Nico doit le faire!

À savoir faire mieux que son coéquipier Lewis Hamilton dès ce week-end en Malaisie, pour mettre fin à la lancée du Britannique et nous donner l’espoir d’un duel au sommet comme nous en avons connu un l’an passé.

Oui Hamilton est sur une lancée. Il vient d’aligner sept victoires en huit courses. À Melbourne, en ouverture de saison, il a dominé son coéquipier de manière indéniable.

Par 0,594s en qualifications.

Par un écart se maintenant aux alentours de 2 secondes en course. Jamais Rosberg ne fut en mesure de s’approcher à moins d’une seconde de Hamilton et ainsi avoir la possibilité d’utiliser le DRS (système de réduction de traînée, soit l’aileron arrière entrouvert en ligne droite pour favoriser un dépassement).

La question se pose : Hamilton vient-il de porter un coup irrémédiable à la confiance de Rosberg, ou s’agit-il seulement d’une meilleure prestation dans ce qui n’est que la première d’une (longue) série de 19 courses.

Rosberg doit réagir rapidement pour empêcher Hamilton d’enfoncer le clou.

Des raisons d’y croire

Rosberg doit se rappeler ses bons moments de 2014. Surtout sa performance en qualification : 11 positions de tête contre 7 pour son coéquipier, ce qui a beaucoup surpris.

Il doit se rappeler qu’il a été dans la course au titre jusqu’au dernier Grand Prix de la saison.

Il est capable d’être un mauvais garçon et de jouer dans la tête de son coéquipier.

En qualifications à Monaco l’an passé, il rate (délibérément? le saura-t-on jamais?) un virage et cause un drapeau jaune qui empêche Hamilton de tenter d’améliorer son chrono pour aller chercher la position de tête.

En Belgique, il insiste sur un dépassement hasardeux et crève le pneu arrière de la Mercedes de son coéquipier.

Après la dernière saison, Rosberg a analysé ses faiblesses. Il s’est trouvé trop attentiste, particulièrement avec les pneus. Il donne l’exemple du Brésil, où il a laissé filer une avance de sept secondes parce qu’il voulait trop préserver ses pneus. Il a révisé toute la technique avec ses ingénieurs.

Il a fait le vide dans sa tête, en évitant de ressasser la saison 2014. Il se prépare à devenir papa pour la première fois.

Il a accentué sa préparation. L’Allemand a déclaré avoir travaillé, notamment, sur sa respiration au volant de sa voiture, expliquant que les pilotes respirent mal en virage en raison des forces centrifuges. Il espère ainsi être en meilleure forme en fin de course.

Des raisons de ne pas y croire

À l’inverse de leur confrontation en qualification, Rosberg a souffert en course face à Hamilton : 5 victoires contre 11. Souvent faciles.

Australie : Hamilton (position de tête) a des ennuis de moteur dès le départ;

Monaco : Rosberg (position de tête controversée) roule en tête sur une piste où il est difficile de dépasser et Hamilton se plaint de la stratégie de l’écurie;

Autriche : Hamilton gaffe en qualifications et part 9e ;

Allemagne : Hamilton part 20e en raison d’une sortie de piste sur bris de frein en Q1;

Brésil : une superbe performance en roulant en tête de bout en bout.

Un constat est particulièrement douloureux : Rosberg n’a jamais dépassé son coéquipier en piste.

À l’inverse, Lewis a réussi à deux reprises une manoeuvre de dépassement sur Nico (Japon et États-Unis). Et deux fois (Italie et Russie) Rosberg a fait don de la première place à Hamilton en commettant une erreur.

Que s’est-il passé à Melbourne?

En qualifications, Hamilton a été impérial. Dans des conditions délicates (petites bourrasques de vent dans certains virages), il a pu exploiter la qualité de son contrôle de la voiture pour signer deux fois un chrono suffisant pour la position de tête.

Pendant ce temps, Rosberg, qui a commis une bourde lors de son premier tour lancé, cherchait les bons réglages. « Rien de fondamental, simplement une question de peaufiner les réglages, de tout perfectionner. L’explication, c’est que Lewis a fait un travail incroyable, alors que je n’ai pas réussi un tour parfait. »

En course, Hamilton a facilement maintenu une avance de 2 secondes sur son coéquipier. Lorsque Rosberg a effectué une ultime charge, ce fut pour se rendre compte que son coéquipier avait utilisé moins d’essence et qu’il pouvait facilement se redonner une avance. L’Allemand n’a pu que déclarer : « il a piloté comme un champion aujourd’hui. Je n’ai jamais été en mesure de me rapprocher et de tenter quelque chose ».

Déclaration d’un gars résigné? Déclaration d’un gars solide mentalement et convaincu que cela va mieux se passer la prochaine fois?

Rosberg devra redresser la barre en Malaisie en fin de semaine.

Et à l’issue de la saison 2015, nous aurons la réponse à ces questions :

Rosberg a-t-il la carrure d’un champion?

Ou passera-t-il à l’histoire comme un FelipeMassa ou un Mark Webber, deux pilotes qui ont laissé filer la seule occasion qu’ils ont eu en carrière de remporter le titre mondial?

La bagarre derrière

Melbourne est un circuit atypique.

Nous aurons une meilleure idée des forces en présence sur le circuit de Sepang. Qui de Ferrari ou Williams va se positionner comme le meilleur deuxième?

Et puis va commencer la lutte au développement que vont se livrer tant les ingénieurs des écuries que les motoristes.

Finalement une pensée pour Fernando Alonso. Dans quel état d’esprit va-t-il entamer sa saison, après avoir vu son remplaçant chez Ferrari, Sebastian Vettel, terminer 3e à Melbourne, tandis que son nouveau coéquipier Jenson Button se classait bon dernier à deux tours avec la McLaren-Honda…