SPA-FRANCORCHAMPS - Le très long feuilleton de la Scuderia Ferrari en Formule 1 va passer le cap du 900e épisode depuis la création du Championnat du monde en 1950, dimanche lors du Grand Prix de Belgique sur le circuit de Spa-Francorchamps.

Aucune marque n'a fait preuve d'une telle longévité dans la catégorie-reine du sport automobile. Le palmarès est à la hauteur de l'investissement consenti depuis 65 ans par le « Commendatore » Enzo Ferrari d'abord, puis par ses successeurs à Maranello, le fief du constructeur italien de voitures de sport.

De 1952 (Alberto Ascari) à Kimi Räikkönen (2007), il y a eu 15 titres mondiaux des pilotes, dont un tiers obtenu par le Baron Rouge, alias Michael Schumacher, de 2000 à 2004. De 1961 à 2008, il y a eu 16 titres des constructeurs, puis la série s'est arrêtée, malgré le recrutement de Fernando Alonso qui, de 2010 à 2014, n'a jamais réussi à atteindre son Graal, un sacre chez Ferrari.

Le GP de Belgique, dimanche à Spa-Francorchamps, sera un moment important de l'histoire de Ferrari, et pas seulement pour les amateurs de statistiques. Sebastian Vettel a remporté en Hongrie, le mois dernier, le 223e GP de la Scuderia. C'est le record absolu en F1 et d'autres trophées vont forcément rejoindre la vitrine d'ici la fin de la saison 2015.

Car Mercedes n'est pas invincible, et Ferrari est en train de remonter la pente, comme souvent pendant son histoire contrastée depuis les années 50. Le PDG du groupe Fiat-Chrysler, Sergio Marchionne, a sorti le carnet de chèques : il sait que les chiffres de ventes de coupés sportifs sont intimement liés aux résultats de la Scuderia en F1, depuis la nuit des temps. Il n'a pas l'habitude de jeter l'argent par les fenêtres, donc tout redevient possible à Maranello.

Des hommes nouveaux sont arrivés cet hiver dans les bureaux et les ateliers de la Scuderia, à commencer par Vettel, en quête d'un nouveau défi après quatre titres mondiaux chez Red Bull. Attendu comme le messie, il n'a pas tardé à tenir ses promesses: déjà deux victoires, en Malaisie et en Hongrie, et une troisième place au Championnat du monde, derrière le duo de pilotes des « Flèches d'Argent ».

Cotation imminente à Wall Street

L'un des projets de Marchionne en cours est de faire coter Ferrari à la Bourse de New York, indépendamment du groupe Fiat-Chrysler, sur un marché où les voitures rouges se vendent comme des petits pains. La demande officielle d'inscription au New York stock exchange (NYSE) date du 23 juillet, juste avant la victoire de Vettel en Hongrie. Et le prochain étage de la fusée est en route: l'écurie américaine Haas débutera en F1 l'an prochain avec des monoplaces « made in USA » équipées de moteurs italiens.

Marchionne le Canadien ressemble à un pape en col roulé, mais il n'a rien d'un enfant de choeur et sait où il va. Il a placé Maurizio Arrivabene à la tête de la gestion sportive de Ferrari, pour expédier les affaires courantes du paddock, et il tire toutes les ficelles, suggère un journaliste italien. Notamment quand il rencontre dans le plus grand secret Bernie Ecclestone, le grand argentier de la F1, et les responsables de Mercedes-AMG, pour fixer les grandes lignes de l'avenir de la F1.

C'est grâce à son statut historique, à ces centaines de GP disputés, que la Scuderia a droit à des revenus supplémentaires chaque année, de la part de Formula One Management (FOM). C'est grâce à son image très puissante qu'elle continue d'attirer les sponsors du monde entier, une vingtaine cette saison, dont les Chinois de Weichai, les Suisses de Hublot, les Néerlandais de Shell et les Russes de Kaspersky.

Ecclestone sait que la F1 sans Ferrari ne serait plus vraiment la F1. Marchionne sait que Ferrari a besoin de la F1 pour continuer à exister et se développer. C'est donc un accord gagnant-gagnant, qui va durer au moins jusqu'au 1000e GP de la Scuderia, en 2020. Au terme du contrat actuel, qui sera probablement renouvelé...