seul coup l'étendue de son expérience en situation de combat dans un sport auquel il s'est initié, au niveau professionnel, il y a à peine trois ans.

« Il y a quand même des bons côtés à ce combat. Tout le monde disait qu'il était mille fois meilleur que moi debout et je pense que je lui ai donné une bonne opposition. Il avait l'avantage, c'est sûr, mais il avait aussi plus d'expérience. »

« Selon moi, je suis au niveau du UFC. Je regarde les gars autour et j'ai ma place. C'est une mauvaise défaite, c'est tout. »

Le plus célèbre représentant du gym H2O s'en va en vacances. Les dernières semaines de préparation ont été éprouvantes et il a maintenant besoin de se changer les idées. Il ira passer quelques semaines à New York avec sa copine et sa petite fille et prévoit se remettre à l'entraînement d'ici trois semaines. Mais pour le plaisir seulement.

« Je ne vais pas essayer de faire un combat le plus vite possible. Je suis quelqu'un de méthodique. Je vais essayer de m'améliorer avant de retourner dans la cage et vraiment prouver que je suis dans l'élite. »


Le retour du UFC à Montréal, prévu pour le mois de décembre, lui semble une date de retour idéale.

« Ça serait parfait pour moi. En espérant qu'ils vont me prendre sur cette carte-là. Pour l'instant, ça va être difficile de retourner dans ma famille et mon groupe d'amis en sachant que je les ai peut-être déçus, mais ça va vraiment me donner un petit coup de pied aux fesses pour prouver que je fais partie de cette ligue. »

« Absolument », a répondu le président du UFC, Dana White, lorsqu'on lui a demandé si la présence d'Aubin-Mercier au Centre Bell était envisageable. « Une défaite dans ces circonstances ne signifie pas que vous ne vous battrez jamais plus pour nous. »

Côté le lutteur

Lorsqu'il a été renvoyé sur les circuits locaux après sa défaite sans appel contre Tom Lawlor en 2010, Patrick Côté a compris qu'il devait se réinventer, que le prolongement de sa carrière passait par l'ajout de cordes à son arc.

Côté est encore capable de manger des coups. En fait, il en a reçu une quantité inquiétante depuis son retour au UFC. Selon Fightmetric, Côté en encaissé 50 coups significatifs dans sa victoire contre Kyle Noke. C'est beaucoup, mais c'est 33 de moins que ce qu'il avait avalé lors de son violent triomphe contre Bobby Voelker à sa sortie précédente.

Côté défait Noke

À ses quatre derniers combats, soit depuis que le UFC lui a ouvert de nouveau ses portes, Côté a été atteint de 212 coups. À ses douze apparitions précédentes sous la même bannière, il avait été touché 269 fois. Faites la moyenne.

Mais contre Noke, Côté a été sauvé par sa lutte. Elle lui a permis de dicter l'allure du combat et de contrôler son adversaire au sol, où il a fait le plus gros du dommage qui aurait difficilement pu échapper aux yeux des juges.

Mercredi soir, Côté a été crédité de trois amenées au sol, du jamais-vu dans sa carrière au UFC.

« Je pense que ce soir, j'ai montré que j'étais vraiment un combattant d'arts martiaux mixtes plus complet. J'ai montré de belles qualités au niveau de ma lutte. Non seulement j'ai amené le combat au sol, mais je ne m'y suis pas fait amener et c'est moi qui était en contrôle. J'ai travaillé constamment, je n'ai pas eu de moments morts. Je savais que j'avais des faiblesses à travailler, je l'ai fait. Ce soir, j'ai prouvé que j'avais fait mes devoirs. »

Réintégré au UFC comme remplaçant de dernière minute il y a deux ans, puis déclaré vainqueur à la suite d'une disqualification controversée à son combat suivant, Côté semble maintenant en position plus confortable que jamais depuis son retour dans les grandes ligues. Sa place à l'arrière de la division des mi-moyens est maintenant bien établie, même si le groupe de tête ne sera probablement jamais à sa portée.

« Au-dessus de la moyenne »

On a finalement annoncé une foule de 5029 spectateurs pour ce premier passage du UFC dans la ville de Québec. Les gradins étaient presque vides en fin d'après-midi pour les premiers combats d'une carte qui s'est éventuellement avérée d'une grande qualité, mais l'atmosphère qui régnait dans le vieil amphithéâtre au début de la carte principale trahissait le faible engouement suscité par l'événement.

« Pour une finale de The Ultimate Fighter, c'est en fait une réponse au-dessus de la moyenne », s'est empressé de signaler Dana White, avec des chiffres spécifiquement colligés pour appuyer ses dires.

« J'aimerais beaucoup revenir, mais peut-être pas un mercredi soir », a répondu le président lorsque questionné sur les chances de le revoir dans la capitale.

Dustin Poirier et Akira Corassani ont enlevé le bonus du « combat de la soirée ». Ryan Jimmo et K.J. Noons, grâce à de percutants K.-O., ont hérité des « performances de la soirée ».

En plus du lucratif contrat d'entrée au UFC que lui a valu sa victoire contre Olivier Aubin-Mercier, Chad Laprise a appris qu'il touchait deux chèques de 50 000$ pour ses performances réalisées lors du tournage de TUF Nations